Prévue pour démarrer ses activités à partir de juillet à octobre 2014, la Société de transformation de fruits et légumes (STFL), basée à Loumbila, est déjà confrontée à d’énormes difficultés que les travailleurs, à travers la Confédération syndicale burkinabè (CSB), ont tenu à dénoncer le mercredi 9 octobre 2013 au cours d’une conférence de presse : 60 des 78 agents de la société seraient menacés de licenciements pour «problèmes économiques» selon la nouvelle DG.
«Ce jour là, elle nous a demandé de nous réunir, qu’elle souhaite nous parler. Lorsqu’à l’heure indiquée elle arriva, elle nous a fait savoir que ce n’est pas la peine de nous asseoir, qu’elle ne sera pas longue. Identifiant 46 personnes, elle a simplement dit : «je suis obligée de me séparer de vous. Dès ce soir vous pourrez libérer les lieux. Il n'y a plus d’argent pour vous payer. Revenez dans 8 à 9 mois pour vos droits».
A l’endroit du reste du personnel, elle ajouta : «Que ceux qui veulent rester restent mais qu’ils sachent qu’il n y a pas d’argent pour les payer encore» ; c'est avec mots que retrace, avec amertume, Annick Elodie Poda, déléguée du personnel de la STFL, le scénario de leur licenciement par leur nouvelle directrice générale (DG), Kadidiatou Haïdara Boyarm.
Cet acte, qualifié d’abusif par elle et ses collègues, qu'ils l’ont dénoncé sous le couvert de la Confédération syndicale burkinabè (CSB) le mercredi 9 octobre à la Bourse du travail. Selon en effet le Secrétaire général confédéral chargé des normes et des actions socioprofessionnelles, Boureima Bamba, c’est seulement 6 jours après sa prise de fonction, soit le 19 septembre 2013, que la nouvelle directrice a annoncé cette séparation d’avec les 46 agents, parmi lesquels 5 délégués du personnel, «prétextant qu’elle en avait reçu instruction du secrétaire général du ministère (Ndlr : le ministère du Commerce), eu égard aux problèmes économiques de l’entreprise».
Par la suite, le nombre des victimes n’a fait qu'augmenter et aujourd’hui 60 des 78 agents de la STFL sont dans le collimateur de madame la DG. Après avoir touché leur syndicat, l’inspection du travail ainsi que le ministère du Commerce pour approcher la directrice en vue de comprendre le fondement réel d’une telle fatwa et même solliciter un audit, le personnel a laissé entendre que toutes ces tentatives sont restées vaines. Alors, «comment une usine prévue pour entrer en fonctionnement bientôt prend l’initiative de se séparer de ses travailleurs, qu’elle a embauchés il y a 2 à 4 ans ? Comment comprendre qu’un personnel formé par une entreprise, à ses frais, soit ainsi licencié ? Comment comprendre qu’en l’absence d’audits (financier et du personnel), madame la directrice ait pu, en six jours, établir la liste des travailleurs à licencier pour motif économique pendant qu’elle continue de recevoir des demandes d’embauche ? Comment…Comment et… comment ?», sont donc autant de questions que les victimes se posent encore sans pour autant y trouver des réponses.
Criant à l’injustice et prenant à témoin l’opinion publique nationale et internationale, les animateurs de la conférence de presse, qui ont confié être disposés à toute négociation, ont aussi martelé qu’ils étaient prêts à la bataille pour la défense de leurs droits et intérêts et «ne reculerons devant aucune intimidation».
Alima Koanda
Encadré
Selon les confidences des agents, rien qu’au cours de cette année 2013, il a été mis à la disposition de STFL par le ministère de l’Economie et des Finances 992 247 000 FCFA dont 250 000 000 pour les dépenses de personnel. Il va sans dire donc que le manque de ressources financières ne saurait être évoqué pour justifier des licenciements d’aussi grande ampleur ; malheureusement, nos tentatives pour entendre le son de cloche de l’incriminée sur l’affaire n’ont pas abouti jusqu’au moment où nous mettions sous presse, mais peut-être que suite à cette parution, elle voudra bien se prononcer, cela, pour plus de précisions et d’équilibre de l’information. Affaire à suivre donc !