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Cybercriminalité au Burkina : « La BCLCC enregistre près de 3 000 plaintes annuellement », Aimé Guisrima Ouédraogo, service Communication

Publié le mardi 25 juin 2024  |  Sidwaya
Aimé
© Autre presse par DR
Aimé Guisrima Ouédraogo, du service de la communication de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC)
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Au Burkina, la cybercriminalité prend de plus en plus de l’ampleur. De nombreux citoyens sont victimes des cyber délinquants qui utilisent les Technologies de l’information et de la communication (TIC) à des fins malsaines…

Le lundi 24 juin 2024, Sidwaya a échangé avec Aimé Guisrima Ouédraogo, du service de la communication de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC), sur le phénomène.

(S) : Présentez-nous la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) ?

A.G.O. : La Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) a été créée le 14 février 2020 à la suite de plusieurs C’est au regard de la reconnaissance des infractions en matière informatique et celles facilitées par les Technologies de l’information et la communication (TIC) que l’Etat burkinabè a jugé opportun de créer notre institution dont la mission phare est de lutter contre tous les actes de cybercriminels au Burkina, à savoir toutes les infractions liées à l’informatique et celles facilitées par les TIC.

Notre brigade est organisée autour de trois grandes divisions. La première est la division des enquêtes qui est chargée de mener les investigations, rechercher les auteurs des infractions, les interpeller, les auditionner et les traduire devant les juridictions afin que les auteurs répondent de leurs actes. La deuxième est un laboratoire criminalistique numérique et de veille technologique qui est le bras technique de la BCLCC dont la mission est d’extraire tous les contenus dans les téléphones portables, les ordinateurs portables pour épauler la première division dans le cadre des enquêtes.

La troisième est la division des statistiques de la communication et la collaboration policière. Elle a pour mission de communiquer sur les infractions en matière de l’informatique et celles facilitées par les TIC et d’établir les statistiques en lien avec les actes de cybercriminalité au Burkina. Cela pour informer les autorités afin que s’il y a des situations, que des mesures soient prises pour contrer certaines attaques ou certaines manifestations de la cybercriminalité. La brigade emploie un personnel mixte composé de gendarmes et policiers.

S : Quels sont vos domaines de compétence ?

A.G.O. : En ce qui concerne notre domaine de compétence, la BCLCC enquête sur les infractions purement informatiques et celles facilitées par les TIC.

S: Quels sont les tests législatifs qui encadrent les activités de la BCLCC ?

A.G.O. : La BCLCC a été créée par un décret. Nous avons aussi le Code pénal qui régit toutes les infractions. Nous avons également une stratégie nationale de lutte contre la cybercriminalité qui est en cours d’élaboration qui sera assortie d’un plan d’action sur une période qui va prendre en compte même la question de l’assèchement des sources du terrorisme.

S : N’y a-t-il pas de conflits de compétences entre la Commission de l’informatique et des libertés (CIL) et vous ?

A.G.O. : Non. Il n’y a pas de conflits d’intérêts entre la CIL et la BCLCC. Je disais tantôt que la Brigade a pour domaine préférentiel la lutte contre les actes de cybercriminels au Burkina, par contre quand vous prenez la CIL, elle est une institution qui a à sa charge la protection des données à caractère personnel. Alors que notre structure fait la prévention et la répression. Nous faisons la prévention dans le sens de sensibiliser, de former les usagers quant à l’usage des TIC. Par contre, la CIL est dans la protection des données à caractère personnel. Elle peut également prendre ce qu’on appelle des sanctions administratives lorsque des données à caractère personnel sont divulguées ne respectant pas la législation.

S : Qui peut vous saisir ?

A.G.O. : Tout citoyen burkinabè peut nous saisir. Nous sommes liés à une direction centrale qui est sous la tutelle du ministère de la Sécurité. Toute personne qui est lésée dans ses droits en rapport avec la TIC peut nous saisir.

S : Vous arrive-t-il de vous auto saisir d’un dossier ?

A.G.O. : Oui. Il y a des infractions pour lesquelles, la BCLCC peut s’auto saisir. Nous avons eu à traiter des cas où la brigade s’est auto saisie en interpellant pour auditionner et en déférant l’auteur de l’infraction en question.

S : Généralement quels sont les différents motifs pour lesquels les citoyens vous font recours ?

A.G.O. : Les types de plaintes que nous enregistrons sont les escroqueries via les TIC, le harcèlement ou encore le cyber harcèlement, l’abus de confiance, l’approbation frauduleuse. Il y a aussi des tentatives d’escroquerie, les menaces via les TIC, le chantage à la webcam, les accès illégaux aux comptes dans la situation d’identité, les atteintes à l’honneur, à la considération des personnes et à la vie privée d’autorités. Enfin, nous avons ce qu’on appelle le vol du numéraire.

S : Ces temps-ci, des fake news inondent la toile. Que faites-vous pour y faire face ?

A.G.O. : Il est important qu’on définisse ce qu’est une fake news. Il faut noter qu’au sens de la loi, une fake news désigne toute allégation ou imputation inexacte ou trompeuse d’un fait. Tout simplement pour mieux saisir le sens, il est important qu’on les scinde en trois catégories. La première catégorie est celle qu’on appelle la désinformation. Elle est une information créée délibérément pour nuire à une personne, un groupe, une organisation ou un pays. La deuxième catégorie est lorsqu’une information est fausse et la personne qui diffuse l’information pense qu’elle est vraie.

Et, la troisième catégorie est ce qu’on appelle la mal-information. Lorsqu’une information est véridique à la base, mais sortie par exemple de son contexte, déformée tout simplement, amplifiée de manière à soutenir un propos dans l’objectif de nuire à une personne, un groupe, une organisation ou un pays. Mais, il faut noter qu’au Burkina, malheureusement, les trois catégories sont enregistrées au pays des Hommes intègres. Elles sont très dangereuses.

Donc, la BCLCC travaille à lutter contre la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux à travers des campagnes de sensibilisation, les communications sur les médias classiques comme la radio, la télévision. Nous sensibilisons les populations afin qu’elles vérifient les informations avant de les diffuser. Car, il est très important de vérifier minutieusement les informations avant de les diffuser. Nous travaillons aujourd’hui vraiment à lutter efficacement contre la prolifération des fausses nouvelles au Burkina plus précisément dans un contexte de crise sécuritaire.

S : Selon vous, pourquoi la cyber délinquance se développe-t-elle de façon grandissante au Burkina ?

A.G.O. : Pour ce qui concerne la cyber délinquance, il faut retenir que c’est tout à fait normal. Dans les années 2005-2008 tout le monde n’avait pas accès à des smartphones. Aujourd’hui tout le monde a un smartphone. On prend des forfaits internet, on navigue comme on le veut. Ainsi, à côté de tout cela, il s’est développé la cyber délinquance qui est peut-être une délinquance qui se passe sur l’espace numérique, sur le web.

Des personnes utilisent ce qu’on appelle l’ingénierie sociale, c’est-à-dire, elles essaient de recouper les informations sur vous en tenant compte de vos habitudes, de vos préférences, de vos goûts pour vraiment vous appâter. Après, c’est tout à fait normal que cela ait pris de l’ampleur au regard aussi de l’usage de la technologie, de l’information et de la communication. C’est pourquoi, la BCLCC aussi travaille à lutter contre le cyber délinquance.

S : Rencontrez-vous des cas de pseudo-cybercriminels dans vos investigations ?

A.G.O. : Oui. Dans nos investigations, il arrive qu’on rencontre des cas de pseudo-cybercriminels. Dans le cas de nos enquêtes, il arrive des cas liés à ces aspects.

S : Quelle est l’ampleur du phénomène ?

A.G.O. : La cybercriminalité a pris des proportions très inquiétantes au Burkina. Lorsque nous nous référons au nombre de plaintes, nous enregistrons pratiquement 2 000
à 3 000 plaintes par an. Pour ce qui est du préjudice chaque année, nous avons pratiquement 1 milliard 400 millions F CFA sans oublier les autres services de sécurité qui reçoivent également des plaintes liées à la question de la cybercriminalité.

S : Comment lutter contre le phénomène ?

A.G.O. : Pour lutter contre le phénomène, il faut que les usagers de l’internet soient prudents sur les plateformes numériques. Ils doivent aussi signaler massivement les actes de cybercriminalité. C’est en cela que nous allons pouvoir lutter efficacement contre la cybercriminalité. Il faut aussi que les citoyens signalent les cas d’actes de cybercriminalité afin qu’on puisse réussir à prendre cela en compte. En plus, c’est ensemble que nous allons pouvoir lutter contre la question de la cybercriminalité.

S : Quelles sont les sanctions pénales prévues pour les auteurs du délit sur l’internet au Burkina ?

A.G.O. : Concernant les sanctions encourues, cela dépend d’une infraction à une autre. Si je prends en exemple la question de la désinformation, l’article 312-13 du Code pénal stipule que «est punie d’une peine d’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 1 million à 10 millions F CFA, toute personne qui a intentionnellement communiqué, publié, vulgarisé par le biais d’un moyen de communication quel qu’en soit le support, une fausse information de nature à faire croire à une destruction, une dégradation, une détérioration de biens ou une atteinte aux personnes qui a été commise ou qui va être commise ».

S : Votre appel à la population ?

A.G.O. : Pour lutter contre le phénomène, nous appelons les internautes à être très vigilants, lorsqu’ils sont sur les plateformes numériques parce que tout n’est pas vrai sur les plateformes numériques. Il faut vraiment avoir le discernement. Il est nécessaire de vérifier les informations avant de les diffuser. Nous demandons aux internautes de toujours se référer aux canaux officiels de communication.

Evariste YODA
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