Je ne suis ni partisan, ni opposant de quelque ancien ou nouveau régime politique que se soit. Par contre, en tant que partisan de l’application rigoureuse des dispositions de la Constitution et des lois, j’estime que la vie de notre Nation est en train de se jouer dangereusement une fois encore.
En effet, l’extrême fragilité de l’Etat Burkinabè vient d’être confirmée le 12 juin 2024 avec l’exfiltration du Chef de l’Etat de son bureau, vraisemblablement suite à l’explosion d’une roquette dans la cour de la Télévision nationale.
De mémoire, c’est la première fois au Burkina Faso qu’un Chef de l’Etat soit réduit à un tel silence pendant une semaine d’affilé après son exfiltration. Le cas du Président Maurice YAMEOGO en 1966, avait directement abouti à un coup d’Etat, et le cas du Président Blaise COMPORE en 2011, n’avait duré qu’une dizaine d’heures.
A l’évidence, la cohésion dans l’armée et l’unité nationale du Burkina Faso ont été fortement entamées ces dix dernières années par des prises de positions négatives et des évènements néfastes tel que:
la volonté injustifiable du Président Blaise COMPAORE de modifier l’article 37 de la Constitution par dessus les conclusions non favorables du CCRP en 2011,
le mouvement insurrectionnel criminel du 21 au 31 octobre 2014 organisé et dirigé par des partis et associations politiques, cela en lieu et place de la désobéissance civile qu’ils prônaient
le coup d’Etat sordide du Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA le 31 octobre 2014 suivi de la transition politique de non-droit et mal gérée par le diplomate émérite Michel KAFANDO sous la houlette du même Yacouba Isaac ZIDA, le coup d’Etat insensé du Général Gilbert DIENDERE le 16 septembre 2015, l’inertie inexplicable du Président Roch Marc Christian KABORE face aux différents problèmes surtout aux attaques terroristes récurrentes depuis le 15 janvier 2016;
les coups d’Etat successifs du MPSR perpétrés par le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA le 24 janvier 2022 et par le Capitaine Ibrahim TRAORE le 30 septembre 2022, deux coups d’Etat sans résultats probants en matière d’unité nationale et de sécurité sur l’ensemble du territoire national.
Chers concitoyens,
Force est de constater que le Burkina vit des moments d’incertitudes depuis le 12 juin 2024, date de l’exfiltration du Capitaine Chef de l’Etat qui ne semble plus avoir les rennes du pouvoir. Que cette exfiltration aboutisse à son retour au pouvoir ou à un autre coup d’Etat du MPSR, la fracture sociopolitique au Burkina sera très profonde.
C’est pourquoi, il est aujourd’hui impérieux que les faîtières des communautés coutumières et religieuses qui ont fait la médiation entre DAMIBA et TRAORE le 02 octobre 2023, sortent encore pour enrayer le risque d’escalades militaires aux conséquences qui seront dramatiques pour les populations.
Après l’échec du régime civil du MPP de garantir l’intégrité du territoire national, et avec l’incapacité des différents régimes militaires du MPSR de rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire national, le énième drame survenu le 11 juin 2024 à Mansila doit maintenant nous interpeller tous, civils et militaires, à un sursaut patriotique, afin que par un dialogue national inclusif, nous trouvions ensemble, les voies et les moyens pour colmater toutes les brèches et faire de notre cher Burkina Faso une nation viable,
Je rappelle que, du 15 décembre 2023 au 07 mai 2024, j’ai personnellement entrepris la démarche pour un dialogue national inclusif avec une proposition écrite de termes de référence, auprès :
du Chef de l’Etat Ibrahim TRAORE ;
des cinq anciens Chefs de l’Etat du Burkina que sont Jean Baptiste OUEDRAOGO, Blaise COMPAORE, Michel KAFANDO, Roch Marc Christian KABORE, Paul Henri Sandaogo DAMIBA ;
des trois Présidents des Faîtières religieuses que sont le Président de la Conférence Episcopale Burkina-Niger, le Président du Présidium de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina, le Président de la Fédération des Eglises et Missions Evangéliques du Burkina ;
du Président du Conseil Supérieur de la Chefferie traditionnelle et coutumière du Burkina.
«Que Dieu sauve le Burkina Faso »