L’un des temps forts de la rencontre gouvernement-secteur privé est la séance des préoccupations et recommandations des hommes d’affaires du pays à l’Etat. Elles ont été des plus nombreuses et diversifiées, à l’image de la dimension nationale que la Chambre de commerce a prise, à la faveur des dernières élections consulaires.
Le vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie, Laciné Diawara, a été le premier à ouvrir le bal des préoccupations. Il a soumis une proposition de dynamisation des activités de la gare routière internationale, « Bobo Inter » ou encore « port sec ». M. Diawara a recommandé le bitumage de la rocade-sud de la gare, dont le mauvais état freine l’utilisation et l’accès à cette infrastructure moderne multimodale de transport, transit et de fret à destination du Burkina Faso et de ses voisins. Cela contribuera, selon lui, à la viabilité de cette réalisation. Le vice-président de la Chambre de commerce a aussi sollicité le bitumage de l’axe Hamélé-Wa pour réduire de plus de 400 kilomètres, le trajet port de Tema au Ghana, à la ville de Bobo-Dioulasso. Le représentant du Conseil national du patronat burkinabè a pointé du doigt, l’inadaptation de la fiscalité pour l’agroalimentaire le non-paiement des créances dues par l’Etat aux hôteliers depuis des années. Il a aussi proposé une autre rencontre avec le gouvernement sur le partenariat public-privé. Des propositions concrètes sont venues de la représentante de la Maison de l’entreprise du Burkina, Henriette Kaboré. Elle a plaidé sur 5 points essentiels : la poursuite de la formalisation conduite depuis 2004 par la Maison de l’entreprise, l’accompagnement des promoteurs après création des entreprises, la réduction du « taux de mortalité des entreprises », la dévolution de 20% des marchés publics au PME, la facilitation de l’accès aux informations d’affaires et la mutualisation des moyens. Pour sa part, la Maison de l’entreprise s’engage à ouvrir un guichet de soutien aux soumissionnaires aux appels d’offres. A propos des appels d’offres, le président de la Chambre des métiers, Jacques Sédogo, a souhaité un accès préférentiel des artisans locaux aux marchés publics dans les régions. A l’image de l’octroi du marché de livraison des charrues et tables-bancs. La poursuite de la construction des villages artisanaux, l’application d’une « fiscalité légère » sont des propositions chères aux artisans. En contrepartie, ceux-ci ont annoncé le lancement du répertoire des métiers pour pouvoir accompagner l’Etat dans la formalisation du secteur informel, par la délivrance à terme, de cartes professionnelles d’artisans. En revanche, malgré la mise en place d’un Fonds de restructuration des entreprises en difficulté, le secteur industriel qui pèse pour 80% des impôts « est menacé », selon Mahamadi Sanoh, représentant du Groupement professionnel des industriels. Il a indiqué que le stock d’invendus entreposé des usines s’élève à 9 milliards de F CFA, plus de 3 000 tonnes de sucre. Sans compter que 75% du marché des piles électriques est occupé par la contrebande. Le marché des pneus, des cigarettes, des jus de fruits et de la farine de blé n’échappe pas à la règle. C’est un cri du cœur que M. Sanoh a lancé à l’assemblée, voyant que des entreprises seront obligées à court terme de fermer, du fait « des fossoyeurs » de l’économie à l’endroit desquels, il a recommandé des actions vigoureuses. L’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina, elle, ne demande que des mesures de sécurité et la défiscalisation du matériel informatique, des Guichets automatiques de banques (GAB), pour appuyer l’extension du réseau bancaire dans tout le pays. Au titre des agences-conseil en communication, Hyacinthe Zouré a sollicité auprès du gouvernement, la réglementation du secteur de la publicité. Toute chose qui mettra fin aux agissements « des pirates logés dans les structures de l’Etat et qui mènent la concurrence déloyale aux agences de communication ». Secteur d’activité par secteur d’activité, les préoccupations venaient de partout. Le Premier ministre, modérateur de circonstance, a beau jouer les prolongations pour permettre au maximum d’intervenants de s’exprimer, il n’a pu satisfaire tout le monde. Il a fallu interrompre la série, laissant néanmoins la possibilité à tous ceux qui n’ont pu s’exprimer de déposer leurs propositions et recommandations au secrétariat de la RGSP 2013.
Hier mardi 8 octobre, dernier jour de la rencontre, les membres du gouvernement ont apporté des réponses aux problèmes portés à leur connaissance. Les acteurs du privé s’engageront aussi sur les mesures concrètes d’accompagnement de l’Etat.