Dans le cadre des 75 ans de présence et de mission d’éducation des Frères des écoles chrétiennes au Burkina Faso, le Frère Jean-Louis Traoré, président du comité d’organisation nous a accordé une interview. Dans cet entretien, il revient sur la mission des Frères et leur réorganisation.
Sous quel signe placez-vous la célébration de ce jubilé des 75 ans de présence des Frères des écoles chrétiennes (FEC) au Burkina Faso ?
Au regard du contexte de crise de société que nous vivons et de la crise que le monde de l’éduction vit, il sied de le placer sous le signe d’une éducation résilience.
Ce jubilé intervient alors qu’on assiste à une réorganisation de la cartographie de la présence des FEC en Afrique de l’Ouest. En quelques mots, en quoi a consisté ce nouveau découpage territorial et quels en sont les objectifs ?
Nous nous parlons plutôt de restructuration. C’est une politique générale au niveau de l’institut des Frères des écoles chrétiennes qui fait une réorganisation des provinces parce que nous avons fusionner deux entités qui fonctionnaient de façon autonome, à savoir le district d’Afrique de l’Ouest qui est créé depuis 1948 et qui regroupait en son temps le Burkina Faso, le Niger et le Mali. On n’a pas trainé au Mali. On s’est retiré. Il y a aussi le district du Golf de Bénin qui regroupait le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire. Cette réorganisation est voulue par le centre de l’institut qui est à Rome qui veut manager de grands ensembles pour faciliter la gestion de nos œuvres qui sont à l’intérieur de cette aire géographique. Ainsi, nous pouvons rendre beaucoup plus efficace l’action des Frères dans ce territoire qu’on va appeler désormais District Lasallien d’Afrique de l’Ouest (DILAO).
Concrètement cela veut dire qu’un Frère peut être appelé en mission dans l’un des pays membre du DILAO. Y a-t-il des éléments qui montrent que cette mobilité est déjà effective ?
C’est déjà effectif. Dès lors qu’on fusionne, ça veut dire que partout sur ce territoire, on peut envoyer n’importe quel Frère en fonction des nécessités du moment. Cela n’exclut pas que le centre de l’institut pour des besoins de mission demande à un frère d’aller partout dans le monde. A fortiori à l’interne.
Comment est organisée l’administration du DILAO et où se trouve son siège ?
Dans chaque province nous nous parlons de district. Et les districts sont coiffés par un Frère Visiteur. Visiteur est un terme canonique qui vient de la tradition monastique. Les moines ne sortent pas. Mais ils pouvaient avoir des monastères un peu partout dans un pays et on choisit un responsable qui visite les communautés et qui fait office de premier responsable. Ce dernier répond devant l’église et la société de cet ensemble de communauté. Or, la congrégation des Frères des écoles chrétiennes est née dans ce contexte de vie consacrée ou c’était les monastères seulement qui existaient. Donc nous nous arrivons et nous rentrons dans la tradition monastique. Le Frère Visiteur représente le supérieur et il est assisté par un conseil qu’on appelle le conseil de district. C’est avec son conseil qu’il gère la province. Ça veut dire que dans ces prérogatives, il nomme les supérieurs de communauté et les directeurs des œuvres. Outre cela, il s’occupe de la nomination des Frères dans les communautés et dans les œuvres. Disons que c’est lui qui donne mission à chaque Frère.
Le Frère Visiteur a-t-il un adjoint ?
Comme c’est vaste on lui adjoint ce que nous appelons des Frères Visiteurs auxiliaires. Dans notre contexte ce sont des Frères visiteurs thématiques. Comme ils sont deux, il y a un qui est chargé des finances, c’est ce qu’on appelle économe. Ce poste est occupé par le Frère Jovite Diarra. L’autre est chargé de la formation des Frères et tout ce qui touche à leur vie religieuse. Il s’agit du Frère Hermann Kaboré.
Lorsqu’on était un district de deux pays, le Burkina et le Niger, le Frère Visiteur n’avait pas d’auxiliaire. Mais au regard de l’étendue du territoire districtal et des besoins administratifs, il y a nécessité d’avoir des adjoints. Cela fait partie des dispositions statutaires de notre règle de vie.
Où se trouve le siège du DILAO
Le siège du DILAO pour le moment se trouve à Bobo-Dioulasso, à la maison provinciale de l’ex-district d’Afrique de l’Ouest. Cette position est provisoire. Nous allons bientôt nous réunir pour décider du lieu de résidence du Frère Visiteur et des auxiliaires. Est-ce qu’ils vont former une communauté ensemble pour piloter le district ou bien ils vont aller dans des communautés ? Est-ce qu’on va créer des administrations pour eux ? On n’a pas encore décidé. Dans les jours à venir ces questions trouveront des réponses. En fin juillet, à Bobo-Dioulasso, nous avons ce que nous appelons l’assemblée des Frères. C’est cette instance qui peut trancher ces questions. Autrement, un chapitre de district qui est l’instance suprême de décision. Mais pour le chapitre de district, il faut attendre la fin de ce mandat pour l’envisager.
A propos, un Frère Visiteur a-t-il un mandat ?
Il a un mandat de quatre ans renouvelable une fois.
Dans le cadre ce jubilé, l’accent sera mis sur la réalisation d’un projet de renforcement d’offre d’éducation à Toussiana. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Un jubilé est toujours un tournant marquant de l’histoire. 75 ans c’est quand même quelque chose. Nous voulions marquer ces 75 ans par une activité phare ou alors par un projet qui va rester dans l’histoire comme produit issu du jubilé. Donc nous avons décidé de réaliser l’extension du collège de Toussiana parce que jusqu’à présent la demande est très forte à Toussiana au regard de la qualité de l’éducation servie. Pourquoi ne pas profiter du jubilé pour augmenter la capacité d’accueil ? Autrement, on risque de se retrouver à mener des activités festives et après c’est fini. Pourtant, il faut joindre l’utile à l’agréable. Cette extension va coûter environ 68 millions. On veut réaliser trois classes, une salle des professeurs, des latrines et une salle de réunions. Il y a un appel à contribution qui est lancé. Comme j’aime à le dire, nos anciens sont un peu partout dans des fondations, dans des ONG, dans les institutions financières… ils peuvent amener leurs structures à s’intéresser à ce projet. Je pense que 68 millions pour construire trois classes ce n’est pas trop demander. C’est un microprojet et je pense que nous sommes capables de le réaliser. Dans les plus de 400 000 élèves formés dans les écoles catholiques, on doit pouvoir trouver des gens pour nous aider à avoir le financement.