Ce lundi 7 octobre 2013, la communauté internationale célèbre la 28ème Journée Mondiale de l’Habitat (JMH) sous le thème « Transport et mobilité urbaine ». A travers ce thème, les Nations Unies soulignent l’importance de l’accessibilité des transports urbains dans le développement harmonieux des villes et des campagnes ainsi que la nécessité d’une meilleure planification de l’aménagement urbain. Cette célébration appelle à une prise de conscience et d’engagement politique afin de faire de nos villes des espaces de vie agréables pour tous.
Le choix de ce thème pour la JMH 2013, coïncide avec une période où Ouagadougou, la capitale des deux roues, peine à contenir des habitants sur ses axes routiers. Sur la chaussée, se disputent le moindre espace les piétons, les deux roues, les véhicules d’occasion de plus en plus nombreux, les tricycles et les charrettes. Cet accroissement des engins de déplacement individuel motorisés n’a pas été suivi par un aménagement conséquent des voiries secondaires dans les quartiers centraux. Les quartiers périphériques sont pour la plupart accessibles par un axe principal pendulaire, embouteillé aux heures de pointe, particulièrement de 07heures à 08h30 et de 17heures à 19heures.
A ce facteur s’ajoute l’incivisme croissant de certains citoyens pour qui le code de la route n’a aucune signification et dont la cible privilégiée pour les manifestations de colère reste le mobilier urbain, notamment les feux tricolores. Ces facteurs conjugués ont pour conséquences immédiates, la croissance annuelle d’environ 12% du taux d’accidents de la circulation, avec son lot en perte en vie humaine, de personnes handicapées, etc.
La mobilité urbaine est une préoccupation dont la prise en charge tardive entraine des conséquences fâcheuses, vécues actuellement par de nombreuses villes à travers le monde. La recherche de la fluidité permanente de la mobilité urbaine amène à revisiter nos aménagements urbains, paysagers et architecturaux ainsi que nos modes de transport utilisés.
Elle exige des choix politiques et une posture citoyenne déterminante. Sur le plan spatial, les formes de mobilité urbaine sont liées à la forme de la ville. Une ville étalée comme Ouagadougou, sur plus de 54 000 ha, favorise les modes de déplacement motorisés et individualisés. Réciproquement, ces modes de circulation contribuent à étendre davantage la ville. L’enjeu majeur sur le plan spatial demeure la densification du tissu urbain, à travers l’occupation effective des parcelles d’habitation. A Ouagadougou, le nombre de parcelles produites était estimé à plus de 380 000 en 2010 et plus de 196 000 n’étaient pas encore mises en valeur ; soit moins de 50% de taux de mise en valeur.
La promotion de logements collectifs (en hauteur) dans les quartiers centraux doit être envisagée ainsi que la mixité fonctionnelle entre activités tertiaires, commerces, habitats, et loisirs. La capacité de la ville à anticiper sur le trafic à venir sera également capitale dans l’organisation de la mobilité urbaine, en créant une fluidité dans les nœuds (échangeurs, ronds-points) et en aménageant l’emprise complète des voiries urbaines existantes (chaussées principales et latérales pour la desserte locale, pistes ou bandes cyclables, trottoirs, aires de stationnement, terre-pleins centraux plantés, mobiliers urbains appropriés, etc.).
Sans conteste, la mobilité et l’accès aux biens et services sont essentiels pour le bon fonctionnement des villes. Ce sont des aspects importants de la conception de la ville car ils contribuent non seulement à la qualité de vie en termes de réduction de la congestion et de la pollution, mais aussi pour le potentiel économique, en permettant une circulation efficace des personnes et des biens. Des efforts notables sont faits par l’Etat pour que nos routes ne suscitent pas l’appréhension chez les citadins pendant les heures de pointe. A cet effet, des projets de voies de dégagement sont en cours de réalisation dans quelques quartiers. Bientôt l’échangeur du Nord viendra soulager les usagers de l’avenue Yatenga. Des logements sociaux sont en cours de réalisation afin de contenir la demande en logement et faire évoluer les mentalités vers l’accès à un logement décent au lieu de la recherche effrénée de la parcelle nue.
Toujours pour renforcer la densification des espaces aménagés, un bureau d’assistance à l’auto construction est mis sur pied pour assurer un accompagnement technique, administratif et financier aux propriétaires de parcelles qui en ont besoin pour mettre en chantier et/ou achever leur construction.
A cela s’ajoutent les initiatives pour le développement d’un transport collectif performant qui desserve tous les grands axes urbains et qui s’articule avec les autres modes de transports en direction des cœurs de quartiers. Cette promotion des moyens de transport collectif contribue à réduire les émissions de gaz à effets de serre engendrées par les moyens de transports individuels et motorisés.
Malgré ces efforts des défis restent à relever. Et cela nécessite l’implication de tous les acteurs urbains. Cette célébration de la 28ème journée mondiale de l’habitat nous invite à une introspection sur notre contribution aussi modeste soit elle, à rendre moins pénible la circulation dans les centres urbains. La courtoisie et le respect du prochain doivent être des valeurs partagées. Le mobilier urbain, acquis au prix de sacrifices, ne doit pas être détruit à la moindre tension sociale. C’est à cette réflexion que je vous invite au cours de cette journée dédiée à la ville et à ses habitants. Ensemble célébrons la ville ! Je vous remercie.