L’opposition politique qui a décidé d’investir l’ensemble du territoire national pour sensibiliser les populations sur la question du Sénat, de l’article 37 de la Constitution et de la politique du gouvernement burkinabè, a fait sa première tournée de « campagne contre le Sénat », le samedi 05 octobre 2013, à Kaya. Zéphirin Diabré et ses collègues de l’opposition ont été accueillis par une forte mobilisation de la population de Kaya et de ses environs, tous en chœur avec le refrain, non au Sénat, non à la révision de l’article 37.
Prévue pour débuter à 9h, dans la salle de réunions de l’ADRK, cette rencontre des chefs des partis de l’opposition réunis autour du chef de file de l’opposition avec les populations de Kaya et de ses environs n’a finalement commencé qu’aux environs de 11h. La cause de ce retard, c’est l’accueil monstre que les populations de la commune rurale de Boussouma (bastion de l’opposition) a réservé à cette délégation venue de Ouagadougou. Cette foule nombreuse ne s’est pas arrêtée là, puisqu’elle a escorté les membres de la délégation jusqu’à Kaya, ville distante de 20km. Une fois à Kaya, la délégation s’est rendue d’abord à la résidence du chef coutumier de Kaya, le Naaba Koom, et ensuite chez le gouverneur de la région du Centre-nord, Mariam Diallo/Zoromé, pour des salutations. Chacun des hôtes a salué ce geste de civilité de la délégation de l’opposition. La dernière destination, après l’intermède des visites, a été le lieu de la rencontre, où une forte mobilisation les attendait. Chefs coutumiers, opposants, membres de la société civile, populations venues de divers horizons ont tous empli la salle, au point que celle-ci ait refusé du monde. « Cette grande mobilisation indique, contrairement à ce que d’autres le disent, que même en dehors de Ouagadougou, le message de l’opposition est attendu, accepté et compris par les Burkinabè », s’est exclamé Zephirin Diabré, Chef de file de l’opposition politique (CFOP), visiblement ému face à la mobilisation de la population. Du représentant du Dima de Boussouma, en passant par les opposants, chaque parti politique a, tour à tour, exprimé ce qu’il pense du Sénat, de la possible révision de l’article 37 et de la politique du gouvernement. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette rencontre fut une tribune pour vouer aux gémonies les actions du pouvoir en place. « Notre pays traverse une situation particulièrement grave, et ce que le peuple souhaite, c’est le changement. Ce que Blaise Compaoré et le CDP ont promis au peuple burkinabè depuis longtemps, cela n’a jamais été réalisé. Et tant qu’on ne se lève pas, tant qu’on n’est pas mobilisé, le changement ne viendra pas », ainsi a clamé, devant la foule, Ibrahim Koné, membre de la délégation de l’opposition. Le chef de file de l’opposition a, à son tour, a expliqué d’abord les raisons qui ont justifié le refus des partis de l’opposition à participer aux Assises du CCRP, ensuite les mobiles du rejet de la création du Sénat et ce qui, selon lui, s’apparente à une manœuvre en sourdine du parti au pouvoir dans le but inavoué de modifier l’article 37. Cette tribune a été l’occasion aussi d’écouter la population venue nombreuse pour la circonstance. Saisissant cette perche tendue, certains ont voulu en savoir davantage, si l’union affichée des partis de l’opposition contre le Sénat est-elle une union de circonstance, uniquement contre le Sénat, ou bien dans l’optique d’une union véritable qui pourra aboutir à une candidature unique pour 2015? « Le Sénat n’est pas le seul élément que nous dénonçons, nous dénonçons aussi la vie chère. Mais, sachez que nous sommes en train de réfléchir sur les stratégies, les tactiques de mieux s’unir pour combattre Blaise Compaoré », a répondu un membre de la délégation. Le moins qu’on puisse dire est que la soif de voir une véritable union de l’opposition, débarrassée des mésententes mesquines et autres actions de dénigrement, s’est exprimée sans ambigüité, non seulement par les populations qui ont fait le déplacement, mais aussi par des partis de l’opposition. Sampawendé Ouédraogo de l’UNIR/PS, a ainsi exprimé son mécontentement quand il a appris que des procès verbaux de rencontres du CFOP, sous la conduite jadis de Benewendé Sankara, et dont le contenu incriminerait la gestion de ce dernier, ont été mis à la disposition de la presse. Tout en interpellant à plus de vigilance sur de telles actions qui sèment davantage la désunion de l’opposition, il appelle à une union sacrée, dans une synergie d’actions, pour les grandes batailles à venir. Cette unité prônée par tous a été reprise en chœur par les membres de la délégation afin de contrecarrer les stratégies du pouvoir. A la question de savoir si l’opposition dispose d’autres moyens au cas où le pouvoir décide de passer outre et de mettre en place le Sénat, Zéphirin Diabré répond : « Les moyens que nous avons mis en œuvre sont suffisamment dissuasifs, ce sont ces moyens, qui ont fait que la ligne de front s’est stabilisée, et le pouvoir a reculé. On nous annonçait qu’à l’ouverture de la session parlementaire (de septembre dernier), les sénateurs seront nommés, mais on n’en parle plus aujourd’hui, on est plutôt dans des concertations, mais qui ne nous regardent pas. A travers des marches, les Burkinabè ont refusé le principe même du Sénat, c’est ça qui est important ». Le chef de file de l’opposition a renchéri en disant que le Sénat est une mauvaise graine qui est venue mettre en péril la paix sociale du pays, et pour cela, a-t-il poursuivi, il faut s’en passer, car le peuple qui est la vraie majorité n’en veut pas. La délégation de l’opposition qui a noté un satisfecit, quant à la forte mobilisation de la population de Kaya, a donné rendez-vous pour les prochaines sorties dans d’autres horizons, dont les dates et lieux seront communiqués ultérieurement .