Le jeûne musulman a officiellement débuté le lundi 11 mars 2024 au Burkina-Faso. En plus d’être une occasion pour les fidèles de raffermir leur foi, le 4e pilier de l’Islam représente également un mois d’opportunités économiques pour le secteur informel. Des femmes se frottent les mains dans le commerce de galettes (womi en langue dioula). Quel est l’apport nutritif et économique des galettes ? Nous avons sillonné quelques lieux de vente de ce mets bien prisé par les jeûneurs, et rencontré une nutritionniste à Bobo-Dioulasso pour en savoir davantage.
Cela fait environ deux heures que Habi Guigma est à son lieu de commerce en cet après-midi du 12 mars 2024. Assise sous un parasol, son nourrisson au dos, elle vend des galettes (womi en langue dioula) au bord du goudron, sur l’axe Bobo-Dioulasso-Dédougou, au quartier Niénèta, secteur 12 de la ville de Sya. Son commerce est permanemment rythmé par le bruit des engins des usagers de la route, des voitures, des motos, et bien d’autres.
Elle s’active à cuir les galettes (à base de mil et de riz) en quantité suffisante pour ses clients avant 18 heures 30 minutes, heure de la rupture du jeûne musulman. Baguette métallique en main, devant son moule à galettes fumantes, dame Guigma raconte son histoire avec les galettes. « Je fais ce commerce il y a environ 20 ans. J’ai commencé à faire les galettes à base du petit mil depuis mon jeune âge et je les vends chaque année pendant le mois de ramadan », confie-t-elle.
Les galettes qui se vendaient autrefois à 5 FCFA l’unité, relate-t-elle, se vendent aujourd’hui à 25FCFA et cela se justifie à ses yeux par le renchérissement du coût de la vie, et particulièrement des intrants que sont les céréales, le sucre et l’huile. Depuis le début de Ramadan, Mme Guigma vend au minimum par jour des galettes de 8 boites de petit mil (environ 16 kg). Le marché est abordable à ses dires, et son business fructueux. « Je gagne suffisamment pour prendre soin de mes enfants lors de la fête de ramadan », indique-t-elle sans pour autant donner de chiffres.
Djamilatou Koné, sur sa motocyclette, toute voilée, est venue ce 12 mars 2024 pour acheter des galettes chez dame Guigma. Depuis le début du mois ramadan, elle confie se ravitailler chaque jour chez elle pour la rupture du jeûne. « Je me ravitaille chaque soir chez elle durant tout le mois du ramadan à raison de 5000 F CFAde galettes pour la rupture du jeûne en famille », a-t-elle déclaré. Safi Sanfo est aussi vendeuse de galettes au quartier Colma. Cela fait exactement 7ans qu’elle mène cette activité.« Je vends tous les soirs mes galettes hors mis le mois du ramadan, et les gens en consomment beaucoup »,fait-elle savoir.
Des valeurs nutritionnelles
Hors Ramadan, elle utilise en moyenne 5 boites de petit mil par jour, et 10 boîtes pendant le mois de carême. Si Asfi Sanfo déduit toutes ses dépenses de production, elle peut se retrouver au bas mot avec un bénéfice journalier de 10 000 F CFA. Les galettes ont un apport nutritif sur l’organisme. Dr Safiatou Pitroipa est nutritionniste à la pédiatrie du Centre hospitalier universitaire Souro Sanou (CHUSS) de Bobo-Dioulasso.
Elle fait savoir que le petit mil, et partant les galettes de petit mil, contient pas mal de valeurs énergétiques, nutritionnelles qui sont bénéfiques pour l’organisme en cette période de carême. « Pour 100 grammes (g) de farine du petit mil, il peut avoir 72,6 g de glucide, 7,3g de protides, 2 g de lipide et quelques traces de vitamines, notamment B1, B2, PP, du calcium, du Fer et du Zinc », explique la nutritionniste.
Le petit mil transformé en galette procure à l’organisme beaucoup d’énergie pour un musulman qui vient de rompre son jeûne, se convainc Dr Pitroipa. « Seulement, les amateurs de galettes devront l’associer avec d’autres aliments, surtout riches en protides », ajoute-t-elle.Les personnes atteintes de Diabète devraient par contre, à en croire Mme Pitroipa, faire attention à la consommation des galettes à cause de la quantité du sucre et le mélange de certaines épices lors de la transformation de la pâte par les vendeuses.