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La Cédéao peut-elle convaincre les États «rebelles» par une douce approche de persuasion ?

Publié le lundi 18 mars 2024  |  Agence de Presse Africaine
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© Autre presse par DR
Session extraordinaire des chefs d`Etat et de gouvernement de la CEDEAO sur le Mali
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Le bloc régional de l’Afrique de l’Ouest, confronté à des défis, semble revoir sa stratégie depuis que trois de ses membres ont annoncé leur départ, une première depuis sa création en 1975.

Récemment, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a levé les sanctions contre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, des pays isolés en raison de la prise de pouvoir par des juntes militaires à la suite de coups d’État, une situation que l’organisation souhaite éviter.

Cependant, plusieurs semaines après cette annonce, les trois pays réticents ne semblent pas pressés de réintégrer l’organisation communautaire.

La Cédéao a été initialement créée pour promouvoir l’intégration économique des pays de la région. Cependant, au fil des décennies, elle s’est également retrouvée à intervenir dans les crises de gouvernance au sein de ses États membres, dont les cas récents incluent ces trois pays.

Les sanctions imposées à ces États «rebelles» visaient à exercer une pression forte sur leurs juntes pour qu’elles rétablissent rapidement l’ordre constitutionnel par le biais d’élections démocratiques.

Il était évident que les dirigeants à Bamako, Ouagadougou et Niamey, typiques des régimes militaires, n’étaient pas disposés à se soumettre aux exigences de la Cédéao, une organisation vivement critiquée pour sa propre gestion «défectueuse» des dirigeants civils qui manipulent leurs constitutions nationales pour se maintenir au pouvoir et d’autres formes de mauvaise gouvernance telles que la corruption.

L’un des reproches adressés à l’institution régionale était qu’elle agissait comme un «syndicat» pour les dirigeants régionaux, fermant les yeux sur le non-respect des principes démocratiques par certains, y compris la violation des limites de mandat présidentiel, la négligence de la sécurité publique, et l’inaction face à la corruption croissante. Les juntes ont utilisé ces manquements pour justifier leur prise de pouvoir, mais la Cédéao les a rejetées et a insisté sur le retour des dirigeants civils considérés comme incompétents par leurs citoyens.

Certains affirment que ces dirigeants, qu’ils aient été renversés ou qu’ils soient restés au pouvoir avec peu de substance, ont alimenté une dynamique autodestructrice au sein de la Cédéao, transformant l’organisation en un club exclusif de chasseurs de pouvoir.

Leur tendance à l’auto-sabotage politique a conduit aux coups d’État d’Alpha Condé en Guinée et de Mohamed Bazoum au Niger, selon certains observateurs critiques du bloc.

La position anti-coup d’État de la Cédéao était destinée à se heurter aux putschistes réactionnaires de la région.

Cette dynamique s’est manifestée en Guinée, où les relations entre la junte et le bloc étaient hostiles dès le début, malgré des preuves que le président civil Alpha Condé avait cherché un troisième mandat en modifiant la constitution de son pays, qui limitait les mandats à deux.

Mamady Doumbouya, présenté comme un dirigeant ayant l’ambition de revitaliser la Guinée, a maintenu une attitude de défiance. Cependant, l’approche du bloc régional a évolué vers une position plus souple, tout en maintenant une approche punitive qui rend difficile la négociation pour sortir de l’impasse.

La résistance des capitales des trois États «rebelles» face à la menace d’une intervention militaire pour renverser les juntes à Niamey était inévitable.

À partir de ce moment, les relations entre la Cédéao et ses trois parias sont devenues un test sérieux de volonté.

L’institution, souvent alignée sur la position du Nigeria, a hésité face à ce défi, même après que le président Bola Tinubu a menacé d’intervenir militairement pour renverser le coup d’État d’Abdourahmane Thiani et restaurer la présidence de Mohamed Bazoum. Il était clair que l’indécision régnait.

Des facteurs géopolitiques sérieux sont entrés en jeu, renforçant la position de Niamey et plongeant la Cédéao, ainsi que le Nigeria, dans un désert diplomatique dont ils peinent à sortir.

Il est devenu évident que les relations géopolitiques entre le Nigeria et le Niger devaient être prises en compte pour l’avenir de l’organisation en tant que bloc cohésif d’États aux intérêts similaires.

Olusegun Adeniyi, un analyste nigérian, a souligné l’importance de la géopolitique complexe entre le Nigeria et le Niger, ce qui a incité l’administration de Tinubu à reconsidérer sa stratégie envers le Niger, un voisin auquel le Nigeria est profondément lié.

Le général Thiani a compris l’importance de cette dynamique, ce qui explique peut-être sa coopération. C’est également pourquoi le président Tinubu (et par extension, la Cédéao qu’il préside) ne peut se permettre d’être inflexible. Un compromis devra éventuellement être trouvé.

Sept mois après le changement de pouvoir à Niamey, la junte résiste aux pressions diplomatiques pour revenir à un gouvernement démocratique civil.

Malgré des discussions prolongées, l’impasse persiste, mais des signes montrent que des compromis pourraient être envisagés.

Le départ des trois États, bien qu’il ne soit pas encore officiel, suscite des inquiétudes parmi certaines capitales de la Cédéao, craignant un effet domino parmi les autres membres qui entretiennent des relations tendues avec l’Union européenne.

L’institution régionale semble désormais désireuse de restaurer son influence, mais les réalités géopolitiques et les conflits idéologiques compliquent cette entreprise.

Certains observateurs se demandent si le départ des trois pays sahéliens constituant l’Alliance des Etats du Sahel ne marquera pas le début d’une série de départs d’autres membres mécontents de la Cédéao.

WN/as/fss/APA
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