Cette fois semble être la bonne, si l’on en croit le nouveau premier ministre Bah Oury qui a annoncé un référendum constitutionnel avant la fin de l’année, marchepied vers le terme de cette transition en apparence civilo-militaire, mais bien soldatesque, car c’est bien le colonel Mamadi Doumbouya qui est le maître de Guinée.
Ce n’est pas nouveau, une annonce d’un retour à l’ordre constitutionnel en 2024, mais à chaque fois, il n’y a rien de tangible : ni dialogue avec la classe politique, dont la plupart des leaders politiques sont en exil et vu l’ambiance politico-sociale marquée par le congédiement de tout le gouvernement précédent, les grèves perlées, et l’absence de confiance du côté des politiciens, nul ne peut parier sur l’avènement des élections.
Pourtant en apparence, un certain parfum de sincérité se dégage des propos du nouveau chef de gouvernement, Bah Oury qui s’est même risqué à donner des détails du processus. Et c’est ainsi qu’il y aura un recensement de l’état civil afin d’en extraire le fichier électoral, un travail fondamental et obligé, vu que le fichier électoral en Guinée a toujours été au centre des crises postélectorales.
Avec un fichier clair (ni gris, ni foncé) mais vraiment clair, et enfin, le référendum pour doter le pays d’une nouvelle Constitution, dernière station avant les élections générales.
Un référendum constitutionnel auquel le colonel Mamadi Doumbouya attache du prix, selon le PM Bah Oury. Et lorsque ce dernier le dit, c’est que c’est vrai, car dans cette Guinée de Sekou Touré et Lassana Conté, les ordres du président doivent être exécutés à la lettre.
Un timing de retour à l’état de droit arrimé à ce qui se passera sur le terrain admet avec prudence Bah Oury, conscient que ce ne sera pas un long fleuve tranquille. A toutes ces étapes censées mener vers le retour des civils au pouvoir, il y a moult calculs de part et d’autre.
Le CNRD veut bien rendre le pouvoir, mais à sa manière, en instaurer de nouvelles règles du jeu démocratique, en expurgeant des mœurs politiques, tous les scories nocives. Bonne initiative, mais venus au pouvoir par les armes, en interrompant un pouvoir démocratiquement élu, les militaires se savent également exposés, voire «attendus». Il leur faudra donc bétonner leurs arrières, se carapacer avec des mesures inattaquables qui leur assureront des jours tranquilles après la présidence. Ce qui est de bonne guerre, et c’est pourquoi, ils doivent aussi éviter de prendre trop de liberté avec les droits de l’homme et jouer vraiment franc-jeu, cela plaidera en leur faveur.
Objectif donc 2025 pour partir pour le colonel Doumbouya et ses frères d’armes ! Et on espère que tout ceci n’est pas encore de l’esbrouffe pour gagner du temps, faire espérer, et toujours à la dernière minute, repousser l’échéance ! En tout cas, si Doumbouya tient parole, il rejoint le cercle très fermé des militaires putschistes, touchés par le feu de la démocratie dont le plus emblématique demeure le Malien ATT.