Petitement mais inexorablement, le puzzle juridico-politique censé pacifier le Sénégal après le report de la présidentielle, qui avait causé un prurit social, lentement mais sûrement donc, la loi d’amnistie est en cuisson.
30 députés formant une commission ad hoc vont plancher sur les linéaments de cette amnistie, avant son examen en plénière ce mercredi 7 mars 2024, puisque le Conseil des ministres l’a déjà adopté.
La clause principale de ce «efface tout» stipule que les personnes concernées, sont celles qui ont commis des choses entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, soit en violences politiques, soit tout acte répréhensible qui hypothéquait leur chance de compétir politiquement.
L’opposition jubile, et même côté pouvoir car des gens avaient bien des choses à se reprocher, pas seulement ceux dont on parle tous les jours, souvent pour des motivations politiques. En effet, on sait que des opposants tels Bachirou D. Faye, et surtout Ousmane Sonko sont concernés par cette amnistie. Et un Karim Wade, devenu le pivot depuis Doha de ce Game of thrones au Sénégal en a bénéficié dans le passé.
A contrario, les droits-de-l’hommistes font grise mine, car pour eux, c’est une prime à l’impunité que cette Loi d’amnistie offre à certaines personnes indéfendables.
Et c’est ça aussi le problème quand un pays doit choisir entre vérité et justice et arrangement et paix. Immoler la justice sur l’autel de la paix, voilà ce qu’a opté le Sénégal, c’est un choix cornéen, un dilemme, mais à la lumière de ce qu’on a vu en mars 2021, et récemment après le report de la présidentielle, l’immunité qui frise l’impunité pourrait être la solution bancale, mais solution tout de même pour que le Sénégal tienne son élection présidentielle ce 2 juin 2024 dans la paix.
Et même pourra guider le Conseil constitutionnel qui va sûrement s’inspirer du dialogue national (boycotté par la majorité des 19 candidats) pour trancher sur l’après-2 avril : à savoir avec Macky Sall toujours pour capitaine intérim du bateau sénégalais jusqu’au 2 juin 2024.
Faut-il déplorer ces amnisties politiques en Afrique qui absorvent des gens peu recommandables et des politiciens véreux et violents ? Non, sans doute ! Mais à un certain stade, c’est le moindre mal, à l’échelle du Sénégal, dont le label de bon élève démocratique a connu une mauvaise note, il ne faudrait pas que le pays de la Téranga obtienne une note forfaitaire insignifiante pour l’égo, la boulimie du pouvoir, et pour punir certains ripoux politiques, en ignorant l’intérêt supérieur de la Nation. Gouverner, c’est savoir avaler aussi des couleuvres et les faire avaler aussi au peuple, en y mettant la manière.