La capitale burkinabè a abrité la semaine dernière, la première rencontre de concertation des premiers responsables des sociétés d’électricité de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Pendant trois jours (du 20 au 22 février 2024), les participants issus du Burkina (SONABEL), du Mali (EDM) et du Niger (NIGELEC) ont échangé sur les stratégies pour sécuriser l’approvisionnement des pays de l’AES en énergie électrique.
Avant cette rencontre, il y a eu, quelques jours plus tôt, à Niamey au Niger, une réunion des ministres en charge de l’énergie de l’AES, du Tchad et du Togo. La rencontre pentapartite tenue le 17 février a été qualifiée d’« exceptionnelle sur les énergies et les hydrocarbures ». A l’analyse des objectifs de ces deux rencontres, il ressort la volonté de parvenir à une souveraineté énergétique dans la sous-région. On le sait, l’énergie électrique est capitale pour le développement d’un pays.
La question de l’énergie est souvent présentée comme l’une des équations majeures que les Etats africains doivent résoudre pour lancer, enfin, leur décollage économique et l’épanouissement réel de leurs citoyens. A cela s’ajoute l’amélioration de l’efficacité de la gouvernance des sociétés nationales d’électricité, ainsi que du climat des affaires pour attirer les investissements privés dans le secteur. La souveraineté énergétique recherchée par les premières autorités de l’AES devrait être ressentie au niveau des consommateurs. En effet, ceux-ci devraient constater, à court ou moyen terme, une baisse significative du coût du kilowattheure (kWh).
Il faut le reconnaître, l’énergie électrique est toujours un luxe pour bon nombre de Sahéliens et plus précisément de Burkinabè. Au Burkina Faso, le coût de 15 ampères est de 121 F CFA/kWh. Il s’agit du coût de l’énergie le plus élevé de l’espace Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). En guise de comparaison, les mêmes 15 ampères sont vendus au Mali et au Niger respectivement à 109 F CFA/kWh et 79 F CFA/kWh. En Côte d’Ivoire, il y a eu un « ajustement » des prix qui a fait passer, à partir du 1er janvier 2024, le coût moyen de vente de 15 ampères de 79 F CFA à 87 F le kWh.
Sous nos tropiques, l’énergie électrique est essentiellement issue des cours d’eau et donc des barrages hydroélectriques. A ce sujet, le Burkina Faso n’en a pas en profusion. Ayant compris l’enjeu, les autorités ont entrepris, depuis quelques années, des solutions palliatives dont celle consistant à miser sur l’énergie renouvelable. C’est ainsi que le pays abrite la plus grande centrale solaire de la sous-région. Il s’agit de la centrale solaire de Zagtouli, d’une capacité de 33 Mégawatts, inaugurée en novembre 2017.
Pour atteindre la souveraineté énergétique escomptée, il faut compter avec les mesures de résilience. A ce propos, la rencontre de Niamey a permis d’aborder le déploiement de solutions hors-réseau, comme les kits solaires individuels, les lampes solaires et les cuiseurs solaires, pour les populations rurales et périurbaines. C’est à juste raison que nous convenons avec le ministre nigérien de l’Energie pour qui ces genres de réunion constituent « une opportunité historique de mettre en commun les ressources humaines, matérielles et financières (…) pour changer le visage de l’énergie de nos pays et celle du Sahel particulièrement ».