Le ministre délégué en charge de la sécurité, Mahamadou Sana, était sur le plateau de la télévision nationale, hier 26 février 2024, pour donner des éclairages sur les attaques terroristes coordonnées dans plusieurs régions mais surtout saluer la vaillance et la détermination des FDS face à toutes ces attaques par les groupes terroristes.
Ce week-end a été marqué particulièrement par des attaques terroristes coordonnées dans plusieurs régions. Quel est votre commentaire ?
Je rends un hommage vibrant à toutes ces forces combattantes, FDS et VDP, qui sont très engagées sur le terrain et qui font montre d’engagement, de détermination sans faille sur le théâtre des opérations. Ce qui nous permet de faire la reconquête du territoire. Egalement, j’ai une pensée pieuse à l’endroit de toutes ces forces tombées sur le théâtre des opérations ainsi que les populations civiles victimes de l’hydre terroriste. Effectivement, nous avons enregistré plusieurs attaques coordonnées et simultanées sur le territoire national. Grâce au professionnalisme et à la bravoure de nos forces, nous avons pu riposter. Et, avec l’intervention des vecteurs aériens, l’ennemi a enregistré d’énormes dégâts tant humains que matériels. Je pense que c’est une réponse claire à l’endroit de l’ennemi que désormais que ce serait cette réponse qui sera apportée à toute tentative d’attaques. Je profite de l’occasion pour rassurer les populations que toutes ces positions sont toujours tenues et des mesures sont prises pour les renforcer davantage. Je les appelle également à la sérénité et au renforcement de la collaboration avec les FDS.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette recrudescence des attaques ce week-end ?
Je ne parlerai pas de recrudescence. Je parlerai de changement de posture tactique. Depuis 2023, plusieurs offensives ont été menées. Alors, des bases ont été détruites ainsi que des camps d’entrainements. Egalement, des actions ont été menées en termes d’assèchement de financement de l’ennemi ainsi que du contrôle du couloir de ravitaillement. Toutes ces actions ont permis d’affaiblir drastiquement l’ennemi. Et, il ne peut qu’entreprendre des actions lâches pour pouvoir dire qu’il est toujours présent. Nous pensons que ces attaques lâches sont une démonstration forte de l’affaiblissement de l’ennemi. Récemment, vous avez vu des vidéos circulées qui font la propagande de remobilisation de leurs combattants et faisant cas de l’utilisation de la religion pour recruter. Alors que nous savons qu‘ils sont pleins à la prison de haute sécurité qui ne savent ni lire n’en parlons pas d’interpréter le Coran. L’objectif ici, c’est de casser la dynamique. Nous sommes dans une dynamique de reconquête et d’infliger le maximum de dégâts à l’ennemi. Donc, il entreprend des actions pour pouvoir nous décourager. Mais cela, c’est sans compter sur la résilience et la détermination du peuple burkinabè. Cela est également un message à l’endroit de l’ennemi pour qu’il comprenne que désormais, le peuple burkinabè est debout et va se battre pour défendre sa patrie. Dans ce contexte, quelle doit être l’attitude des populations ? Nous avons décidé de l’option de rupture. Vous avez dû constater l’évolution géopolitique récente et il va de soi qu’il y ait des ennemis. Et le message est clair. Le peuple a choisi la rupture et nous ne pouvons qu’acter. Et cela est un message clair. Cela nécessite également un accompagnement des populations. Le premier élément, c’est la résilience. Parce que le terrorisme est une guerre psychologique. Il va falloir renforcer la résilience. Le 2e élément, c’est la vigilance et faire corps avec les forces combattantes. Lorsque je parle de vigilance, il faut que la population sache que désormais, il faut participer forcément à la coproduction en matière de sécurité à travers les dénonciations des individus suspects et le signalement des objets suspects. Souvent dans les quartiers, nous voyons des individus qui prennent des maisons en location, évitent les voisins et n’ont pas de contact avec eux. Ils se comportent de telle sorte qu’on remet en cause leur comportement. Ce sont des cas à signaler. Les objets suspects par exemple, un voyageur qui transporte une forte somme d’argent. Il va falloir le dénoncer. Il suffit seulement de se mettre dans une posture de réflexion.
Est-ce que le comportement de l’individu en face de moi est suspect ?
Et à partir de là, vous aurez les réponses. Si cela nécessite une dénonciation, il va falloir le faire. Il faut éviter les complicités passives ou actives. Il s’agit des individus qui appuient délibérément ces ennemis pour pouvoir atteindre leurs objectifs, notamment dans le transport de la logistique ou le financement de certaines actions. La complicité passive, il s’agit du profil bas. Des comportements suspects peuvent être détectés. Mais certains citoyens se diront que ce n’est pas mon travail, mais celui des FDS. Je tiens à souligner que le Code pénal est clair. Tout complice est sanctionné au même titre que l’auteur. Cela est également un message. Je salue cette bonne collaboration avec les groupes de veille citoyenne qui ont permis de pouvoir interpeller des individus suspects et de pouvoir engager des poursuites judiciaires. En matière de lutte contre le terrorisme, l’infrastructure devrait pouvoir atténuer la menace avant que le combattant ne s’engage. Il s’agit pour les populations d’aider les forces à pouvoir faire de la fortification autour de leurs positions, notamment les tranchées. Lorsque l’ennemi vient et fait l’évaluation, lorsqu’il voit qu’il y a une tranchée qui l’empêche d’atteindre sa cible, il va de soi que l’ennemi replie. Lorsque l’ennemi vient et trouve le combattant dans une posture où il ne peut pas l’atteindre, parce qu’il y a des obstacles ou postes de combat, il va de soi qu’il replie et que le combattant puisse s’engager davantage. Le dernier message, c’est à l’endroit des citadins. Tout part des villes : le financement, le ravitaillement. Si on renforce la vigilance au niveau des villes, on dénonce tout ce qui est suspect, je pense qu’on peut lutter efficacement contre le terrorisme.