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Afrique : Les artistes aux côtés des luttes politiques

Publié le vendredi 23 fevrier 2024  |  Libre Info
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Les arts ont joué un rôle prépondérant dans les luttes d’émancipation en Afrique. Dans la première décennie des indépendances, certains régimes en avaient fait des outils de communication. De nos jours, en ces moments difficiles que vivent certains pays, les arts peuvent être de nouveau convoqués pour divertir certes mais également et surtout pour interpeller plus d’un dans le combat que mènent les Etats.

Une décennie après l’indépendance de la Haute-Volta (devenue Burkina Faso), le pays ne comptait que quelques artistes musiciens qui n’avaient que des guitares comme instruments. On les appelait « les vedettes en herbe ».

La plupart d’entre eux produisaient des chansons à texte. Ceux qui avaient la fibre militante comme Sandwidi Boanga Pierre et Abdoulaye Cissé avaient composé, pendant les différents régimes politiques de la vie mouvementée du jeune Etat, des chansons appelant leurs populations, et plus généralement les Africains, à la résistance et à la résilience.

Dans le Burkina actuel, deux tubes de ces périodes écoulées continuent de marquer les esprits quand ils sont diffusés. Il s’agit de « Les Vautours » de Abdoulaye Cissé et de « Tond Yabramba » de Pierre Boanga Sandwidi.

«Les Vautours » évoque la colonisation et ses effets néfastes sur l’Afrique. La déstructuration culturelle et sociale de cette occupation est remémorée dans le morceau dans des termes poétiques. Cette chanson avait vu le jour pendant la Révolution d’août 1983.

Quant à la chanson « Tond Yabramba », qui veut dire en langue nationale mooré « nos pères ou nos grands-pères », elle revient sur les péripéties que les devanciers ont vécu dans les luttes d’émancipation.

Cette chanson des années 70 évoque l’histoire tourmentée de la colonie française de Haute-Volta créée en 1919 puis morcelée en 1932 et reconstituée en 1947.

Dans cette chanson, le parolier parle aussi de la malheureuse « guerre des pauvres » entre la Haute-Volta et un de ses voisins, le Mali en 1974.

Il termine en disant que tous ces événements doivent servir de ferments pour ses habitants patriotes afin de poursuivre les luttes.

Artistes et politiques ensemble pour l’indépendance
Au-delà du Burkina Faso, les artistes ont été d’un apport capital dans la lutte contre la domination coloniale en Afrique. Vers la fin des années 1940, Fodéba Keïta, un artiste multidimensionnel avait créé, en Guinée, les Ballets Africains.

Dans cet ensemble artistique, le théâtre, la musique, la danse étaient au service de la lutte d’émancipation des populations. Le patron des Ballets Africains, Fodéba Keïta, était aussi un romancier. Il avait écrit une œuvre littéraire au titre évocateur de « Minuit » censurée pendant la période coloniale.

Fodéba Keïta allait léguer ses Ballets Africains à la Guinée Conakry dès l’accession du pays à l’indépendance en 1958. Fodéba Keïta avait été, par ailleurs, celui qui avait composé l’hymne national guinéen, intitulé « Alpha Yaya ».

Dans la Guinée post-indépendante, la musique va jouer le rôle d’ambassadeur de la Révolution proclamée par le premier président du pays, Ahmed Sékou Touré.

L’orchestre le Bembeya Jazz National sera le porte-étendard de la musique de cette Guinée qui avait dit « Non » en septembre 1958 à la France.

Le Bembeya Jazz National allait porter la voix de la Révolution guinéenne partout dans le monde. Il allait jouer dans des festivals. Il allait souvent faire valoir ses talents dans les pays qui partageaient les mêmes options idéologiques que la Guinée.

Il en avait été de même du Mali où le président Modibo Keïta, une fois, l’indépendance proclamée en 1960, avait fait organiser des biennales régionales pour détecter les talents dans tous les domaines des arts.

C’est cet héritage qui avait fait du pays de Soundjata Keïta un pays du théâtre avec la mise en exergue du « Kotéba » qui était une forme de théâtre dans cette partie de l’Afrique avant l’occupation française.

Les grands orchestres dans les différentes régions du Mali étaient nés à partir de ces compétitions. Les plus emblématiques étaient le Super Bitton de Ségou et le Rail Band de Bamako.

Les arts et la culture dans leur ensemble vont accompagner le processus d’émancipation du Mali progressiste de 1960 à la chute de Modibo Keïta en 1968.

L’intellectuel burkinabè Ras-sablga Saïdou Ouédraogo, lors d’une de ses communications publiques avait cité Bazoumana Cissoko, un des grands griots du Mali comme un grand artiste engagé.

Aux pires moments de la colonisation de ce territoire, appelé alors Soudan français, une des compositions de griot disait ceci : « Mes oreilles bruissaient des pas, mais je ne voyais personne ».

Comme pour dire qu’il attendait une réplique de la part de ses congénères aux atrocités que leur faisaient subir l’occupant.

En 1956, un Congrès international des écrivains et artistes noirs, avait été organisé par la revue Présence Africaine à la Sorbonne, à Paris.

Alioune Diop, le fondateur de la revue et de la maison d’édition Présence Africaine, disait à propos de la culture et de la politique : «… il n’y a pas un peuple sans culture. Mais ce que l’on perd de vue, assez souvent, c’est le lien tout naturel et que je suis obligé d’évoquer pour être loyal, entre le politique et le culturel. Il est certain qu’il appartient à la culture, pour le salut et l’équilibre des peuples, d’inspirer la politique, de la penser et de l’animer. »

Les arts qui sont un pan de la culture ont été mis à contributions pendant les luttes d’émancipation et au cours de la première décennie des indépendances en Afrique.

Aujourd’hui, nous faisons face à un phénomène, le terrorisme. Ces outils de communication que sont les arts comme la musique, le théâtre, le cinéma, les arts plastiques peuvent être d’un grand apport dans la lutte contre ce fléau qui annihile tous les efforts de construction.

Dans le domaine de la musique, il y a, de plus en plus, de nouvelles compositions sur le terrorisme. La pièce théâtrale « Mirage et Perdition » qui a été jouée plusieurs fois au Carrefour international du théâtre de Ouagadougou (CITO) et qui est une création collective de plusieurs compagnies de théâtre du Burkina Faso, indique que ces acteurs aussi ont pris à bras le corps la problématique.

Ne reste-t-il pas que le soutien de tous les segments de la société burkinabè pour que ces productions artistiques aient un impact visible ?
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