Naturellement, le président entrant de l’UA, le Mauritanien Mohamed Ould Cheick Ghazouani ne peut pas l’annoncer, ni aucun autre chef d’Etat d’ailleurs, sauf sous le sceau de l’anonymat : mais, il y a eu bel et bien une grande inflexion de la CEDEAO, à ce 37e Sommet, dont les travaux se sont terminés ce week-end, inflexion relative aux sanctions prises contre le Niger, au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet 2023.
C’était un vrai éteignoir économique que la CEDEAO a fait abattre sur le Niger. Diète financière, import-export, routes, mer… travel ban, gel des avoirs, tout était mis en œuvre pour faire plier le général Tiani et ses collègues d’armes qui ont renversé Mohamed Bazoum. Las ! Comme en pareil cas ce sont les populations qui trinquent, et ces sanctions ont coûté la crédibilité à la CEDEAO, et même sa solidité, car de 15 membres elle en est réduite à 12, après la création de l’AES, donc du départ du Mali, du Burkina et du Niger.
In fine, c’est d’abord le président togolais qui a vu juste lui qui avait estimé dès le départ qu’il fallait plutôt le dialogue que le muscle. Du coup, il devient un médiateur incontournable entre la CEDEAO et les 3 pays parias. De façon subreptice, le Togolais est rejoint par son homologue béninois, Patrice Talon, dont le discours de principe, qui était zéro tolérance aux coups d’Etat, s’est adouci, et même, qu’il pense qu’il faut s’accommoder avec les pouvoirs treillis de l’AES, leur parler et trouver des solutions.
L’UA, plus encline à la realpolitk que la CEDEAO ? Un peu oui, car on a vu aussi que face au tango économique, on a beaucoup épilogué sur la ZLECAF, dont un des chantres le Nigérien Mohamaddou Issoufou a été convié spécialement à Addis Abeba, par Moussa Faki pour en parler.
Bientôt une levée de l’étouffement économique contre le Niger ? Assurément et même une date est avancée, celle du 10 mars 2024, avant en tout cas le début du jeûne du Ramadan.
De facto, ce serait déjà un moins dans les motifs de la rupture des liens CEDEAO-AES. Et la suite ? Notamment, la gestion de ces transitions militaires : timing, constitutions, avenir des putschistes… et surtout lutte contre le terrorisme.
En fait, on a l’impression que l’UA a déblayé le terrain pour la CEDEAO, qui semblait ne plus savoir par quel bout attraper, cette patate chaude qu’est l’AES. On ose espérer en tout cas que l’arbre à palabre prévaudra et que c’est parti pour des discussions franches dans le respect mutuel de chaque peuple.