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Le Quotidien N° 885 du 5/10/2013

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Rentrée scolaire et politique : la gestion du pouvoir doit épouser l’ère du temps
Publié le samedi 5 octobre 2013   |  Le Quotidien


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© Autre presse par DR
Les élèves disent non à l’instauration du sujet unique aux examens


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La rentrée scolaire et politique ne sera pas de tout repos pour le pouvoir. Dans un unanimisme rarement vu, tous les syndicats de l’éducation, du primaire au secondaire, sont allés en grève vendredi 4 octobre. Or, quand le secteur de l’éducation éternue, c’est tout le pays qui s’enrhume. En raison de leur nombre et de leur rôle dans la société, les enseignants constituent en effet une force sociale non négligeable, avec qui il faut compter. C’est dans cette ambiance électrique que se fait la rentrée politique du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès), le parti au pouvoir. Là aussi, on ne peut pas dire que la sérénité est totalement de mise. Divisé par des courants en raison de la purge opérée lors du dernier congrès, le CDP doit, à la fois, gérer ses contradictions internes et faire face aux défis de l’heure. Il est en effet pour le moment, à l’image de son chef, emmuré dans ses convictions sur le bien fondé d’un Sénat et sur la nécessité de réviser l’article 37 pour en sauter le verrou limitatif des mandats présidentiels. Que ce soit au niveau de la politique éducative ou de la conduite des affaires par le CDP, un trait commun se dégage : le manque de concertations fructueuses d’une part avec les syndicats, et d’autre part avec l’opposition. Il y a donc, de façon globale, un problème d’écoute, tant au sein du gouvernement que du parti majoritaire. C’est sans doute pourquoi, au lieu de voir la réalité en face, le pouvoir a tendance à tout dépeindre en rose. Ce fut le cas lors du récent séjour du président du Faso aux Etats-Unis, qui a pris les allures d’une opération de com. En donnant le top départ de la rentrée scolaire, la ministre de l’Education nationale a minimisé la crise qui l’oppose aux syndicats. Et que dire de la Chronique du gouvernement de ce mercredi selon laquelle la rentrée se présente « sous de bons auspices » ? Bref, on peut multiplier à l’infini les exemples montrant la tendance du pouvoir à masquer la face hideuse de notre processus social, économique et démocratique.

Le mode de gouvernement du pouvoir fait peu de place à la concertation et au pragmatisme. De tout temps, on a fermé les yeux sur les problèmes, jusqu’à ce qu’ils prennent des proportions dangereuses pour la paix sociale. C’est à ce moment qu’on accourt avec des remèdes d’urgences, qui n’auront que des effets superficiels, cosmétiques. Dans le fond, la crise persistera, latente, jusqu’à la prochaine explosion. Les dernières mesures du pouvoir s’inscrivent dans cette logique qui est tout, sauf proactive. C’est le cas de la décision du président du Faso de faire relire le format du Sénat , prise à l’issue des manifestations de l’opposition contre une institution dont on dit pourtant qu’elle a fait l’objet d’une large concertation. Si l’on en croit l’Eglise catholique, par exemple, il y a eu, concernant ce Sénat, un marché de dupes, puisque tous les contours du Sénat n’ont pas été clairement divulgués lors des assises du CCRP. Ensuite, sont venues les fameuses mesures sociales évaluées à 65 milliards de FCFA par le gouvernement. Là aussi, on a l’impression que c’est en réaction à la grogne des syndicats et pour étouffer les protestations contre le Sénat (et partant le régime), qu’elles ont été prises. Du reste, ces mesures n’ont pas empêché les enseignants de déclencher une grève de 24 heures et les gardes de sécurité pénitentiaire d’enclencher un mouvement illimité de boycott de certaines activités. Si rien n’est fait pour trouver une entente avec les syndicats, il faut craindre pour une année scolaire qui déjà s’annonce perturbée. Car, le pourrissement de la situation, avec une mauvaise gestion du conflit avec les enseignants, ne pourra qu’entraîner l’entrée en scène des élèves. Et avec eux, c’est une autre histoire. Le mieux pour tous donc, c’est de voir les problèmes en face et d’oser les affronter, dans la concertation. Le CDP et son père spirituel devraient aussi avoir la même démarche dans leurs rapports avec l’opposition. La majorité qu’il détient à l’Assemblée nationale et dans les conseils municipaux, et dont il se vante, ne peut et ne doit empêcher des concertations avec l’opposition sur les grands sujets de la vie nationale. D’autant plus que sa force de mobilisation, l’opposition l’a démontrée par le fait qu’elle rallie à sa cause un grand monde. La façon de gouverner doit donc changer pour épouser l’ère du temps, celle où le respect mutuel prévaut dans les relations entre le gouvernement et les syndicats et entre le parti majoritaire et l’opposition .
La Rédaction

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