Bobo-Dioulasso - Le comité technique de supervision de « l’affaire charbon fin » a procédé à l’enlèvement de la cargaison des conteneurs au port sec de Bobo-Dioulasso, le mardi 6 février 2024. Le contenu des conteneurs est convoyé à l’usine de raffinerie d’or de Ouagadougou.
La page du long feuilleton de l’affaire dite de « charbon fin » est en passe d’être définitivement tournée. En effet, suite à l’accord transactionnel trouvé, le 26 décembre dernier, entre l’Etat et la société minière IAM Gold Essakane, le comité technique de supervision a procédé à l’enlèvement des 32 conteneurs, le mardi 6 février 2024, au port sec de Bobo-Dioulasso. Cet accord, selon la gouverneure de la région des Hauts-Bassins, Mariama Konaté stipule que la société minière accusée de fraude en matière de commercialisation d’or, cède le charbon fin saisi. « Nous sommes là ce matin pour l’enlèvement des 32 conteneurs de charbon afin de les traiter et extraire l’or qui s’y trouve au profit de l’Etat en plus des 9 milliards F CFA d’amende que la société doit verser au gouvernement burkinabè. Donc, aujourd’hui, c’est le départ de la cargaison vers Ouagadougou à l’usine pour le traitement », a expliqué Mariama Konaté. Saisie en 2018, la cargaison contenant le charbon fin était stockée au port sec de Bobo-Dioulasso. Membre du comité technique de supervision de cette affaire, Jonas Hien, par ailleurs directeur des programmes de l’ONG Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE), a suivi le processus d’enlèvement des conteurs.
Corriger les insuffisances dans la gestion du secteur minier
La gouverneure de la région des Hauts-Bassins Mariama Konaté s’est rassurée des conditions du processus d’enlèvement des conteneurs au port sec de Bobo-Dioulasso.
« Nous représentons la société civile dans le comité technique de supervision. Nous sommes donc venus constater et comparer les données du procès-verbal du procès pour nous rassurer effectivement que ces informations contenues correspondent à la réalité du terrain avant de procéder à l’enlèvement de la cargaison », a-t-il fait savoir. Pour lui, du moment où les deux parties (le gouvernement et la société minière) sont parvenues à un accord, il est nécessaire que les intérêts de l’Etat soient préservés. « On ne peut que se réjouir de cet accord. Mais l’enlèvement des conteneurs n’est qu’un début du processus. Après, nous pensons pouvoir suivre le processus jusqu’à la finalité, étant donné que le gouvernement prend effectivement soin de jouer la carte de la transparence dans ce dossier », a indiqué Jonas Hien. Tous les acteurs, a fait savoir M. Hien, sont engagés à faire en sorte que, l’opinion publique soit informée sur ce dossier qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Cette affaire du charbon fin, a estimé le représentant de la société civile, donne l’occasion de corriger les insuffisances dans la gestion du secteur minier au Burkina Faso. Mais cela n’est possible, a-t-il mentionné, qu’avec la contribution « honnête » de tous les Burkinabè. « Pour le développement du secteur minier, chaque Burkinabè doit jouer sa carte de sorte qu’avec la nouvelle vision au plus haut sommet de l’Etat, on puisse aller vers la souveraineté économique », a conclu Jonas Hien. En rappel, l’opinion nationale et internationale avait été alertée en 2018 sur la saisie d’une importante cargaison de charbon fin de la société minière Essakan SA qui contiendrait de l’or. Après un marathon judiciaire, l’Etat et la société minière ont trouvé un arrangement à l’amiable pour clore ce chapitre qui dure depuis cinq ans.