Les bois sacrés, également appelés forêts sacrées, ou des bosquets protégés par les croyances religieuses et les traditions de différents groupes humains participent à la promotion de la gestion durable des ressources naturelles. Ces espaces boisés, à l’image de celui du village de Soungalodaga dans la commune rurale Bama, ont un rôle multifonctionnel dans la sauvegarde de l’environnement en contribuant à la préservation de la biodiversité, à la régulation du climat, à la conservation de l’eau.
A l’intérieur du village de Soungalodaga dans la commune rurale Bama à une trentaine de kilomètres de la ville de Bobo-Dioulasso, trône un bosquet ou du moins, un bois sacré constitué de gros arbres vénérés par les populations de la localité. Ces arbres séculaires abritent des divinités qui sont au cœur des croyances des populations autochtones si bien que toute activité à l’intérieur de ce sanctuaire à ciel ouvert est interdite par les règles coutumières. En effet, l’équilibre social de la communauté est garanti par cet élément patrimonial. Il détermine le rapport au transcendantal de chacun des membres de la société en même temps que le rapport à l’autre. Dans le bois sacré du village de Soungalodaga, il est formellement proscrit par exemple de couper des arbres, de cultiver et même de ramasser du bois mort, au risque d’être sanctionné par la mort du contrevenant, soit par une destruction des acquis du village ou un fléau naturel. Parce que ce lieu sert d’initiation des masques et bien d’autres activités en lien avec les rites du village. Une des particularités du site est que les abeilles du bois sacré de Soungalodaga ne produisent pas du miel. Selon des témoignages, un habitant qui aurait coupé du bois à l’intérieur avait provoqué l’envahissement du village par des moustiques d’un genre particulier. Mais au-delà de l’aspect des croyances traditionnelles, cette relique de forêt naturelle agit comme un rempart contre la déforestation.
Interdit d’abattre des arbres
En effet, la valeur spirituelle et culturelle attachée à cet espace peut dissuader les activités destructrices telles que l’abattage d’arbres ou la conversion de terres forestières en zones agricoles. Par ricochet, elle favorise la régénération naturelle des plantes et constitue des zones-refuges pour de nombreuses espèces végétales en voie de disparition. Ce bois sacré sert également de lieu de séquestration de carbone, en ce sens que les arbres absorbent le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère et stockent le carbone sous forme de biomasse. Il contribue à la lutte contre le changement climatique en limitant les émissions de gaz à effet de serre et en préservant des puits de carbone naturels. Au Burkina Faso, ils sont nombreux ces bois sacrés qui jouent ce même rôle dans la préservation de la biodiversité et des écosystèmes. Certains vont jusqu’à la conservation des ressources en eau. Ils agissent comme des régulateurs naturels qui absorbent et filtrent l’eau. Ils contribuent aussi à prévenir l’érosion du sol, à maintenir la qualité de l’eau et à réguler les débits des rivières. C’est le cas du site sacré Wobdio logé dans une chaine de collines où coule une source d’eau intarissable, dans la commune rurale de Guéguéré à environ dix kilomètres de la ville de Dano, dans la province du Ioba (région du Sud-ouest), jalousement conservée par la population. La reconnaissance de leur importance peut conduire à des politiques et des actions favorables à la conservation de ces espaces uniques en leur genre.