Le scénario de ces arrestations, d’aucuns parlent d’enlèvements, semble désormais classique. Soudain, des hommes surgissent de nulle part et alpaguent celui qu’ils sont venus prendre.
C’est ce qui est arrivé à l’homme politique, leader du Faso Autrement, Ablassé Ouédraogo, lequel avait été réquisitionné au nom de la Loi sur la Mobilisation générale. C’est la même déconvenue pour d’autres personnes. Et c’est ce qui est arrivé à Me Guy Hervé Kam. Le mercredi 24 janvier 2024, alors qu’il débarquait à l’aéroport de Ouagadougou, en provenance de la capitale économique Bobo-Dioulasso, il a été interpellé par deux hommes en civil lesquels se sont engouffrés avec lui dans un véhicule banalisé, vers une direction inconnue. Mais, 1 heure après, le patron du parti politique SENS donnait de ses nouvelles à ses proches via son téléphone en les informant qu’il était détenu à la Sûreté nationale, sans pour autant avoir pu dire les raisons de son arrestation.
Du reste, le Mouvement SENS s’est fendu hier 25 janvier 2024 d’un communiqué qui relate peu ou prou les minutes de ce qui est arrivé à son leader. Dans cette missive, le Mouvement SENS rappelle «les obligations» régaliennes de l’Etat de protéger les citoyens et leurs biens, et enjoint «les autorités de Transition à relâcher» Me Guy Hervé Kam. Idem pour le Balai Citoyen dont il fut une des figures de proue, qui réclame sa libération.
En principe, des envoyés spéciaux des familles politique et biologique devraient se rendre à la sûreté nationale pour essayer de connaître les tenants et aboutissants de cette arrestation qu’ils jugent cavalière et irrégulière. Une interpellation qui suscite une kyrielle de questions des plus farfelues aux plus plausibles.
1) Est-ce parce qu’il continue un activisme politique nimbé de juridisme, que ne tolèrent pas les lois actuelles en vigueur ?
2) A-t-il été infiltré par un Big Brother sous Kadiogo, et aurait-il lâché des propos séditieux qui valent arrestation ?
3) Y a-t-il un fil rouge entre cette privation de liberté de l’ex-leader du Balai Citoyen et la tentative de déstabilisation éventée par le MPSR II il y a quelques jours ? En clair, Me Guy Hervé Kam vient-il allonger la liste des civils faisant partie des conjurés de cette tentative de coup d’Etat étouffée dans l’œuf ?
4) Ou faut-il y voir des micmacs liés au procès CGT-B # Adama Siguiré du nom de cet écrivain et président du Réseau international pour la souveraineté africaine (RISA) ?
5) Au nom de laquelle des raisons d’Etat, a été opérée cette arrestation si on s’en tient à l’esprit et même la lettre de la loi sur la Mobilisation ?
6) A moins que ce ne soit sa récente sortie (interview) dans laquelle il a trempé sa langue au fiel pour critiquer la réforme de la justice concoctée par le pouvoir de la Transition ?
On ne peut que conjecturer en attendant que les autorités ou la justice nous situe sur les motifs de l’arrestation de ce ténor du Barreau burkinabè.