Les latrines modernes équipées de « biodigesteur » permettent de garder un cadre de vie sain et hygiénique grâce au système de séparation entre les fèces et les urines. Ce type de latrine est peu connue et pratiquée à Ouagadougou au Burkina.
Truelle et taloche en main, Sly Yakubou Sorgho et ses ouvriers s’activent à achever une latrine « biodigesteur » d’environ 1 m50 de profondeur et moins d’1m de largeur.
Cette latrine est logée dans une maison R+1 en chantier au quartier Nagrin de l’arrondissement 7 de Ouagadougou.
A la différence des anciens systèmes où il faut creuser 3 à 5 mètres de profondeur, cette nouvelle méthode de gestion des déchets, permet non seulement d’économiser de l’espace, mais aussi d’éviter la pollution de la nappe phréatique. C’est un système qui prend en compte la protection de l’environnement.
Ce système de toilette est plus développé dans d’autres pays comme le Ghana où Sly Yakubou l’a appris en 2020 lors de son séjour en famille au pays de Kwamé N’Krumah. La quanrantaine bien sonnée, il promet de le vulgariser au Burkina Faso.
« Dans ce système, on construit deux trous : un premier d’environ 1 m contenant le produit servant de filtrage des déchets pour garder les fèces tout temps sèches, réduisant considérablement les ordures nauséabondes. Le deuxième trou stocke les déchets liquides issues du filtrage », explique le natif du Ghana, Sly Yakubou Sorgho, technicien en génie électrique, animateur radio et promoteur du système.
Le produit permettant de garder la latrine sèche pendant plusieurs années est composé des matières premières comme des débris de bois. Les autres composantes et la combinaison restent un secret selon le promoteur.
L’autre avantage de ce type de latrine est la longue durée de remplissage allant de 15 ans minimum à 25 ans, selon la taille de la famille.
« Cette latrine que vous voyez est pour une famille de 25 personnes. La durée de remplissage est de 20 ans », soutient M. Sorgho. Les fèces issues de la vidange peuvent également être utilisées pour fertiliser les sols », précise-t-il.
Un système écologique peu accessible aux citoyens à faible revenu
Selon le promoteur du système, le prix de réalisation d’une latrine « biodigesteur » est à partir de 250 000 FCFA. Un coût jugé moins élevé par rapport aux avantages du système, rassure notre interlocuteur.
Inoussa Kaboré est technicien en bâtiments et superviseur du chantier. La vingtaine bien sonnée, il indique que ce type de latrine occupe moins d’espace.
« Nous avons payé 450 000 FCFA pour la construction. Je trouve que c’est moins cher, parce qu’en moins de quelques mètres carrés, on peut faire une fosse qui va tenir plus de 10 ans. Pourtant si ce sont les anciennes fosses, il fallait occuper tout le garage. Ce qui revient plus coûteux ».
Si le système reste pour le moment peu connu du grand public, les spécialistes du BTP (Bâtiment travaux publics), connaissent son importance. C’est le cas de Mohamed Ilboudo, ingénieur des travaux en génie civil.
Il l’a recommandé au propriétaire de cette maison en construction. « Nous avons recommandé ce système depuis le début du chantier parce que la nappe phréatique est haute dans cette zone. En moins de 40 centimètre l’eau jaillit », dit-il.
Mohamed maîtrise également un système de construction de latrine « biodigesteur » en 2018, mais plus coûteux et un traitement différent que celui-ci.
« C’est la première fois que je vois ce nouveau système développé par Sly. Le système que je maîtrise depuis 2018 est aussi rarement utilisé, parce que le prix est élevé. Le prix moyen varie de 500 000 à 900 000 FCFA », reconnaît-t-il.