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Togo-Burkina Faso : dans l’ombre du trafic de mercure

Publié le vendredi 15 decembre 2023  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
L’utilisation du mercure dans des activités agricoles et minières constitue une menace pour la santé et l’environnement.
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Malgré les interdictions en vigueur, le mercure demeure essentiel à l’extraction de l’or, favorisant un marché noir persistant. Dans un schéma complexe, le mercure, en provenance du Togo, pénètre illégalement dans la région du Sahel et les zones aurifères du Burkina Faso, avant de regagner discrètement le territoire togolais. Cette opération clandestine est orchestrée par des négociants originaires du Burkina Faso.

Mognonré, village situé à cheval entre les frontières du Togo et du Ghana, dans la région du Centre-Est du Burkina Faso, abrite un gisement aurifère, devenu également un lieu de trafic de mercure. Fournisseurs de mercure, grossistes, petits acheteurs, responsables de points de rachat d’or, mineurs artisanaux : voilà les principaux acteurs qui constituent ce réseau. Le circuit d’approvisionnement du métal liquide, selon Ousmane Kéré, un mineur âgé de la cinquantaine, commence par des ravitailleurs. Ils arrivent du Togo à moto en contournant les services de contrôle de la police et de la douane avec du mercure conditionné dans des bidons et/ou des bouteilles classées dans des caisses en bois. A cette marchandise, s’ajoutent le cyanure et des explosifs en bâtonnets. Ensuite, ils rallient le gisement aurifère de Mognonré en empruntant différentes pistes.

« Une fois sur le site, ils (les ravitailleurs, ndlr) se dirigent vers des magasins et boutiques de fortune détenus par des grossistes et des gestionnaires de comptoir », explique Ousmane Kéré. A écouter Abdoul Salam Naaba, le représentant de la coopérative des orpailleurs du site de Gnikpière, dans la province du Ioba (Dano), région du Sud-Ouest du Burkina, l’usage du mercure dans les gisements aurifères burkinabè remonte au début des années 2000, plus précisément sur le site d’orpaillage du village de Mognonré. Avant l’introduction du mercure, dit-il, les mineurs recouraient à l’acide pour extraire l’or, un processus laborieux qui donnait une qualité médiocre de métal précieux. Grâce aux mineurs ghanéens, le secret du mercure leur fut révélé, améliorant « significativement » leurs méthodes. Depuis lors, des intermédiaires assurent l’approvisionnement en mer-cure provenant du Togo ou du Ghana, à partir de ce village. Ces intermédiaires demeurent inconnus. Interrogé sur leur identité, Abdoul Salam Naaba préfère ne pas dévoiler de nom. Cependant, il ne fait aucun doute que le village de Mognonré constitue le point d’entrée clandestin du mercure en provenance du Togo. Abdoulaye Ouédraogo, gérant d’un comptoir d’achat d’or sur le site, indique qu’en plus du Togo, le Nigéria est une source d’approvisionnement. Le mercure, importé principalement des pays de l’Asie et d’Amérique du Sud, transite par le port de Lomé au Togo pour arriver sur les sites aurifères du Burkina Faso par des circuits illégaux.
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