Le 17e Festival Ciné Droit Libre et la 14e édition des Dialogues de corps se tiennent concomitamment cette année du 9 au 16 décembre 2023 à Ouagadougou. A cette occasion, il y a des caricaturistes qui accompagnent l’événement avec des dessins en instantanée. Libreinfo.net a rencontré MM. Amidou Zoetaba et Christian Bassolé, deux dessinateurs de presse, au CDC-La Termitière, le samedi 9 décembre 2023. Ils exercent leur métier sous le silence des plumes.
Par Natabzanga Jules Nikièma
Samedi 9 décembre 2023. CDC-La Termitière sis au Théâtre populaire Désiré Bonogo de Ouagadougou, au quartier Samandin de la capitale burkinabè. Il est 16h.
La vaste cour accueille déjà les festivaliers qui, à l’ombre des arbres, dégustent des brochettes et de la bière. Le centre vit au rythme de l’ambiance du Festival Dialogue de Corps et du Festival Ciné Droit Libre.
A l’écart, des tableaux sont dressés. Au milieu de ces tableaux, des dessins sont affichés. A côté, des caricaturistes en pleine concentration dessinent dans le calme et le silence. Ils attirent les regards des passants curieux. C’est le dessin en direct ou en instantanée.
Deux caricaturistes participent au « Dessin en live » ou dessin en direct
Amidou Zeotaba est artiste peintre, caricaturiste et décorateur du cinéma. Lui et ses camarades accompagnent, chaque année, le Festival Ciné Droit Libre en réalisant des dessins, des caricatures suivant le thème retenu. Pour cette 17e édition, le thème porte sur la « Corruption : le nouveau terrorisme ? ».
Le crayon en main, M. Zoetaba fait la caricature de Abdoulaye Diallo, coordonnateur du centre de presse Norbert Zongo et président du comité d’organisation du ciné droit libre. « Il est venu demander à ce qu’on fasse sa caricature en live », nous dit-il.
Zoetaba nous informe être dans le métier depuis environ 25 ans. C’est dès le bas âge qu’il se dit passionner par le dessin. « On arrive à s’exprimer à travers ce métier » explique-t-il.
« J’arrive à illustrer des articles qu’on nous commande souvent dans le cadre de la presse écrite ou et à la télévision » dit-il. Il ajoute :« On gagne souvent des marchés au niveau des images de sensibilisation avec les organisations non gouvernementales (ONG). »
Christian Bassolé, lui, est caricaturiste et illustrateur. Son nom d’artiste est « Main de Dieu ». Il exerce le métier depuis 2003. « J’avais déjà un talent qui est inné. J’étais dessinateur depuis mon enfance à Abidjan », dit-il. M. Bassolé est arrivé au Burkina pour des études en droit.
Parallèlement, il exerçait en tant que dessinateur avec l’appui de certains devanciers. « Cela m’a beaucoup inspiré. Après mes études, vu que j’avais réellement la passion pour ce métier, je me suis dirigé vers quelque chose de passionnant et de plus apaisant » raconte-t-il.
Il travaille sur des dessins publicitaires, des dessins de sensibilisations et souvent aussi des dessins d’actualité. Comme M. Zoetaba, c’est sur commande que se font ses productions. « Mes commandes n’ont pas de prix précis » dit-il. Ses clients sont les ONG, les agences de communication et les médias.
Un métier qui ne nourrit pas son homme
Le métier de caricaturiste ne nourrit pas son homme reconnaissent-ils, tous deux. « La plupart des journaux de presse écrite ne nous embauchent pas. Ils disent rencontrer des problèmes financiers et engager un caricaturiste pourrait leur coûter. Donc, cela fait que ce n’est pas simple » avance M. Zoetaba.
L’espoir vient des ONG et des festivals. Dans le cadre des ONG, et souvent aussi des festivals, ils arrivent à voyager à l’extérieur du pays grâce au métier.
« Et voyager aussi, ce n’est pas synonyme de bien être nourri. Franchement, ça ne nourrit pas bien son homme mais on peut dire que la passion compense tout » renchérit M. Bassolé.
Les deux caricaturistes sont unanimes : la presse n’exploite pas suffisamment leurs talents. « Il y a beaucoup de dessinateurs et on n’est pas exploité » déplore M. Bassolé.
Pour cela, ils lancent un cri de cœur : « Que l’État soutienne les organes de presse afin qu’ils puissent nous embaucher pour que nous puissions aussi exercer notre métier et vivre de cela car c’est un travail à la chaîne. Si les organes de presse n’ont pas de soutien, ils ne pourront pas nous engager afin qu’on fasse le travail pour eux » plaide M. Zoetaba.
Quant à M. Bassolé, il souhaite : « Que les organes de presse nationale puissent exploiter les talents qui existent au Burkina ! »