Plusieurs manifestants ont convergé vers l’ambassade de France à Ouagadougou ce 13 décembre 2023. Sous l’égide de la coordination des Organisations de la société civile (OSC), ils ont remis une correspondance adressée au président français Emmanuel Macron. Elle a été réceptionnée par un représentant de l’ambassade. Dans cette, les manifestants exigent l’extradition de François Compaoré, cité dans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.
Par Nicolas Bazié
Ce 13 décembre 2023 qui marque le 25e anniversaire de l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo. Des manifestants sont allés devant l’ambassade de France à Ouagadougou, remettre une correspondance au représentant de l’ambassade.
Dans la lettre, la coordination des organisations de la société civile OSC a « exigé l’extradition de François Compaoré dans de brefs délais ».
La coordination note qu’après 3 ans de procédure, François Compaoré est toujours maintenu en France « sous le prétexte fallacieux que notre gouvernement de Transition n’a pas réitéré les garanties pour un procès impartial et juste.»
Son porte-parole Ghislain Dabiré soutient que « c’est une attitude qui sonne comme une condescendance et un mépris à l’égard de nos institutions et de notre peuple qui est résolument engagé pour sa souveraineté entière et totale.»
Les manifestants accusent même la France de retarder à souhait l’extradition de François Compaoré. Ce qui a fini par «épuiser le temps de patience du peuple », d’après Ghislain Dabiré.
Poursuivi par la justice burkinabè pour des faits d’incitation à assassinat, François Compaoré fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
Le 7 septembre 2023, la Cour européenne des droits de l’homme s’est opposée à l’extradition de ce présumé commanditaire de l’assassinat de Norbert Zongo.
Ce 13 décembre, lors du dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe du journaliste mort assassiné sur la route de Sapouy en décembre 1998, le président de l’association des journalistes du Burkina (AJB) Guezouma Sanogo a reconnu que le chemin de la justice dans ce cas d’espèce est toujours semé d’embûches. « Nous espérons le bout du tunnel pour très bientôt. Ce ne serait que justice, non seulement pour Norbert Zongo et ses compagnons, mais aussi pour les nombreuses victimes », a-t-il dit.
Au cours d’une conférence de presse tenue le 11 septembre 2023, Me Prosper Farama, l’un des avocats de la famille de Norbert Zongo avait interpellé le gouvernement, sur la nécessité de ne pas laisser tomber ce dossier. « Si nous négligeons ce dossier, nous nous mettons tous en péril et demain ne sera jamais meilleur dans ce pays», faisait-il comprendre.
L’avocat avait souhaité que François Compaoré soit présent au Burkina Faso, pour que l’on puisse entendre sa version des faits parce que, « jusqu’à preuve de contraire, il bénéficie de la présomption d’innocence».
Cependant, « je ne serai pas gêné de juger le dossier à son absence. Nous l’avons fait avec le procès Thomas Sankara où Blaise Compaoré n’était pas présent», avait poursuivi Me Prosper Farama.