Une délégation gouvernementale du Burkina Faso a assisté ce vendredi 17 novembre 2023 à Ouagadougou à la reprise officielle du train voyageur. Ce nouveau départ a est accueilli avec enthousiasme au niveau des commerçants à la gare ferroviaire, mais ces derniers restent sur leur soif.
Il est environ 7h 50 mn à la gare ferroviaire de Ouagadougou. Le train passager siffle de nouveau au Burkina après plus de 3 ans d’arrêt dû à la fermeture des frontières pour des raisons de Covid-19.
Tôt le matin du vendredi 17 novembre, un nouveau départ du train voyageur a été donné à la gare ferroviaire de Ouagadougou. A son bord, une délégation gouvernementale composée notamment du ministre des Transports, Roland Somda, du ministre du Commerce, Serge Poda, de la ministre de la Transition digitale, Aminata Zerbo et celui des Mines, Simon Pierre Boussim.
Les membres et d’autres personnalités dont le président de la délégation spéciale de la commune de Ouagadougou, Maurice Konaté, rallieront la ville de Koudougou, située à environ 100 Km par train.
« Avec l’avènement du MPSR2, les plus hautes autorités ont le cri de cœur de la population et instruction a été donnée de travailler à la reprise du train voyageur entre Ouagadougou et la Côte d’Ivoire. Nous avons entrepris les travaux préparatoires avec plusieurs échéances manquées mais le rendez-vous d’aujourd’hui matérialise le début de la mise en route du train voyageur » déclare le ministre burkinabè des Transports, Roland Somda avant d’embarquer
Pas de destination Abidjan en Côte d’Ivoire
Cette reprise du train concerne pour le moment la ligne Ouagadougou-Bobo Dioulasso, faute d’accord des autorités ivoiriennes.
Le ministre des Transports indique que les autorités ivoiriennes disent ne pas être prêtes pour la reprise du train voyageur au « motif que l’infrastructure ferroviaire ne serait pas dans un état acceptable pour permettre l’activité » selon une correspondance adressée au concessionnaire par la partie ivoirienne.
Il ajoute que des discussions sont en cours entre les deux pays pour permettre la reprise effective sur la ligne Ouagadougou-Abidjan « dans les semaines à venir au grand bonheur des populations ».
Au niveau des bénéficiaires, notamment les commerçants à la gare ferroviaire, on estime que cette reprise « est bien, mais ce n’est pas arrivé », pour dire qu’il y a des efforts à faire.
« C’est bien, mais ce n’est pas arrivé. On s’attendait à la ligne Ouaga-Abidjan pour pouvoir nous ravitailler convenablement en marchandises », déplore Zoénabo Sawadogo, commerçante. « Burkina et Côte d’Ivoire, c’est la même famille, nous souhaitons une bonne entente entre les deux pays », exhorte-t-elle.
Tout comme Zoénabo, Mamounata Konfé, est commerçante de fruits et légumes et “d’atiéké” à la gare ferroviaire de Ouagadougou. Elle se ravitaille essentiellement en Côte d’Ivoire.
« Depuis l’arrêt du train voyageur, nos marchandises venaient à travers les véhicules de transport. Nous subissons beaucoup de pertes parce que cela prend du temps. Mais avec le train, en un temps record vous avez vos marchandises en bon état et les clients sont satisfaits » explique Mamounata Konfé.
Chez Rasmané Kaboré, un habitué du train voyageur, c’est un sentiment mitigé. Il dit être ravi d’apprendre la reprise du train voyageur mais qu’il est désolé d’avoir raté le premier nouveau départ. « Je suis venu trouver que le train avait déjà pris son départ. Je voulais aller à Bobo pour rendre visite à mes enfants » dit-il.
Ancien travailleur en Côte d’Ivoire et retraité depuis 1998, Rasmané semble avoir de bons souvenirs du train voyageur. «Mes va et vient entre Ouagadougou et Abidjan se faisait par train à l’époque », se souvient-il.
Une reprise après plusieurs tractations
Le 9 novembre 2023, le gouvernement avait ordonné à la Société internationale de transport africain par rail SITARAIL de reprendre le train voyageur courant ce mois de novembre.
En effet, l’opérateur SITARAIL avait évoqué la situation sécuritaire du pays, la dégradation des infrastructures et également l’absence d’autorisation de la Côte d’Ivoire pour la reprise de chemin de fer pour justifier la cessation de l’activité du train voyageur.
Mais le gouvernement burkinabè informe SITARAIL, d’une part, que le pays a « une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et que les discussions sur l’autorisation de la reprise se poursuivent entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire».
Et d’autre part, en ce qui concerne le mauvais état des infrastructures, les autorités burkinabè indiquent que le Fonds d’investissement ferroviaire a déjà accordé des crédits supplémentaires pour la réparation afin de permettre la reprise du train voyageur.
Quant à l’autorisation formelle des autorités de la République de Côte d’Ivoire pour la reprise de l’activité, le ministre des Transports rappelle que «les mesures étatiques et/ou le consentement entre les deux Etats ne relèvent pas de vos attributions, mais des prérogatives exclusives des deux gouvernements».