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L’Observateur Paalga N° 8469 du 1/10/2013

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Elections en Guinée et au Cameroun : deux faces de la démocratie tropicalisée
Publié le mercredi 2 octobre 2013   |  L’Observateur Paalga


Mali
© Autre presse par DR
Mali : Aux urnes, citoyens !


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En Guinée le 28 septembre 2013, les populations se sont rendues dans les bureaux de vote pour élire les 114 députés qui formeront la future Assemblée nationale. Le 30 septembre de la même année, les Camerounais, eux, élisaient leurs députés et conseillers municipaux. Deux dates majeures pour la démocratie dans deux pays africains.

Mais arrêtons-là la mise en parallèle, même si bien des similitudes politiques existent entre les deux nations.
Si c'est vrai que dans son concept la démocratie a un substrat universel, force est de constater que dans sa mise en œuvre sous les Tropiques, en Afrique particulièrement, ce système de gouvernement renvoie à des réalités bien différentes.

C'est le cas en Guinée et au Cameroun, vus à la loupe des présentes élections :

- en Guinée la démocratie n'a jamais été la tasse de thé des dirigeants, même si le peuple, lui, en a toujours eu soif. C'est pourquoi raisonnablement on peut considérer que la présidentielle ouverte de 2010 constitue un tournant sérieux vers le "pouvoir de la majorité".

Les législatives de fin septembre et les 80% de taux de participation relevés à ce scrutin sont symptomatiques de cette volonté des Guinéens de se doter de dirigeants qu'ils auront désignés et surtout d'institutions républicaines crédibles ;

malheureusement, les clivages ethnorégionalistes, trop béants, exploités par une classe politique plus préoccupée par le pouvoir que par les règles du jeu démocratique, font peser toujours une lourde hypothèque sur cette démocratie balbutiante. Elle a toujours mal à son Etat de droit

L'année zéro de ce "pouvoir du peuple", débutée avec Alpha Conté, connaît des ratés. La démocratie guinéenne est encore embryonnaire, et même menacée. Les élections sont toujours contestées, et le paysage institutionnel est encore incomplet. La Guinée a encore un pas dans la démocratie et l'autre dans les systèmes rétrogrades.

- Au Cameroun toute l'armature démocratique est : Assemblée nationale, conseils municipaux, et même récemment un Sénat. Mieux, des élections régulières se tiennent. Pourtant, à y regarder de près, ça n'est pas la démocratie.

La preuve par l'immobilisme et la sclérose qui ont atteint le système politique. En effet depuis 31 ans, Paul Biya est le deus ex machina politique du pays. Au Cameroun, les présidentielles se suivent et se ressemblent. A l'image de la garde rouge devant le palais d'Etoudi, tout change pour que rien ne change.

La démocratie au Cameroun, c'est Paul Biya et son mastodonte, le RDPC. Bienvenue au pays de l'inertie dont les habitants sont blasés par ces simulacres électoraux, comme le prouvent ces législatives ternes marquées par un faible taux de participation.

Les oukazes des bailleurs de fonds ou des puissances tutélaires contraignent les pays à tenir des élections, considérées comme une fin en soi pour les princes qui nous gouvernent, lesquelles, du fait de l'immaturité et de l'analphabétisme des Africains, sont truquées ou tronquées, ce qui compromet l'ancrage démocratique.

La Guinée et le Cameroun offrent les deux visages d'un Janus africain de la démocratie.

Comme on le constate, en matière de démocratie, il y a plus de ressemblances que de dissemblances entre ces deux pays.

Mais s'il fallait décerner le bonnet d'âne de la démocratie à un des dirigeants de ces deux Etats, il reviendrait au "Machiavel noir" d'Etoudi dont la seule prouesse est d'organiser des élections pour toujours les gagner.


Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

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