Une délégation ministérielle a été dépêchée par le chef du gouvernement, Luc Adolphe Tiao à Gaoua, le vendredi 17 août 2012 à Gaoua pour transmettre un message de condoléances et d’apaisement après les violences nées de la mort suspecte de l’élève Francis Vovorganbana Kambou.
Il était 12 h 30 mn ce vendredi 17 août 2012, quand un l’hélicoptère transportant la délégation gouvernementale, s’est posé sur le terrain du 22e Régiment d’infanterie commando (RIC) de Gaoua. A son bord, les ministres Jérôme Bougouma de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité (MATDS) et Salamata Sawadogo de la Justice, garde des sceaux. Dépêchés par le Premier ministre, ils sont venus présenter les condoléances du gouvernement et de toute la nation à la famille de Francis Kambou et à celles de toutes les victimes de la montée de tension et des représailles suscitées par la mort suspecte de ce garçon âgé de 12 ans. Du 22e RIC, la délégation est d’abord allée s’entretenir, avec des représentants de la communauté peuhle. Avec eux, les ministres ont tenu un discours de paix et un appel à cultiver « le vivre ensemble » qui suppose l’acceptation des autres. S’en est suivi la rencontre avec les forces vives de la région avec pour point de mire les populations de Tonkar représentées par une forte délégation. Les deux ministres ont traduit l’émoi et la compassion du gouvernement et de tous les Burkinabè face à la mort tragique de Francis. « Ce meurtre est un crime abominable qui attriste toute la nation. Au-delà de Tonkar, c’est toute la nation burkinabè qui a perdu un fils » a indiqué le ministre Bougouma. La délégation de Tonkar, est revenue sur les causes des violentes manifestations qui pour elle ne sont que le résultat de plusieurs antécédents, non sans avoir salué l’initiative du gouvernement. En effet, selon la délégation de Tonkar, un cas de fausse accusation de complicité dans un meurtre, des cas de disparitions d’enfants, de vols de bœufs, de destructions de champs soldées par des conflits entre éleveurs et agriculteurs de Tonkar ont précédé « l’affaire Francis Kambou. » La population reproche à certaines autorités administratives leur « laxisme » et leur manque de rigueur dans la gestion de ces questions antérieures qui ont fini par s’accumuler. Et les jeunes par la voix de leur représentant, Patrice Kambou, sans s’écarter de la position des conseillers du village, d’exprimer leur ras-le-bol : « Quand on nous parle de patience, d’incompréhension et de méconnaissance, nous en avons marre. A Tonkar nous voulons la sécurité ». Pour le ministre en charge de la sécurité, Jérôme Bougouma, les situations à l’image de celle qu’a vécue Gaoua ces temps-ci trouvent justement en général leur origine dans les accumulations de frustrations, l’incompréhension et la méconnaissance du fonctionnement de l’administration. Toutefois, a-t-il ajouté, l’obligation de continuer de vivre ensemble doit être le point de convergence et la référence en toute situation, avant de rassurer que toutes les dispositions sont prises par le gouvernement pour qu’il y ait dorénavant plus d’écoute et d’explications en direction des populations. Pour ce qui est du cas de Tonkar, un comité de suivi du dossier sera mis en place selon la délégation ministérielle. La famille de Francis Kambou y sera représentée sans « violation du secret de l’instruction. » Ledit comité tiendra régulièrement des rencontres pour rendre compte de l’évolution du dossier, l’espacement des rencontres étant laissé à la convenance de ces membres. Afin d’éviter une enfreinte à la loi, M. Bougouma a recommandé à la famille de Francis de porter expressément plainte auprès de la justice avec précision, s’il en existe, de toutes les personnes soupçonnées. La Garde des sceaux, Salamata Sawadogo, pour qui l’élément déclencheur de la situation a été la soif de justice, a promis que les paysans de Tonkar qui ont subi des dégâts dans leurs champs seront dédommagés sur paiement de la contre-valeur de la destruction par les propriétaires des troupeaux.
Compassion du gouvernement aux familles endeuillées
A la date du 17 août 2012, le bilan officiel des manifestations faisaient état de 3 pertes en vie humaine sans compter celle de Francis Vovorganbana Kambou. Parmi elles, un blessé grave qui a succombé au Centre hospitalier régional de Gaoua, un commerçant ambulant mort égorgé et un autre mort accidentellement. Un cas de disparition a été également signalé. A l’issue de leur entretien avec les forces vives au gouvernorat, les ministres accompagnés d’une forte délégation locale se sont rendus à Tonkar. Ils y ont encore apporté le même message de compassion du gouvernement à la famille de Francis et particulièrement à la mère, qui les a accueillis en larmes. « Que Francis avec son innocence repose en paix. Que Dieu l’accueille dans son paradis », ont dit les ministres. La délégation a par ailleurs rappelé à la famille du defunt que des instructions ont été données au procureur du Faso et que des investigations seront menées pour retrouver les meurtriers et les punir conformément à la loi. Mais avant tout, le gouvernement invite toutes les familles au calme, à la collaboration et à la confiance en la justice. Les mêmes propos ont été prononcés chez Issa Nikiéma où l’équipe est allée compatir à la douleur des parents suite à la mort du vendeur ambulant. L’on se rappelle que cette mort en plus des disparitions et des dégâts matériels au sein de la communauté moaga, avait entraîné un regain de tension le jeudi 16 août dernier. En effet, des jeunes ont marché sur le gouvernorat pour demander davantage de sécurité. La marche au départ annoncée pacifique a fini par prendre un caractère violent à l’arrivée au gouvernorat. Les vitres du bureau du gouverneur ont été brisés par des jets de pierres. C’est à coups de gaz lacrymogène que les forces de l’ordre mis fin à ces actes de vandalisme. Depuis cette date, les concertations se multiplient et la « cité de Bafudji » s’achemine peu à peu vers une sortie définitive de la crise.