Le procès charbon fin a connu une avancée majeure ce 6 novembre 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga I, avec les débats sur le contenu du rapport d’expertise qui a été présenté au Tribunal à l’audience précédente.
À la reprise de l’audience ce 6 novembre, dans la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance Ouaga I, tous les avocats étaient présents.
La journée commence avec la projection d’un film, montrant le processus de traitement de charbon fin par la société minière IAMGOLD Essakane SA. La présentation est faite par un membre du personnel de la société.
Après le visionnage du film par toutes les parties, Essakane va faire face à un long interrogatoire, portant essentiellement sur la différence de poids donné par la société et les experts lors de la pesée du charbon fin.
Cependant, un détail attire l’attention du juge qui a cherché à savoir ce qui peut bien expliquer le fait que le taux d’humidité à la deuxième pesée du charbon fin a évolué par rapport au taux de la première pesée, puisqu’il y a une différence de 67 tonnes.
À la barre, l’un des experts, Joël Ilboudo soutient que les charbons sont mis dans des sacs entreposés dans les conteneurs et que la variation est «logique».
Selon lui, «l’humidité peut baisser ou augmenter mais, cela ne change pas le corps ».
Ce qui amène le procureur à demander si la balance utilisée par Essakane pour peser le charbon fin était conforme aux normes. Tidiane Barry qui représente la société en qualité de directeur général répond par l’affirmative.
Comme s’il y avait beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire, le procureur fait venir un expert, pour donner d’après lui, une «explication scientifique». Il s’agit du Dr Arsène Yonli.
Mais, pour les avocats de la défense, la qualité de M. Yonli pose problème. Ils font comprendre qu’il n’est pas un expert. C’est un débat qui éclate entre le parquet et la défense.
Me Pierre Yanogo qui est l’un des avocats de Essakane déclare : « Nous sommes totalement opposés à ce qu’il intervienne comme expert dans cette affaire ».
Il est soutenu par son confrère Me Moumouni Kopioh qui fait observer qu’un expert au sens de la loi est reconnu par la loi. « Un expert ne se proclame pas tel», a-t-il dit.
Sauf que Dr Yonli en dehors du présent procès est un expert puisqu’il est inscrit au tableau des experts de la Cour d’Appel de Ouagadougou.
Pour Me Prosper Farama, l’un des avocats de la partie civile, Arsène Yonli a le droit d’éclairer la lanterne du tribunal et peut même, conformément au code de procédure pénale, contester le rapport d’expertise qui a été fait. Et c’est exactement ce qu’il va faire lorsque le juge lui a donné l’autorisation d’éclairer le tribunal.
Dans son exposé, Yonli remet en cause un certains nombre d’éléments ou du moins d’affirmations contenus dans le rapport des deux premiers experts ainsi que dans le film projeté par Essakane.
Pendant de longues minutes, dans un silence total, M. Yonli a décelé des irrégularités dans le processus de traitement du charbon fin par Essakane.
L’audience reprend demain Mardi 7 novembre toujours au TGI Ouaga I.