Dans une déclaration faite ce 31 octobre 2023, à l’occasion de la commémoration de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, le mouvement le Balai Citoyen a estimé que rendre hommage aux 33 martyrs et aux 300 blessés est un devoir non seulement de mémoire mais aussi un rappel à donner suite à leurs sacrifices.
Par Nicolas Bazié
« Hommage aux hommes qui ont payé le prix fort et dont la mémoire ne sera jamais oubliée et sera toujours célébrée», a déclaré le mouvement le Balai Citoyen qui indique que « l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 fut, reste et restera gravée dans notre histoire comme un tournant historique majeur.»
Dans une déclaration publiée ce 31 octobre 2014, le mouvement dit saluer « la mémoire des hommes et femmes qui debout ont sauvé la patrie».
C’est pourquoi, il invite également « tous les patriotes sincères, à rester mobilisés pour réclamer la justice pour les martyrs de l’insurrection populaire; réclamer que les valeurs et les combats qui ont été ceux des martyrs hier ne soient pas piétinés au prétexte de la lutte contre l’insécurité populaire; défendre toutes parcelles de libertés individuelles et collectives inscrites dans la constitution.»
La commémoration de l’insurrection populaire selon le mouvement est « un processus qui célèbre la victoire des patriotes, des hommes et femmes dignes, debout contre l’absolutisme, contre toutes formes de diktat, contre la mauvaise gouvernance, contre la tyrannie, contre le pouvoir à vie, la patrimonialisation du pouvoir, contre la remise en cause des libertés, contre la pensée unique et la dictature des hommes prétendument forts du moment qui se croient tout permis pour que naisse et soit renforcé un état de droit démocratique réel. Un état de droit dans lequel les BURKINABÈ dans toutes les composantes de la société, ont droit de parole et de bonheur partout où ils sont.»
Le Balai Citoyen reconnaît que cet évènement a « permis à notre peuple de faire montre de son courage et de sa capacité à dompter un homme fort, elle a ouvert les perspectives vers un traitement nouveau et le jugement de dossiers emblématiques ( dossier Sankara, dossier Norbert Zongo, dossier Dabo Boukari… ), un ensemble de lois permettant de fonder la bonne gouvernance, l’élargissement des libertés fondamentales, etc…»
Cependant, le mouvement dit constater que 9 ans après cet évènement malheureux, « beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les acquis de l’insurrection populaire ont commencé à être remis en cause, à voler en éclat.»
Au fil du temps, « ce qui constituait des acquis même dans la conscience populaire, a commencé à être suspendu sous l’autel des arrangements politiques morbides et malhonnêtes et plus tard au nom de la lutte contre l’insécurité. C’est d’abord le pouvoir du MPP, lui-même issu des évènements de l’insurrection populaire qui a été un des premiers responsables à balayer du revers de la main, cette victoire historique et le sacrifice des martyrs et de notre peuple», lit-on dans la déclaration.
« Aujourd’hui encore du MSPR 1 au MPSR 2, ces valeurs défendues hier par les martyrs sont malmenées par des régimes de type fasciste qui se succèdent au nom de la lutte contre l’insécurité. Aujourd’hui encore, faisant fi du sacrifice des martyrs, on enlève des personnes sans que les autorités ne s’inquiètent, sans que la justice ne dise mot, on prive de liberté, on dénie aux citoyens et citoyennes de tous bords leurs droits à la parole publique, on assassine petit à petit le pluralisme des idées qui faisait la grandeur de notre peuple, on brocarde les libertés de presse, d’expression, on détruit les droits élémentaires et on remet en cause les droits humains. L’on constate des reculs démocratiques qui hier faisaient notre fierté et les acquis de hautes luttes sont battus en brèche», poursuit le Balai Citoyen.
Selon ce mouvement, «commémorer l’insurrection populaire dans un tel contexte, c’est également redoubler de convictions, de patriotisme, pour que ce qui a été le combat des martyrs ne soient pas absous dans les aventures politiques et les slogans creux. Surtout pas ceux qui chantent la souveraineté, la liberté et qui écrasent les libertés individuelles et collectives sous leurs yeux et pieds.»