Un château en délabrement dont Emmanuel Macron en a fait un temple de la langue française. On peut résumer l’inauguration, hier 30 octobre 2023 à Villers-Cotterêts de la Cité internationale de la Langue française comme un acte culturel fort, promesse du premier mandat du locataire de l’Elysée. Il s’agit pour le président français de mettre en exergue, un document, l’ordonnance de 1539 de François 1er, qui éleva cette langue (le «François») comme langue de textes.
Devant le ban et l’arrière-ban, des politiques et surtout de la crème de la langue francophone, notamment hommes de culture, et académiciens, le président français fait de cette cité une référence, un lieu de culte, et de culture mondiale francophone !
Quid de ce temple francophone vu du continent ? Naturellement, d’aucuns vont emboucher la même trompette que certains académiciens qui parlent «d’un renoncement au multilatéralisme», mais l’Afrique francophone reste francophile et ce, malgré des relations politiques polaires, dans plusieurs pays de son ex-précarré. Au Mali, Burkina, Niger et Guinée, où des militaires ont pris le pouvoir et s’attèlent à une sorte de déconstruction des relations France-Afrique, le désamour est réel. Départ de soldats français, d’ambassadeurs, suspension des vols Air France et discours souvent anticolonial axé sur la France. Les rapports France-Afrique se portent mal, et pourtant paradoxalement, la langue de Molière a toujours bon pied, bon œil.
A l’exception notable du Rwanda, dont les relations avec la France, ont connu des fortunes diverses, à cause du génocide, hormis le pays des mille collines qui a fait du Français, une seconde langue et de l’Anglais la 1ère, un Rwanda qui a rejoint le Commonwealth (alors que c’est une Rwandaise, Louise Mushikiwabo qui est patronne de l’OIF) il n’y a pas de pays francophone, qui n’use jusqu’à présent à fond de cette langue française. Livres, discours, Ecoles même les diatribes antifrançais sont dites en français. La trajectoire de la politique africaine de la France ne suit donc pas celle de la langue. En sera-t-il ainsi dans cette géopolitique évolutive ?