Sous l’impulsion de la Cour du Naaba et en collaboration avec l’Union européenne, le samedi 28 octobre 2023, des artistes ont donné de leurs « voix pour la paix » à Kaya, région du Centre-nord. C’était dans le cadre de la deuxième étape du projet « Nos voix pour la Paix ». Les visiteurs du jour ont, pour ce faire, recueilli les bénédictions des autorités coutumières, procédé à une remise de vivres aux Personnes déplacées internes (PDI) du site Sougr-noma avant d’inviter la population dans la soirée à communier autour d’un concert sur le thème de la paix.
La paix est l’ultime prière de tous les Burkinabè, ces dernières années, compte tenu de la situation sécuritaire marquée par les attaques terroristes. Cela a convaincu la Cour du Naaba à mobiliser des artistes pour lancer l’initiative « Nos voix pour la paix », une manière pour eux de participer au combat de la pacification du Burkina Faso. « Ce projet est écrit depuis trois ans pour impliquer les artistes notamment la musique dans le processus de la cohésion sociale », a confié Alif Naaba.
Ainsi, lancé à Ouagadougou en marge de la cérémonie de clôture des Rencontres musicales africaines (REMA), le projet de paix qui doit voyager dans 8 villes du Burkina Faso a choisi comme seconde étape la ville de Kaya. Un choix qui n’est pas anodin, ladite ville abritant le grand nombre de PDI du fait des attaques terroristes.
Pour que porte le message de paix, les artistes avec à leur tête, Alif Naaba ont d’abord recueilli les bénédictions des autorités coutumières de la ville avant de faire une incursion sur le site de PDI Sougr-Noma de Kaya où ils ont touché du doigt les réalités que vivent ces personnes. Ils n’ont pas manqué de témoigner leur solidarité à ces personnes devenues vulnérables par la force des choses, en mettant à disposition de 20 ménages une tonne de riz et 10 bidons de 20 litres d’huile. « Moi je suis né d’une famille pauvre. Je vois des familles qui ont perdu leur terre, je vois des gens qui sont tristes. Nous allons leur dire que le peuple burkinabè est solidaire envers eux », a lâché, tout ému, Alif Naaba. Mais, il est persuadé : « le Burkina Faso est un pays résilient (…) Grâce à la solidarité, nous allons pouvoir retrouver ce pays dans toute sa splendeur ».
Dans ce sens, il a invité ces PDI et la population à se mobiliser dans la soirée à la Place de la nation de Kaya pour donner de la « voix pour la paix ». Le public ne s’est pas fait prier.
Il est 22h quand le concert commence avec des artistes de la localité. Ensuite, se succéderont Audrey, Hugo Boss, pour secouer le public majoritairement jeune. Certains titres de ces artistes sont repris en chœur par les fans. Tous les artistes portaient le même message dans leur communion avec le public : la paix, la cohésion sociale.
L’artiste Grand Docteur tout comme la Troupe Laafi du secteur 5 de Kaya viendront exploser le public avant que Sydyr de sa voix douce ne vienne changer l’émotion sous le couvert de l’espoir. Fleur poursuivra dans le même registre de paix et d’espoir avant que la cantatrice Abibou Sawadogo ne vienne remettre l’ambiance, non sans appeler les populations à la solidarité, à se soutenir, à la cohésion sociale.
Elle a félicité Alif Naaba pour l’initiative. « La situation que traverse le pays ne plaît à personne. Nous avons chanté la joie, la paix en fondant l’espoir que, d’ici-là, les déplacés pourront regagner leurs localités », a-t-elle soutenu.
Mais les plus heureux étaient les populations qui ont fait le déplacement, elles qui sont restées mobilisées jusqu’à la fin du spectacle. Sabane Gansonré s’est réjoui des émotions partagées au cours du concert.
« Je suis content ce soir. C’était propre et c’est surtout un signe de solidarité pour les difficultés que nous vivons », a-t-il apprécié, priant pour que la zone, voire le Burkina entier regagne sa quiétude d’antan pour que se multiplient ce type d’événements.
Pour sa part, Alif Naaba a essentiellement remercié les artistes qui ont donné de leur voix pour la paix, montré « leur talent, leur humanisme » en véhiculant des messages de paix, de cohésion sociale.
« Nous croyons en une chose, nous sommes convaincus que l’art est un moyen pour ouvrir des fenêtres d’espoir pour notre peuple ; que la musique a toujours été un moyen qui peut apporter un soulagement pour notre peuple et qui pourrait unir nos populations. Les artistes ont des fans partout. Ils sont chrétiens, musulmans, animistes et de toutes les ethnies. Les artistes voudraient que leurs fans puissent se réunir, chaque fois, pour relever le pays, le mettre sur les rails et le conduire vers la paix. Donc, nous sommes sur la bonne voie », a-t-il indiqué.
Enfin, pour cette première étape du projet hors de Ouagadougou, il a également salué la mobilisation du public qui est resté jusqu’à la fin du concert, invitant la ville de Tenkodogo à se préparer à relever le défi de la mobilisation pour la troisième étape du projet.