Souleymane Alio : "Tout ce que je fais, je le fais pour ma famille"

Publié le mardi 24 octobre 2023 | FIFA

© Autre presse par DR
Souleymane Alio, Élu meilleur joueur de la Coupe d’Afrique des Nations U-17 en 2023

Élu meilleur joueur de la Coupe d’Afrique des Nations U-17 en 2023, le Burkinabè Souleymane Alio sera à suivre de très près durant la Coupe du Monde U-17.

Entretien avec Souleymane Alio, international U-17 du Burkina Faso élu meilleur joueur de la Coupe d’Afrique des Nations U-17 de la CAF 2023
Le Burkina Faso est dans le Groupe E avec la France, la République de Corée et les États-Unis
Coup d’envoi de la Coupe du Monde U-17 de la FIFA, Indonésie 2023™ le 10 novembre
Lorsque l’on interroge ses proches, il existe deux Souleymane Alio.

Côté cour : l’introverti, qui ne parle pas beaucoup mais qui pense énormément, à son jeu et à sa famille à qui il espère donner une vie plus paisible grâce à son don. "C’est mon objectif principal, ma famille est ma principale force. Chaque souffle poussé, chaque effort accompli, je le fais pour eux. Mes proches me motivent à livrer chaque jour la meilleure version de moi-même", déclare ainsi le garçon né en Côte d’Ivoire dans un entretien exclusif avec la FIFA.

Puis côté jardin, il y a le joueur d’exception, l'international U-17 du Burkina Faso qui s’exprime magistralement balle au pied. "Souleymane Alio est un attaquant altruiste qui a une excellente vision du jeu", avouait Chabane Camara, son capitaine, en zone mixte après un match des Petits Étalons. "Grâce à sa qualité de footballeur et à ses qualités humaines, je peux vous dire qu'il fluidifie les choses dès qu'il joue. Tout le monde se met au diapason autour de lui."

Une habitude au fond. Depuis son plus jeune âge et quels que soient les échelons, Souleymane Alio est toujours apparu comme le gamin au-dessus de la mêlée. "C'est vrai que lui, c'est une évidence", reconnaissait Lazare Banssé, le président de la Fédération Burkinabè de football, lors du tirage au sort de la CAN sénior.

"Certains jeunes sont matures en dehors du terrain mais quand ils jouent, on se dit 'ah oui, c'est encore un gamin’", confirmait Brahima Traoré, le sélectionneur du Burkina Faso U-17, dans un entretien avec la FIFA.

"Toutes les réponses que donne Alio sont bonnes, logiques, cohérentes. En fait, il a une justesse de jeu qui est très rare à son âge. Techniquement, tactiquement, dans l'engagement : il est bluffant partout. On a l'impression qu'il fait des choses très simples mais dans le détail, c'est bluffant : il enchaîne très vite, pied droit - pied gauche, il est capable de jouer long. Sa justesse est technique, tactique, athlétique et même mentale. Il ne lâche rien, c'est incroyable ! En fin de compte, quand on le regarde, on se dit ‘mais ce n'est pas possible, il ne peut pas avoir que 16 ans ?!’."

Et pourtant, Brahima Traoré a failli passer à côté de ce talent. "Lors de notre première rencontre, il ne m’avait pas fait une grande impression", se souvient le sélectionneur. "Je devais former une équipe pour disputer la Coupe de l’UFOA (Union des fédérations ouest-africaines de football), mais je ne l’avais pas sélectionné. Son coach de l’époque m’a appelé et m’a demandé de lui redonner une chance, ce que j’ai fait, et je ne l’ai pas regretté."

Le jeune attaquant du New Stars FC se souvient de ce moment qu’il définit comme un instant crucial de sa carrière. "À chaque fois que je vis un moment difficile dans ma vie, je repense à cette période", avoue-t-il. "Je me dis qu’à tout moment, lorsque je me présente sur un terrain, je dois tout donner."

C’est avec cet état d’esprit qu’Alio s’est présenté à la Coupe d’Afrique des Nations U-17 de la CAF 2023. "Nous n'étions ni les favoris, ni les outsiders de la compétition, nous sommes arrivés en Algérie en tant que challengers", poursuit-il. "Notre situation s’est révélée encore plus difficile avec le retrait du Soudan du Sud du tournoi. Nous nous retrouvions dans un groupe composé de trois équipes avec le Mali, dont les exploits chez les jeunes ne sont plus à présenter, et le Cameroun, champion d’Afrique U-17 en titre. Nous n’avions pas le droit à l’erreur."

Pourtant, les Petits Étalons vont en commettre une. Un faux pas face justement aux Petits Aigles 1-0. "Malgré la défaite [contre le Mali], je ne nous voyais pas rentrer à la maison. Nous avions fourni tant d'efforts, notre aventure ne pouvait pas se terminer au premier tour."

Au pied du mur, Souleymane Alio et ses coéquipiers devaient se ressaisir face aux Lionceaux Indomptables : "Ce match face au Cameroun est mon meilleur souvenir de la compétition. Le terrain était burkinabè, ce jour-là (rires)." Auteur d’un doublé, Alio repart avec le trophée du joueur du match et permet à son équipe d'accéder aux rencontres à élimination directe. Face au Nigeria en quart de finale, Alio est une nouvelle fois élu Joueur du match.

L’attaquant imprime sa patte jusqu’en demi-finale où il ne peut malheureusement pas s’exprimer, cadenassé par la défense de fer du Sénégal (1-1, 5 tab à 4). Une défaite qui fait office d’apprentissage. "Nous avons tiré des leçons de cette défaite en demi-finale. En Indonésie [à la Coupe du Monde U-17], nous allons montrer un autre visage, nous allons être plus conquérants, car nous allons marquer l’histoire de cette compétition, notre génération le mérite."

Les Petits Étalons ont quitté l’Algérie avec une belle médaille de bronze, remportée après leur deuxième duel face au Mali (2-1) et l’attaquant du New Stars FC a été sacré meilleur joueur de la compétition, à la grande surprise de l’intéressé : "J'ai joué mon jeu et le groupe technique d’étude de la CAF a fait son choix. Je ne m'y attendais vraiment pas. D'autres joueurs, à l’image du Sénégalais Amara Diouf qui a excellé durant cette compétition, méritaient aussi cette récompense. Je salue et reconnais le talent de tous."

Prochain objectif pour le Burkinabè : la Coupe du Monde U-17 en Indonésie. "J’ai hâte d’y être", sourit-il. "Notre préparation se passe très bien [la sélection a effectué un stage à Rabat au Maroc au mois d'octobre]. Il nous reste quelques détails à régler avant de décoller vers l’Indonésie où nous voulons faire de grandes choses."

Après avoir conquis l’Afrique, Souleymane Alio espère mettre le monde à ses pieds.

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