L’Institut Général Tiémoko Marc GARANGO pour la Gouvernance et le Développement (IGD) a organisé ce mardi 17 septembre 2023 un panel à Ouagadougou sur le bilan de la mise en œuvre de la loi sur le quota genre à la lumière des élections de 2020 au Burkina Faso. Il ressort que les femmes restent faiblement représentées en politique et aucun parti politique n’a respecté ce quota en 2020.
Dans le cadre de la mise en œuvre du programme Empowering Women In Politics(EWIP), l’Institut Général Tiémoko Marc GARANGO pour la Gouvernance et le Développement (IGD) a organisé un panel ce mardi 17 octobre pour examiner l’état de la mise en œuvre de la loi sur le quota genre en politique, notamment pendant les élections législatives de novembre 2020.
Il ressort que les femmes restent très faiblement représentées malgré l’adoption de la loi sur le quota genre. Ainsi, aucun parti politique n’a respecté le quota genre de 30% aux élections du 22 novembre 2020, indique Libabatou Anétina, cheffe de service promotion de l’égalité des genres à la direction générale de la promotion de la femme du ministère en charge du genre.
Libabatou Anétina a animé la première communication du panel portant sur le thème : « Bilan de la mise en œuvre de la loi sur le quota genre à la lumière des élections de 2020 : perspectives de réformes ».
Selon la panéliste, les femmes sont très faiblement représentées, quand il s’agit de les mettre en première ligne en termes de positionnement. «Pour ce qui est des candidatures têtes de listes (aux législatives, ndlr) les femmes représentent 17,81% contre 82,42% pour les hommes» explique Libabatou Anétina.
A l’issue des élections législatives, 9 femmes ont été élues députés contre 118 pour les hommes. En effet, parmi les 15 partis politiques qui ont eu des sièges à l’Assemblée nationale en 2020, seuls 2 partis ont pu avoir des femmes élues. C’est à la suite de la nomination de certains députés aux postes ministériels que le nombre de femmes à l’Assemblée va passer à 15.
Les raisons de cette sous-représentation des femmes
Selon le directeur exécutif de l’IGD, Pr Abdoul Karim Saidou, la qualité de la démocratie dépend de la participation de l’ensemble des citoyens, y compris les femmes et les jeunes.
Pourtant, la loi portant quota genre comporte un certain nombre d’insuffisances, dans la mesure où cette loi n’est contraignante vis-à-vis des parties qui ne respectent pas le quota, hormis les sanctions financières.
« L’expérience a montré que les grands partis qui ont suffisamment de moyens pour battre campagne peuvent se passer de la subvention publique de l’Etat et contourner les dispositions de la loi. Le paradoxe est que la plupart des partis qui ont été les plus engagés dans le respect des dispositions de la loi sont des petits partis » explique Pr Abdoul Karim Saidou.
A l’insuffisance de la loi sur le quota genre s’ajoutent les contraintes liées aux pesanteurs sociales, en ce sens que beaucoup de citoyens ne sont pas prêts à accepter que des femmes occupent des postes politiques stratégiques.
«Donc il y a un travail à faire au niveau de la société pour lever ces contraintes structurelles » propose l’ exécutif de l’IGD, qui ajoute que la faible capacité financière des femmes est aussi un facteur qui les défavorise.
Il faut des réformes courageuses, suggère Libabatou Anétina
Pour améliorer la participation des femmes en politique au Burkina Faso, la cheffe de service promotion de l’égalité des genres au ministère en charge du genre, Libabatou Anétina propose des réformes majeures.
A ce titre, elle suggère la prise en compte du quota genre dans la constitution, la révision de la loi en vigueur pour la rendre plus contraignante, la perte de l’intégralité du financement public pour les partis qui ne respecteront pas le ce quota.
Plus loin, la panéliste propose l’abandon du quota genre au profit de la parité, autrement dit, la représentation de 50% de femmes dans les instances décisionnelles.
«Depuis l’adoption de la loi sur le quota genre en 2009, et son application lors des élections législatives et municipales de 2012, 2015, 2016 et sa relecture en janvier 2020, les femmes sont restées sous-représentées. Elle ont toujours été moins de 30%», rappelle Libabatou Anétina
Ce panel organisé par l’IGD s’inscrit dans le cadre du projet Empowering Women In Politics (EWIP) qui a pour objectif d’augmenter la participation, la représentation et l’influence des femmes en politique en Afrique subsaharienne.
La rencontre a réuni des responsables de partis politiques, des alumni des programmes de formation PYPA (Program for Young Politicians in Africa), EWIP, des organisations de la société civile et des représentants d’organisations non gouvernementales (ONG).
Le programme PYPA est mise en œuvre par l’Institut Général Tiémoko Marc Garango pour la Gouvernance et le Développement (IGD) avec le soutien de la Fondation Internationale du Parti du Centre suédois (CIS).