Au tribunal de grande instance de Ouaga 1, ce 10 octobre, se tient F.C, Volontaire pour la défense de la Patrie (VDP). Il est poursuivi pour diffamation et incitation à commettre un délit. Il a publié sur Facebook un message appelant à « rayer de la carte du Burkina », le village de Sakoani, car, selon lui, « tous les habitants du village sont des terroristes ».
« Burkina/ Région de l’Est : Sakoani doit être rayé de la carte. Même les ânes sont devenus des terro laba », tel est le message publié par F. C sur sa page Facebook.
Sakoani est un village situé dans le département de Kantchari, province de la Tapoa, région de l’Est. F.C, agent de santé à la retraite, ne s’y est jamais rendu. Il habite à Dédougou. Mais il est au courant de la situation sécuritaire qui y prévaut du fait de son statut de VDP. Devant les juges, il se confond en excuses.
« C’est un message que je voulais adresser aux terroristes. Je n’ai pas été bien compris. Comme les terroristes traumatisaient les gens, je voulais leur envoyer un message pour les dissuader », s’explique difficilement F.C.
« Si vous dites que les habitants de Sakoani sont des terroristes, vous ne pensez pas que les voisins peuvent les agresser ? », demande le président.
« C’était pour dissuader les terroristes. », rétorque F.C
« Si vous êtes relâchés, pouvez-vous écrire des choses comme ça encore ? », continue le président.
« Jamais. Je me suis mal exprimé », tente de se défendre F.C.
« Vous avez quoi contre les gens de Sakoani ? », insiste le président.
« Je n’ai rien contre la population innocente de Sakoani. Au contraire, je leur demande pardon parce que je me suis mal exprimé », persiste le prévenu.
Le procureur ne croit pas un seul mot du prévenu. « Ce que vous dites est insensé. Dites-nous la vérité. Vous êtes quelqu’un d’instruit. Vous ne pouvez pas vous tromper à ce point ». Le prévenu reste constant. Il affirme s’être mal exprimé. Il voulait adresser un message aux terroristes, pour qu’ils aient peur. Le procureur n’en croit toujours pas un mot. « Ce n’est pas un message que vous avez adressé. C’est une opinion. En tant que VDP, vous lancez un message pour détruire tout un village!?« , martèle-t-il.
Pour le procureur, la culpabilité du prévenu est évidente. Il demande au tribunal de condamner F.C à une peine d’emprisonnement de 24 mois fermes et à une amende d’un million de francs CFA assortie de sursis.
Me Traoré, avocat de la défense, demande la clémence du tribunal. Il évoque également l’absence de l’élément intentionnel. « Son intention n’était pas de s’attaquer aux habitants. Lui-même est VDP. C’est un fonctionnaire à la retraite. Ce n’est pas un activiste. Il ne s’est pas bien exprimé. Ce n’est pas ce qu’il a voulu dire. L’élément intentionnel n’existe pas. Je vous demande simplement de le relaxer », plaide-t-il.
Le prévenu,F.C se confond en excuses, en guise de dernier mot.
« Je vous demande pardon. Tous ceux que la publication a touchés, je vous demande pardon. C’est la première et la dernière fois », s’excuse-t-il.
Le tribunal a décidé de requalifier les faits d’incitation à la commission d’un délit, reprochés à F.C, en mise en danger de la vie d’autrui. Le tribunal le déclare coupable aussi des faits de diffamation et le condamne à une peine d’emprisonnement de 24 mois dont 12 fermes et à une amende de 1 million FCFA assortie de sursis. Il est enfin condamné aux dépens.