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L’Observateur Paalga N° 8469 du 1/10/2013

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Santé et Nutrition: 72 h dans l’univers des chenilles
Publié le mardi 1 octobre 2013   |  L’Observateur Paalga


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© Autre presse par DR
Santé et Nutrition (chenille)


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Qualifiées parfois de «caviar des savanes» et plus connus sous le nom de «shitumus» en langue jula, les chenilles étaient au centre de toutes les attentions du 27 au 29 septembre derniers à Ouagadougou, à l’occasion d’une fête à elles dédiées.Organisée par l’Association pour l’épanouissement de la commune de Bobo (AECB), cette manifestation a été marquée par un engouement certain.Fraîches, séchées et salées, en soupe, ou encore accompagnées de frites, d’attiéké ou de salades, les shitumus pouvaient se déguster sous toutes les formes pendant les «72 heures des chenilles du karité». L’événement, qui a eu lieu du 27 au 29 septembre derniers à la Maison du peuple de Ouagadougou, a été organisé par l’Association pour l’épanouissement de la commune de Bobo (AECB) afin de faire connaître les vers du karité à la population ouagalaise.Les habitants sont venus nombreux profiter de la fête, vendredi et samedi. Dimanche, ils se sont faits plus rares, mais convivialité et musique étaient au rendez-vous. En cette matinée dominicale, Adiba Sawadogo et ses amies étaient assises à une table, à l’ombre, et consommaient avec délice un plat de chenilles agrémenté de frites, d’alloco, d’oignon, de tomates et de piment. Un peu plus loin, Djouma Sanou était en train de se régaler d’une soupe de shitumus : «C’est très bon. On ne trouve pas ce plat à Ouagadougou très facilement, donc on en profite pour le déguster ici».
Un autre visiteur, Martin Bambara, a fait un tour à la Maison du peuple pour se ravitailler d'insectes. «Je viens surtout en prendre pour ma famille, qui les apprécie beaucoup», a-t-il précisé, une poche de quatre kilos de chenilles à la main. Lui est à moitié convaincu : «De mon côté, je préfère quand elles sont séchées, leur aspect me rebute moins que lorsqu’elles sont dans la soupe». Face à lui, parmi la dizaine d’exposants venue proposer des chenilles, se trouvait Adjoké Rokiatou, qui a fait le trajet depuis Bobo-Dioulasso : «Le commerce marche, mais dans l’ensemble, les personnes ici ne connaissent pas bien le shitumu et ont un peu peur», a-t-elle regretté.
Ce constat a été partagé par Arouna Ouédraogo, vendeur de ces insectes depuis de longues années. «J’arrive à écouler 10 à 15 boîtes par jour. Je suis satisfait, même si à Bobo, je vends mieux qu’ici», a-t-il confié. Dans la ville de Sya, c’est certain, les habitants sont familiarisés avec les vers du karité, qui sont ancrés dans les habitudes alimentaires. Depuis presque dix ans, l’AECB y organise une fête des chenilles, dont la dernière édition s’est tenue du 12 au 18 août 2013, et à chaque fois, la manifestation remporte un franc succès.
Dans la capitale du pays des Hommes intègres, l’ambiance est bien différente. «Venir à Ouagadougou, c’était oser, surtout avec la distance et les clichés culturels que les gens ont sur le shitumu», a déclaré le président de l’AECB, Lassina Sanon, lors de la cérémonie d’ouverture vendredi 27 septembre dernier. Mais pour lui, le jeu en valait la chandelle, au vu des nombreuses vertus thérapeutiques et nutritives de ces produits forestiers non ligneux. «C’est très nourrissant, il semble que les vers apportent beaucoup de protéines», a expliqué le conseiller technique du Ministre délégué chargé de l’Alphabétisation, Yacouba Zoungrana, chiffres à l’appui : avec 63 % de protéines, contre environ 60 % pour le poisson braisé par exemple, les chenilles constituent un moyen de lutte contre la malnutrition, selon lui. Et ce n’est pas tout: «Les shitumus soignent, préservent des maladies cardio-vasculaires telle que la tension et agissent également contre la constipation», a-t-il notifié.
Même les Ouagalais les plus frileux en matière d’insectes ont franchi le pas, en grignotant des shitumus cuisinés en gâteaux au goût sucré, ou moulus. La poudre de chenilles, associée à de la farine de maïs, de petit mil, de soumbala, de sorgho blanc ou rouge, peut ainsi servir de base pour les bouillies ou les sauces. «Nous devons insister sur l'apport bénéfique des vers afin que les gens qui avaient encore quelques appréhensions à consommer cet aliment puissent les surpasser», a dit Lassina Sanon.
Outre l’aspect gastronomique, le président de l’AECB a profité de l’occasion pour mettre en avant les richesses culturelles de la région du Houet : «Nous voulons interpeller les autorités pour inscrire le shitumu comme plat exotique dans les menus des hôtels et des restaurants. C’est ainsi que nous pourrons faire connaître nos produits locaux, les valoriser et préserver notre patrimoine». Avant de lancer un appel à lutter contre la déforestation, qui menace la survie des vers.
Les chenilles envahissent les karitiers à partir des premières pluies et se nourrissent des feuilles de l’arbre. Une fois qu’elles ont atteint un certain stade de maturité, elles sont collectées et conditionnées pour l’alimentation humaine. Le commerce est essentiellement assuré par les femmes ; Lassina Sanon a tenu à leur rendre hommage. «Ce sont elles qui se lèvent à cinq heures du matin, vont en brousse cueillir les chenilles, reviennent en ville, les lavent, les font bouillir et les vendent sur le marché. Avec cette fête, nous voulons créer une tribune d’expression qui puisse leur permettre de rentabiliser un tant soit peu les efforts qu’elles fournissent pour cette activité». Si les chenilles ne sont pas récoltées à temps, il est ensuite trop tard : elles se retirent dans leurs cocons, d’où elles ressortiront sous forme de papillons.

Alima Koanda
Maëlle Robert (Stagiaire)

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