Dans le village de Gogo, commune urbaine de Komsilga, située au côté Sud -Ouest de Ouagadougou, Pierre Compaoré est parvenu à dompter la nature en créant un verger sur une colline. Reportage.
Par Natabzanga Jules Nikièma
Il est 10h, le 5 Octobre 2023. Nous sommes au côté sud-Ouest du marché de Gogo. Sur une colline se dresse un domaine d’une superficie d’un hectare et demi environ. Il est délimité par une haie d’Eucalyptus.
La cour est entourée d’un champ de maïs, un jardin et d’un verger dans lequel, seuls des arbres fruitiers sont plantés. Il s’agit des papayers, de la pomme cannelle, des manguiers, deux kolatiers. En réalité, c’est le domicile de Pierre Compaoré, l’agriculteur qui a crée un verger sur une colline.
A l’entrée, un forage est alimenté par une plaque solaire avec un robinet à proximité. Des tuyaux servant de conduites d’eau font jaillir et ruisseler l’eau de partout. « Une colline enrichie de fumure organique est devenu un bas-fond » peut-on constater.
Âgé de 54 ans et père de 4 enfants, M. Compaoré y est installé depuis 10 ans et travaille d’arrache-pied pour verdir la colline.
Avec ses bottes qu’il a portées il se promène dans le verger et retire un jeune plant de pomme cannelle de sa poche. « Je l’ai arraché sous le hangar du chef traditionnel de Gogo. Je vais le planter ici », indique-t-il tout souriant.
« C’est ainsi que je travaille chaque jour et ceci pendant 10 ans pour avoir cette verdure » explique Pierre Compaoré tout confiant.
Peu bavard, nous lui posons beaucoup de questions pour finalement retenir de ses propos que son amour pour les arbres fruitiers vient du fait qu’il veut laisser un héritage pour sa progéniture mais aussi pour les générations futures.
Il dit, entre autres, vouloir qu’on se souvienne de lui pour toujours, qu’il devienne immortel dans la mémoire des vivants à travers ses œuvres et surtout l’utilité de ses œuvres pour ceux qui seront en vie après lui.
« La mort surprend. Je veux que même après ma mort, ma progéniture puisse en profiter et tout le monde d’ailleurs », déclare-t-il les yeux étincelant de joie.
En effet, l’homme n’a pas fréquenté l’école classique. Il nous fait comprendre qu’il vit de son verger et a pu faire des réalisations à base de cela.
« Je travaille avec les membres de ma famille et je n’ai aucun employé que je paie. » affirme M. Compaoré qui n’a non plus bénéficié d’aucune formation ni d’un financement de qui que ce soit. « Tout est parti d’une simple volonté à projeter l’avenir », dit-il.
Le cultivateur atypique mène plusieurs activités avec assolement : le jardinage, la culture maraîchère, l’élevage de porcins et d’ovins.
Dans son verger, « il y a au moins deux cents pieds de goyaviers plantés à base d’une pépinière, une centaine de pomme cannelle et une soixantaine de papayers » selon le décompte fait par Pierre Compaoré.
Quand il achetait le terrain auprès de Boukaré Ouédraogo, se souvient-il, beaucoup de gens se moquaient de lui.
« Ils disaient que c’était une colline et que je n’allais pas pouvoir exploiter. Et c’était un investissement à perte », raconte-t-il.
Le bon samaritain
Déjà de son vivant, tout son entourage vient se servir l’eau courante chez lui. Comme d’ailleurs cette femme déplacée interne appelée Lamoussa Ouédraogo qui explique que Pierre Compaoré un est homme à la fois généreux et impressionnant pour ce qu’il a réussi à faire.
« C’est lui qui nous a accueillis et installés. Il nous a offert un espace à exploiter ainsi que de l’engrais. C’est lui qui a labouré notre champ » déclare Lamoussa Ouédraogo reconnaissante.
Elle a d’ailleurs au nom des autres déplacés internes remercié le cultivateur Pierre.
Quant à Boukaré Ouédraogo, le vendeur du domaine, il marque son étonnement au vu de ce que Pierre Compaoré a fait.
« L’espace est sur une colline. Il a pu dompter la nature en implantant un verger. Vraiment on ne s’attendait pas à cela », dit-il tout en demandant la grâce divine sur sa vie pour qu’il puisse en faire davantage.