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Burkina : procès charbon fin, les cargaisons de matériaux seront ouvertes le lundi 9 octobre

Publié le samedi 7 octobre 2023  |  Libreinfo.net
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© Autre presse par DR
Procès charbon fin : Toujours des irrégularités sur la table
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Le procès charbon fin repris ce 6 octobre 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga I, a été renvoyé au 9 octobre prochain, pour l’ouverture des cargaisons de matériaux «contenant de l’or».

Dès 9h, deux gros conteneurs ont été conduits dans la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga I, sous le regard du procureur lui-même.

C’est le juge qui a trouvé nécessaire que l’on expose ces cargaisons aux yeux de tous : la transparence est de mise surtout quand on sait qu’il s’agit d’un procès de «fraude en matière de commercialisation d’or».

À la reprise de l’audience ce 6 octobre, les débats tournent autour de l’ouverture de ces conteneurs, afin de s’assurer que l’on peut réellement voir les lingots d’or comme l’avait affirmé le procureur à l’audience du 5 octobre.

Si les avocats de la défense sont pressés pour que l’on procède à l’ouverture des conteneurs et au concassage des matériaux, le procureur, quant à lui, estime que par prudence, il ne faudrait pas concasser lesdits matériaux, car, explique-t-il, cela pourrait poser un problème.

Pour lui, une fois les matériaux concassés pour définir la teneur de l’or, la preuve matérielle ne sera plus la même. Il faudra passer par une autre méthode, d’après lui.

Sauf qu’une autre méthode n’existe pas selon les experts. Les avocats de la partie civile semblent être d’accord avec le procureur.

Les avocats de la défense disent niet. Les débats deviennent assez houleux entre les parties. Ils vont même jusqu’à dire que le procureur refuse l’ouverture des conteneurs.

« Nous sommes dans un dilatoire savamment orchestré par le parquet. La justice n’est pas une institution dans laquelle on vient pour s’amuser », a lancé Me Moumouny Kopioh, l’un des avocats de la défense.

Pour lui, il faut impérativement ouvrir les conteneurs pour la manifestation de la vérité. Il dit ne pas comprendre ce que le procureur veut en fin de compte, pourtant, poursuit l’avocat, le procureur a déclaré qu’il y a des lingots d’or dans les conteneurs. «Monsieur le procureur, même le peuple que vous représentez n’aime pas ça», a-t-il dit.

Après cet avocat, c’est Tidiane Barry, le directeur général de la société minière Essakane SA qui, à l’écouter, n’a pas apprécié la réaction du procureur. A la barre, il déclare ceci: « le procureur a dit ici qu’il y a des lingots d’or dans les conteneurs.Pendant 5 ans, on a passé le temps à dire que Essakane a exporté frauduleusement de l’or. Je suis choqué aujourd’hui qu’on s’achemine vers des propositions visant à ne pas traiter le contenu des cargaisons ».

Et au juge d’assurer les parties que les conteneurs seront ouverts et l’expertise se fera comme l’avait demandé le procureur.

Une assurance qui a un peu détendu l’atmosphère dans la salle. Le tribunal fait appel à un huissier de justice, pour qu’il soit témoin oculaire de ce qui sera fait.

Cependant, le juge a voulu savoir si de façon technique et matérielle, dans le traitement de charbon fin, on est censé se retrouver avec des éléments considérés comme étant dans ces conteneurs.

Une question qu’il a posée trois fois avant qu’un expert ne réponde par la négative. « Non, monsieur le président», a-t-il répondu.

Et de faire observer que le charbon fin dans le sens de Essakane SA n’est pas le charbon fin classique. Ce que le tribunal dit avoir du mal à comprendre. « Parlez en français facile», a dit le juge à l’endroit de l’expert.

En effet, « le charbon fin de l’usine d’Essakane est issu de l’effritement du charbon grossier utilisé dans le procédé de CIL (carbon in leach) pour absorber l’or en solution. A cause des transferts et du pompage du charbon, les grains s’écrasent et produisent ainsi du charbon fin à une granulométrie inférieure à 1mm. Les fines sont récupérées dans un épaississeur filtré/décanté et stockées dans des sacs. Le charbon fin comprend du charbon fin récupéré du filtre presse, du charbon fin émotté et des cendres», selon les responsables de la société.

« Est-ce qu’on peut dire avec exactitude qu’il y a de l’or dans les conteneurs ?», a une fois de plus demandé le juge. « Les matériaux contenus dans les cargaisons contiennent de l’or», a répondu un autre expert.

L’audience a été suspendue pour être reprise le lundi 9 octobre 2023, le temps de retrouver les clés des conteneurs en question, pour procéder à leur ouverture.

Par Nicolas Bazié
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