Et revoilà Kidal sous les feux de la rampe ! D'ailleurs cette ville septentrionale du Mali n'a jamais été «pacifiée» contrairement par exemple à Gao et à Tombouctou puisque même durant l'opération Serval, elle a bénéficié d'un statut particulier, qui l'a épargnée des frappes chirurgicales qui ont mis en déroute les bandes djihadistes. En tout cas, depuis 72 heures, le MNLA et l'armée régulière échangent des coups de feu.
Le "la" de cette nouvelle escalade, la première depuis l'investiture d'IBK intervenue le 19 septembre 2013, avait été donné à Fouetta, loin de Kidal à la frontière mauritanienne où des escarmouches meurtrières avaient déjà eu lieu il y a trois semaines de cela.
Puis, il y a eu ces tirs le 28 septembre devant la Banque malienne de solidarité à Kidal et surtout cette explosion de Kamikazes devant un casernement militaire à Tombouctou.
Et voilà qu’hier 30 septembre, toute la journée, les tirs ont repris à Kidal, obligeant la MINUSMA à intervenir pour calmer les esprits.
Pour ne pas arranger les choses, voilà que Kati, la ville-garnison d’où est partie le putsch du capitaine Sanogo, refait parler d’elle.
Sous prétexte d’avoir été les laissés-pour-compte des dernières promotions auxquelles ont été bombardés nombre de leurs frères d’armes, à commencer par l’homme du 22-Mars propulsé général de corps d’armée, des éléments ont tiré en l’air pour se faire entendre, prenant au passage un colonel en otage et dont le sort n’était pas élucidé au moment où nous tracions ces lignes.
Pour un baptême du feu, c’en est vraiment un et peut-être trop pour Ibrahim Boubacar Kéita.
Certes on craignait, tout en espérant être démentis par les faits, que les premiers pas de son quinquennat ne seront pas un long fleuve tranquille.
L’hydre djihadiste, on le sait, ne s’avoue jamais vaincue. Et l’exemple de terrain, comme l’Afghanistan, la Somalie et bien d’autres sont là pour montrer qu’elle sait toujours relever la tête et frapper au moment où s’y attend le moins.
Cette force de résilience bien connue de tous a poussé des pays comme la France à maintenir ses éléments sur place et la MINUSMA à se déployer pour la mission sécuritaire à elle confiée par l’ONU.
Si ce qui se passe au Nord est dans l’ordre du prévisible, l’écœurant, c’est que le Sud se mette de la partie avec ce qui a tout les traits d’une mutinerie à Kati hier.
Tout cela se passe au moment où le nouveau président se trouve à Paris en visite d’Etat. Comment va-t-il réagir à ce coup de boutoir ?
Certes, sa réputation d’homme de poigne est universellement connue et il en a donné la preuve récemment à New York en affirmant qu’il ne travaille pas un pistolet sur la tempe. Tout comme il a aussi déjà tracé la ligne rouge qu’il n’est pas question de franchir dans les négociations pour réconciliation, à savoir l’intégrité territoriale et le caractère unitaire de l’Etat de même que sa laïcité.
Mais s’il reste un chantier sur lequel IBK doit faire preuve de fermeté, c’est la nécessaire refondation de son armée pour en faire une armée républicaine et disciplinée ayant pour nouvelle devise la fameuse formule romaine : arma cedant togae, c’est-à-dire obéissance totale de l’armée à ceux qui la gouvernent.