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L’Observateur Paalga N° 8468 du 30/9/2013

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Année scolaire 2013-2014 : Quelle copie Koumba va-t-elle rendre ?
Publié le mardi 1 octobre 2013   |  L’Observateur Paalga


Koumba
© Autre presse
Koumba Boly Barry, ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation


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Et c’est reparti ! Aujourd’hui mardi 1er octobre 2013 a lieu la rentrée scolaire 2013-2014. Euphorique, comme chaque année, chez les élèves, cartables bourrés de fournitures flambant neuves, heureux de se retrouver après près de trois mois de vacances. Humeur sombre chez bien de parents d’élève pour qui cette date est toujours synonyme de saignée financière afin d’assurer aux mômes, inscriptions, kits scolaires, uniformes, moyens de déplacement...

Bien obligé de préparer la rentrée dans une bien mauvaise conjoncture économique bon an mal an, chacun se débrouille comme il peut pour honorer ses «dépenses de souveraineté». On a beau savoir 12 mois à l’avance qu’il y aura une rentrée scolaire, rarement on a été fin prêt pour affronter cette obligation cyclique. Les onze précédents mois ayant charrié chacun son lot de problèmes à gérer. Et quand on a des moyens modestes, c’est le cas pour la plupart des Burkinabè, on y pense qu’à la veille.

Bref, revenons en classe où la machine scolaire peut redémarrer avec ces vieux problèmes récurrents et ces nouvelles ambitions. Classes pléthoriques, insuffisance du matériel didactique, déficit de personnel et des infrastructures, conditions de vie déplorables des enseignants, baisse générale du niveau... Autant de problèmes dont la liste exhaustive remplirait un cahier de plus de 100 pages.

La particularité de cette année scolaire 2013-2014, c’est la révolution du continuum éducatif avec le «transfert du préscolaire et du post-primaire au ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA)». Décision conforme à la loi N°013-2007/AN du 30 juillet 2007 portant loi d’orientation de l’éducation qui consacre l’obligation scolaire au niveau de l’éducation de base formelle (éducation préscolaire, enseignements primaire et post-primaire) et au décret d’application pris en conseil des ministres le 8 mai dernier. Difficile pour le profane de comprendre grand-chose de ce jargon de grands clercs de l’Administration publique. En français facile, entendez par là, un transfert du personnel, du matériel et des équipements éducatifs des ministères de l’Action sociale et des Enseignements secondaire et supérieur au MENA.

En effet, selon la loi de juillet 2007, l’éducation de base est obligatoire de 6 à 16 ans et comprend donc en plus du primaire, le préscolaire et le post-primaire (premier cycle) qui relevaient respectivement des ministères en charge de l’Action sociale et de l’Enseignement secondaire. Désormais donc, les maternelles, et autres garderies et le premier cycle seront rattachés au primaire. Autre implication de cette loi, c’est l’éventuelle suppression du CEP. Une perspective qui fait déjà des gorges chaudes dans le milieu de l’Education.

Mais tout ça, c’est sur le papier ou plutôt dans le cahier de devoirs de Koumba Boly (ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation). Reste à savoir quelle copie elle va rendre à l’épreuve du terrain car tout le problème est là : Comment cela va-t-il se passer sur le plan pédagogique et matériel ? Comment élèves et enseignants vont-ils s’y adapter ? Il est vrai que pour le moment, la réforme n’est qu’à sa phase expérimentale, mais c’est ce qui va justement déterminer la suite. D’ores et déjà, le Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS), lors de son 22e Congrès, les 27 et 28 septembre dernier, a demandé la suspension du transfert «en attendant que soient résolues les nombreuses questions soulevées et restées sans réponse (sic)».

Il n’empêche également que le secteur de l’éducation qui, paradoxalement devrait être celui où la rigueur est maîtresse, fait depuis l’objet d’expérimentations des plus hasardeuses. Classe multigrade, double flux, tablettes électroniques, que n’a-t-on pas vu en effet avec malheureusement des résultats mitigés de part et d’autre.

A la faveur d’une conférence de presse animée hier lundi, une coalition de 9 structures syndicales d’enseignants a d’ailleurs dénoncé "des innovations aventuristes" comme cette réforme soulignant l’absence de curricula et d’infrastructures et le flou autour du statut qu’auront les enseignants du préscolaire et du post-primaire après le transfert.

L’enseignement supérieur également n’est pas en marge de ces réformes «effet de mode» car on se rappelle du système LMD, brandi comme la panacée universitaire mais qui s’est révélé désastreux faute de préalables dûment réunis. On est allé droit au casse-pipe et cela a fini par désintégrer un enseignement supérieur déjà à l’agonie. A propos d’université, à la faveur de la problématique du Sénat, le gouvernement a pris une batterie de mesures dont la hausse de 25 000 FCFA du FONER, le Fonds national pour l’éducation et la recherche (l’aide passe de 150 000 F CFA à 175 000 F CFA et le prêt augmente de 200 000 à 225 000 F CFA pour le compte de l’année académique 2013-2014) et la mise à disposition du ministère de tutelle de 14 milliards de F CFA pour renforcer les infrastructures.

Mais quand on connaît les besoins astronomiques de nos universités, sans cracher dans la soupe ainsi concocté par Blaise Compaoré, on se demande quels changements notables tout cela va bien pouvoir apporter. Car, pour sûr, il va falloir s’y reprendre plus d’une fois pour retrouver une université normale avec une année académique digne de ce nom après le blanchiment technique qui y a été opéré.

Pour tout dire, les défis sont colossaux mais, excepté la Santé, force est de reconnaître que s’il est bien un secteur qui a besoin de réforme, c’est bien celui de l’Education. En effet, on n’ira nulle part tant qu’on n’aura pas gagné la bataille de l’éducation, et l’émergence ne demeurera alors qu’un vœu pieux. Koumba et Cie sont prévenus !

Hyacinthe Sanou

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