Le sort qui allait être réservé aux pays dirigés par des militaires arrivés au pouvoir après des coups d’Etat à la 78e session de l’organisation des Nations unies suscitait toutes les curiosités sur le plan diplomatique.
Il s’agit du Mali, du Burkina Faso, du Niger et la Guinée, dont les régimes sont cités à longueur de journée comme «indésirables». Au troisième jour de cette session (hier jeudi 21 septembre 2023), c’est le Guinéen, le colonel Mamadi Doumbouya qui a été le premier parmi les représentants de ces pays à s’exprimer à la cette tribune. Alors qu’il était attendu sur dévoiler le chronogramme de la Transition qu’il conduit depuis septembre 2021, le tombeur du Pr Alpha Condé a plutôt servi à son auditoire un discours panafricaniste dans lequel il a déclaré à l’intention de l’Occident que «l’Afrique de papa» est terminée. S’offusquant de ce qu’il qualifie de discours paternalistes des puissances occidentales sur l’Afrique, il assure que les populations du continent sont désormais décidées à prendre leur destin en main pour leur développement. «Nous Africains, sommes fatigués, épuisés des catégorisations dans lesquelles les uns et les autres veulent nous cantonner. C’est pourquoi nous trouvons insultant les cases, les classements qui tantôt nous placent sous l’influence des américains, tantôt sous celle des Anglais, des Français, des Chinois, des Russes et même des Turcs. Nous ne sommes ni pros ni anti Américains, ni pro ni anti Chinois, ni pro ni anti Français, ni pro ni anti Russes, ni pro ni anti Turcs. Nous sommes tout simplement pro Africains. C’est tout !», s’est-il insurgé.
Le fait majeur à signaler en cette journée, viendra de la prise de parole d’un autre pays dirigé par des militaires dont la prise de pouvoir continue à diviser au sein de la communauté internationale. Le Niger dont la participation à cette session était en pointillé a fini par se faire représenter par son ministre des Affaires étrangères, Yaou Sangaré. Mais l’imbroglio provoqué par la contestation du son prédécesseur Assoumi Massaoudou va conduire à l’annulation de son intervention à cette tribune. Suite à cet incident, nombre d’observateurs s’interrogent. Pourquoi avoir autorisé le représentant du Niger à participer à cette session pour après lui refuser la parole ? Y a-t-il eu des pressions de dernière minute pour qu’on en arrive là ? Dans les coulisses, des discussions ont été engagées pour limiter les dégâts de ce qui s’apparente à un incident et on en saura davantage dans les prochaines heures.
En attendant donc les déclarations du Mali et du Burkina Faso, prévues pour les heures à venir, c’est une distribution parcimonieuse de paroles qui semble être en cours à cette tribune de l’ONU. Espérons que l’occasion qu’offre cette 78e session à toutes les nations pour exprimer les attentes de leurs populations et exposer leur vision des relations internationales ne soit transformée en terrain d’affrontements et de règlement de comptes personnels. C’est connu, les sessions et conférences de l’ONU ont perdu de leur superbe, mais il serait déplorable de lui porter d’autres coups qui lui seront fatales.