Réaménagements tarifaires de la SONABEL : « Il n’y aura aucune incidence sur le coût de l’électricité », dixit Simon-Pierre Boussim, ministre en charge de l’énergie
Dans le cadre du traditionnel point de presse du gouvernement, le ministre de l’énergie, des mines et des carrières, Simon-Pierre Boussim, a entretenu les hommes et femmes de médias sur le décret portant fixation des conditions de délivrance de l’autorisation d’installation et d’exploitation de station de recharge pour véhicules électriques et les réaménagements tarifaires de la SONABEL, le mardi 12 septembre 2023, à Ouagadougou.
Le 6 septembre dernier, au titre du ministère en charge de l’énergie, le Conseil des Ministres délibéré sur deux sujets à savoir : le réaménagements tarifaires des gros clients la SONABEL, la réduction des subventions de l’électricité pour une catégorie de consommateurs et sur les conditions de délivrance de l’autorisation d’installation et d’exploitation de station de recharge pour véhicules électriques.
Dans l’objectif d’éclairer la lanterne du public sur leur contenu, ces délibérations étaient au centre du point de presse du gouvernement, animé par le ministre des mines, de l’énergie et des carrières, Simon-Pierre Boussim, entouré du ministre de la communication, de la culture, des arts et du tourisme, Jean Emmanuel Ouédraogo, et de ses collaborateurs, le mardi 12 septembre 2023, à Ouagadougou.
Abordant le premier point, le ministre Boussim a indiqué que l’ensemble des mesures visent à améliorer la performance de la SONABEL. Il s’agit d’abord du réaménagement de la structure tarifaire de la nationale de l’électricité, consistant à déplacer les tarifs élevés de la journée vers la pointe de la soirée et les tarifs moins élevés de la soirée vers la journée.
L’impact recherché ici est d’inciter les gros consommateurs, notamment les entreprises, à déplacer leur demande énergétique de la nuit vers la journée, où ils ont la possibilité de faire usage de l’énergie solaire. Cela a donc l’avantage d’éviter une pression de la demande énergétique (entreprise et ménages) la nuit, a-t-il expliqué.
Il y également la levée de la subvention du prix de l’électricité pour certaines catégories de clients, tels les banques et autres établissements financiers, les sociétés d’assurance, les compagnies de télécommunication, les institutions internationales, les enclaves diplomatiques.
Le but étant de réduire la charge des dépenses publiques, surtout au profit des entreprises qui réalisent des marges bénéficiaires importantes. « En 2022, les entreprises bénéficiaires de la subvention de l’Etat ont réalisé un bénéfice de 700 milliards F CFA. Nous ne pouvons pas continuer à prélever chez le contribuable pour supporter leur consommation d’électricité », a été on ne plus clair le ministre en charge de l’énergie.
Réduire sa dépendance aux énergies fossiles
Toujours dans la recherche de la performance, le gouvernement a décidé de réaménager le tarif pour mauvais facteur de puissance, par une relecture de la police d’abonnement des gros consommateurs. Cela se traduit par le réajustement des pénalités pour mauvaise consommation et la suppression de l’octroi de bonus consistant à réduire le coût de l’énergie des clients exemplaires.
Désormais, ces meilleurs élèves recevront des lettres de félicitations et non des rabattements du coût de leur consommation d’énergie, a fait savoir M. Boussim. A titre illustratif de l’inefficacité des anciennes dispositions, en 2022, la nationale de l’électricité a offert des bonus d’environ 3 milliards F CFA, alors qu’elle n’a recouvré que 1,5 milliard F CFA de pénalités, a-t-il souligné.
La dernière mesure est relative à la possibilité offerte aux industriels et autres gros consommateurs désirant faire des investissements dans le secteur de l’énergie de négocier des avantages sur leur facturation. L’ensemble de ces mesures entreront en vigueur à partir du 1er octobre 2023, a-t-il précisé.
Concernant le second point qui est relatif aux bornes de recharge électrique, il répond à la volonté du Burkina Faso de réduire sa dépendance aux énergies fossiles et de préserver l’environnement, en se tournant vers la promotion et la vulgarisation des énergies vertes (renouvelables), a souligné Simon-Pierre Boussim. Mais l’absence de cadre juridique devant régir le développement du sous-secteur des infrastructures de recharge pour véhicules électriques était un handicap.
Avec l’adoption de ce décret, désormais, la délivrance des autorisations pour l’implantation de ce type d’équipements est réservée au Ministre chargé de l’Energie après dépôt d’un dossier conforme à la réglementation. Et suivant ces nouvelles dispositions, toute personne physique ou morale installée au Burkina Faso pourra bénéficier d’une telle autorisation. Sans oublier les collectivités territoriales qui seront mises à contribution pour le développement des stations de recharges dans les grandes villes de notre pays, a expliqué M. Boussim.
Environ 10 milliards F CFA pour la SONABEL
Ces stations de recharge seront approvisionnées en énergie, soit par un branchement direct du réseau de la SONABEL, soit un approvisionnement par une source autonome de production d’énergie ; et seront déployées dans des endroits aménagés pour ce type d’infrastructures, en l’occurrence les parkings publics, les stations de distribution des produits pétroliers disposant d’espace suffisant, le long des grands axes routiers reliant les principales villes de notre pays, a-t-il précisé.
Ces réaménagements tarifaires n’auront-ils pas d’impact sur le coût de l’énergie chez les ménages, le consommateur lambda ? Non, aucune incidence sur le prix de l’électricité, car les tranches sociales restent inchangées, a rassuré le patron du département en charge de l’énergie. Même pour les gros consommateurs, il ne s’agit qu’un déplacement des tarifs de nuit vers la journée qui ne touche pas les prix, qui restent intacts, a-t-il poursuivi.
Répondant aux journalistes sur ce que la SONABEL gagne à travers ces réaménagements et la levée des subventions pour certains clients, le ministre a fait savoir que le gain est d’environ 10 milliards F CFA par an.
Le Burkina Faso est-il prêt pour cette transition vers ces stations de recharge pour véhicules électriques ? La mise en place du cadre juridique constitue un appel aux investisseurs privés à saisir des opportunités d’affaires qui en découlent, a soutenu le ministre Boussim.
Il a par ailleurs fait savoir que le Burkina Faso dispose de traces de minerais de transition comme le lithium. Mais il reste à réaliser des recherches approfondies pour en savoir davantage.
Sur la question relative à quand le pays des Hommes intègres va définitivement basculer vers les véhicules électriques, il est difficile de répondre, le Burkina Faso n’étant pas producteur mais importateur de véhicules ; tout dépendra des disponibilités sur le marché, a-t-il conclu.