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Capitaine Ibrahim Traoré, chef de l’Etat : « Nous nous battrons jusqu’à la mort pour ce pays »

Publié le vendredi 8 septembre 2023  |  Sidwaya
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© Présidence par DR
Situation sécuritaire : les femmes du Burkina s’engagent aux côtés du Président de la Transition
Ouagadougou, 18 juillet 2023. Le Président de la Transition, Chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim TRAORE a échangé ce mardi dans la matinée avec des représentantes des femmes du Burkina.
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Le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré évoque, dans cette interview diffusée par la RTB/télé le mercredi 6 septembre 2023, son combat contre le terrorisme, l’impérialisme et le néocolonialisme. Actualité oblige, des sujets relatifs au coup d’Etat au Niger, aux récents propos du Président français Emmanuel Macron sur la situation au Sahel sont aussi abordés. La philosophie sankariste et le panafricanisme qu’il épouse n’ont pas été également occultés.

Question (Q.) : Vous êtes un militaire de carrière, professionnel avec une expérience de combat, vous avez choisi le métier de défendre votre patrie et désormais vous dirigez le pays. Peut-on dire que l’armée arrive au pouvoir lorsqu’il devient nécessaire de protéger ou de sauver la patrie ?

Capitaine Ibrahim Traoré (C.I.T.) : Je dirais que c’est lorsqu’il devrait être nécessaire de sauver la patrie. C’est un terme assez important. Parce que si vous suivez l’évolution de notre situation sécuritaire depuis 2015, et nos interventions passées, vous aurez compris un peu ce qui a entraîné cette situation. Il y avait une situation de frustration, celle de la population, due à la mauvaise gouvernance. Le phénomène en Libye a aussi déstabilisé toute la sous-région. Cela a poussé certains à prendre les armes et tout. Nous avons donc observé l’évolution et à un moment donné, nous nous sommes dit que la nation était en péril. En tant que militaires, nous avons prêté serment de défendre cette terre au péril de notre vie. Lorsque la nation est en péril, il va de soi qu’on prenne nos responsabilités et qu’on l’assume pleinement.

Q : Vous êtes arrivé au pouvoir à un moment très difficile pour votre pays. D’après ce que nous savons, les principaux problèmes sont la libération de la dépendance néocoloniale et du terrorisme. Dans quelle mesure ces deux problèmes sont-ils liés ?

C.I.T. : Je dirais que oui, le moment était très difficile. Je sais que certains m’ont demandé comment pouvait-on prendre les rênes d’un pays dans cet état. Je leur ai dit que c’était leur pays, leur patrie. Nous n’irons nulle part, on n’ira pas en exil, nous ne nous rendrons pas dans d’autres pays pour intégrer des légions. Nos ancêtres nous ont légué des terres. Il va de soi que nous léguons de meilleures terres à nos enfants. C’est un devoir. Le néocolonialisme et le terrorisme sont des phénomènes liés. Le terrorisme n’est qu’une manifestation du néocolonialisme. Souvenez-vous que si vous suivez l’histoire récente de notre pays, vous comprendrez que cela a été préparé. Ça a été très bien préparé pour venir encore nous coloniser sous cette forme. Ces barbares, ces violents (terroristes, ndlr) ne sont qu’une manifestation du néocolonialisme. Le combat aujourd’hui, n’est donc pas seulement pour le Burkina, c’est pour toute l’Afrique. La jeunesse est éveillée. Et C’est notre mission de continuer à éveiller la conscience et à lutter contre ce néocolonialisme. Et pouvoir donner un meilleur avenir à nos camarades qui peinent en tout cas à s’en sortir. Si vous prenez l’histoire du Burkina par exemple, sous la Révolution du capitaine Thomas Sankara, regardez comment était notre armée. Nous étions très bien équipés. Savez-vous combien d’avions de chasse à hélices, à réaction, combien de chars de combat avions-nous ? Comment était organisée l’armée ? On était très bien équipé. Après cela, je pense qu’il y a eu un programme (programme d’ajustement structurel-PAS, ndlr) qui a été imposé à nos Etats. On nous a dit de laisser l’armée et de nous concentrer sur autre chose. On a laissé tomber les budgets de l’armée, les régions militaires ont été réduites à trois, ensuite l’équipement n’a plus eu d’entretien. On peut retrouver ici au Burkina les traces de ces blindés abandonnés. Nos armées ont tout simplement été déstructurées. Pendant ce même temps, on a encouragé la mauvaise gouvernance. Et jusqu’à ce jour cela continue. Si en tant que dirigeant, on vient vous proposer des prêts, par exemple un prêt de 50 milliards, vous pouvez voler plus de la moitié, aller déposer encore dans leur compte et investir dans leur pays. Et le reste, vos partisans se le partagent. On ne voit aucun projet concret sur le terrain. Vous voyez, la mauvaise gouvernance déstructurait nos armées. Et après le terrorisme s’invite à la danse. Quand le terrorisme s’invite, on dit que vous n’avez pas d’armée, vous êtes faibles, il faut qu’on vienne vous aider. On vient donc s’implanter, mais l’objectif est tout autre. C’est un schéma très bien préparé. Donc il faut le comprendre.

Q : Le terrorisme est la peste du Sahel. Le vaincre est une question d’existence pour de nombreux Etats de la région. Mais pourquoi n’avons-nous pas entendu parler de terroristes à l’époque de Blaise Compaoré ?

C.I.T. : Il y a plusieurs facteurs. Sous Blaise Compaoré, il y a des terroristes qui logeaient ici. Je sais que vous l’avez appris. Les Iyad Ag Ghaly, chef du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ( JNIM), étaient ici. Beaucoup étaient logés ici, ça c’est un fait. Vous avez aussi pu voir l’influence négative peut-être qu’on a eue dans la sous-région. Les prises d’otages par exemple. Vous savez bien que c’est un moyen de financement du terrorisme. Le Burkina était champion en libération d’otages. A quel prix, je ne sais pas. On a regardé le Mali s’enliser et on ne l’a jamais aidé dans cette lutte. Parce qu’on s’est dit que ça n’engage que ce pays. La sécession des séparatistes qui naissent, et ensuite le terrorisme. Finalement, cela s’est propagé chez les voisins. Donc il y a ce paramètre qui est là. L’autre chose, c’est l’entretien de la mauvaise gouvernance, comme je vous ai dit. Les impérialistes n’aiment pas ceux-là qui pensent à leur peuple. Parce qu’il faut maintenir le peuple dans la domination, dans cette pauvreté, dans cette situation de fragilité pour les assister en permanence. Il faut que ce soit uniquement eux qui vous aident. Sinon vous ne pouvez pas vous en sortir. C’est le discours qui est tous les jours divulgué. Donc il faut des dirigeants qui font cette politique-là. Cela les arrange. Lorsqu’on vient vous faire signer certaines conventions, on vous promet des pourcentages durant plusieurs années. De toute façon, vous en tant que dirigeant et peut-être vos proches, vous êtes bien nantis. Mais et le peuple ? Voilà, c’est ce que nous, nous refusons. Nous refusons et nous ne sommes pas dans cette logique. Donc il y a beaucoup de paramètres qui font que peut-être que lui (Blaise Compaoré) faisait leur politique. Donc il y avait cette stabilité. Mais comme je dis aussi, c’était préparé. Quoi qu’on dise, l’armée s’est déstructurée depuis ces années là. Et le terrorisme est arrivé. Malheureusement, la mauvaise gouvernance a continué jusque-là. C’est un système qui est là. Les armées étrangères se sont installées. On vous impose beaucoup de choses. Si vous n’avez pas le courage de vous en départir , c’est un peu compliqué dans la lutte.

Q : Nous croyons en l’armée du Burkina Faso parce qu’elle fait partie du peuple burkinabè. Vous avez expulsé les militaires français, pensez-vous qu’ils interféraient dans votre lutte ? S’immiscaient-ils dans les affaires d’un Etat souverain ?

C.I.T. : D’abord, il faut peut-être faire une petite enquête avec les jeunes officiers qui étaient sur le terrain. C’est-à-dire enquêter, pour voir quand ils manœuvraient avec ces contingents-là, quelle était la situation. Lorsqu’on lutte contre le terrorisme, on ne fait pas semblant. On ne fait pas semblant. Mais sur votre territoire, lorsque par exemple vous devez manœuvrer. Et arrivé à des endroits qu’on appelle peut-être l’os, la partie dure, où nous voulons nous rendre et on vous dit de ne pas y aller. Vous devez vous arrêter là. C’est un problème. Enquêtez sur ce fait. L’autre chose, est que lorsque le contingent démontait, nous nous rendions compte du contenu de l’arsenal qu’ils avaient ici. Les avions de combat et autres. Mais c’est quand même un peu bizarre de voir que avec tout ce materiel, des colonnes de terroristes viennent, attaquent et repartent. Aujourd’hui, ils (les soldats français) ne sont pas là mais nous parvenons à détecter, à frapper ces colonnes terroristes. Donc il n’y avait pas de sincérité en fait. Voilà pourquoi nous avons décidé de lutter nous-mêmes. On sait que c’est dur. Mais c’est la meilleure solution.

Q : Vous avez proclamé une nouvelle conception de la défense de la patrie basée sur votre propre force, celle de votre peuple. Cela signifie-t-il que la politique du pays devient non-alignée et qu’il n’y aura plus de bases militaires étrangères ni de personnel militaire étranger sur le territoire ?


« Plusieurs idées déjà développées par le capitaine Thomas Sankara sont d’actualité aujourd’hui ».
C.I.T. : Cette politique ne concerne pas uniquement la défense. Nous avons décidé de tout faire de façon endogène. Même l’économie. Si vous suivez l’actualité, vous comprendrez que quand on met en place l’APEC (agence pour la promotion de l’entrepreneuriat communautaire) par exemple, c’est pour financer notre propre économie. La défense aussi c’est pareil. Vous allez jusqu’aux ressources naturelles, on veut l’exploiter nous-mêmes. On ne veut pas continuer à laisser dilapider les ressources. Il faut qu’elles profitent aux Burkinabè. Donc en matière de défense, c’est normal. Nous avons été à un niveau assez critique dans ce conflit. Voilà, ce terrorisme-là qui endeuille nos familles. Il va de soi qu’on essaie d’impliquer tout le monde. Et ce n’est pas la première fois que ça arrive. Je suis déçu de voir certaines personnes. En fait, c’est cela aussi l’impérialisme. On tente toujours de vous dire que vous devez faire ce qu’ils veulent, mais pas réfléchir de vous-mêmes pour trouver une solution. Et même quand la chose se manifeste de façon concrète, ils ont toujours tendance à vous dire que ce n’est pas la même chose. Parce que peut-être eux, ils sont des êtres supérieurs, suprêmes par rapport à vous. La Seconde Guerre mondiale, toutes les deux guerres d’ailleurs, nos parents y étaient ; des civils. Ils sont allés aider la France. Ils ont combattu. Allez-y aujourd’hui en France, vous allez trouver des places carrément baptisées avec le sang de nos martyrs. Mais c’était des civils. Est-ce qu’ils étaient même volontaires? Non. On les a prélevés de force pour aller défendre la France. Aujourd’hui, c’est décevant de voir que ces mêmes dirigeants français disent que nous engageons des civils. De qui se moque-t-on? Et d’ailleurs, je pense que récemment, ils ont adopté un texte similaire. La législation générale, si on peut dire. Donc nous n’avons pas ce droit. Allez-y comprendre. Donc c’est dans ce contexte que nous avons décidé de lutter, de façon endogène. Nous comptons sur nos propres forces. Et aussi, nous avons de nouveaux partenaires qui nous appuient de façon technique en termes d’équipement. Voilà un peu le concept. Donc ce n’est pas uniquement la défense, il y a l’économie et beaucoup d’autres domaines. C’est une approche endogène. Et nous avons la capacité.

Q : La diffusion de plusieurs radios est interdite dans le pays. Des opinions apparaissent dans la presse occidentale sur le manque de liberté d’expression au Burkina Faso…

C.I.T : Liberté d’expression ? Eux, ils ont fermé des radios aussi, non? Vous savez que même en 2022, 2023, ils ont fermé des radios? Donc la liberté d’expression doit s’imposer chez nous et non chez eux ? Là, il y a problème. Ou bien, ne sont-ils pas des êtres au même titre que nous ? Lorsqu’ils ont jugé que les radios ne leur sont pas favorables ils les ont fermées. Mais ici, les radios qui font des propagandes, qui cherchent à donner plus de poids à l’ennemi, à faire amplifier le conflit nous allons les fermer. Ce n’est pas seulement des médias occidentaux.Même les radios locales qui s’alignent dans le sens de l’impérialisme, seront fermées. Il n’y aura pas de sentiments sur ce volet. Parce que tout ce qu’ils divulguent, la propagande qu’ils font, tend à chaque fois à donner une autre vision du conflit, ensuite à l’amplifier à donner une autre idée du conflit. Ils veulent changer la mentalité de nos peuples. Tout ce qu’ils disent, c’est dans ce sens. Ecoutez très bien actuellement les événements qui se passent. Lorsqu’ils prennent la parole, ces journalistes-là, ces partisans… Nous ne pouvons pas accepter cela. Nous sommes en guerre et en temps de guerre, il y a une communication à faire. Aujourd’hui, quand vous suivez les conflits à travers le monde, lorsque ces journalistes commentent, vous savez de quel bord ils sont. Nous avons aussi ces droits. Nous voulons des gens qui vont communiquer, qui vont encourager nos forces, qui vont encourager le peuple qui est très résilient à maintenir la pression, à tenir bon pour qu’on y arrive. Tous ceux qui viendront, qui seront dans le sens contraire, ne seront pas acceptés.

Q : Très symbolique- capitaine Sankara et capaitaine Traoré. La patrie ou la mort, nous vaincrons. Ai-je bien compris que votre démarche vers la libération de la dépendance post-coloniale s’inscrit dans la continuité de la démarche de votre prédécesseur le capitaine Sankara ?

C.I.T. : La phrase « La patrie ou la mort, nous vaincrons », veut tout dire surtout dans ce contexte. Il faut retenir que le camarade Président Thomas SAnkara a mené une lutte pour la liberté. Une lutte en faveur de tous les peuples opprimés de l’Afrique. Oui, nous menons les mêmes combats. Plusieurs idées déjà développées par le capitaine Thomas Sankara sont d’actualité aujourd’hui qu’on le veuille ou pas. Vous saviez que sous la révolution du Burkina, on mangeait à notre faim, on exportait. Et on écoulait la pomme de terre, les céréales etc. L’armée se portait très bien. Elle était bien équipée. Il a mené des combats justes pour le Burkina et pour l’Afrique et un peu partout dans le monde. Nous prenons le bon exemple. Et nous essayons d’améliorer et d’adapter à notre contexte. Donc quelque part, on peut le dire ainsi. Il n’y a que cette piste pour révolutionner nos vies. Et toutes les grandes nations de ce monde sont passées par la révolution pour être là où elles sont aujourd’hui. Nous sommes conscients qu’en appliquant un peu de ce qu’il a fait, par exemple, l’autosuffisance alimentaire, nous pouvons y arriver toujours et nous sommes dans ce schéma-là.

Q :La situation autour du Niger. Le risque de guerre dans la région. Vous avez soutenu le peuple nigérien dans son choix. Comment comprendre que vous n’ayez tout simplement pas eu le choix de soutenir le Niger dans sa lutte contre le néocolonialisme français ?

C.I.T : Si vous partez à Niamey, et vous revenez par exemple à Fada, vous allez toujours vous croire dans la même ville. Nos peuples sont les mêmes. C’est une réalité. En Afrique de l’Ouest ici, ce sont les mêmes peuples. Ce que refusent de comprendre bon nombre de personnes. Secundo, on ne peut pas laisser les sanctions s’appliquer au peuple nigérien. Certains ont qualifié ces sanctions d’inhumain. Elles sont plus qu’inhumaines.Quand on pense que ce sont des gens qui parlent des droits de l’homme et qui appliquent ces sanctions à un peuple, l’empêchent de se nourrir, de se soigner, de quel droit de l’homme est-ce qu’on parle ?C’est un devoir pour nous, ce sont nos frères. S’ils ont faim et que nous avons à manger, on va leur en donner. C’est le principe de base en Afrique. Lorsqu’il y en a pour un, il y en a pour deux. On peut couper nos rations et leur donner. S’ils sont malades, on peut leur donner des médicaments. Nous allons le faire autant que nous pouvons. Donc, nous soutenons fortement le peuple nigérien. Sur le volet sécuritaire, il faut dire qu’on est lié. Nous ne devons pas laisser le Niger se désintégrer. Regarder la Libye en son temps. Tout le monde a laissé faire. La Libye s’est désintégrée. Où en est-on maintenant ? Tout s’est répercuté ici et nous voilà dans des problèmes. On va encore laisser le Niger se désintégrer ? Non. Je disais que nous avons commis des erreurs. Si le Burkina avait soutenu sérieusement le Mali en son temps, soutenu le Niger, le terrorisme n’allait peut-être pas arriver chez nous. Mais parce que les gens à l’époque ont peut-être reçu les instructions de rester là pour que ça se déporte chez nous aussi. Nous avons bien compris la leçon et ça ne va pas arriver une deuxième fois. Donc, la sécurité du Niger, c’est notre sécurité. Voilà pourquoi nous tenons à sauver ce peuple, pour qu’il ne connaisse pas une certaine souffrance. Voilà un peu notre position. Bien sûr, nous avons décidé, en conseil des ministres, de passer à l’Assemblée pour qu’elle décide. Nous essayons de suivre les règles. De toute façon, bien avant, nous opérions très bien avec l’armée nigérienne. Et à un moment donné, le Président déchu, Mohamed Bazoum a décidé de ne plus coopérer et ça nous posait des problèmes parce que ceux qui nous attaquent de l’Est quittent le Niger, ils viennent opérer et repartent tranquillement. Mais aujourd’hui, déjà avec le pouvoir actuel nous avons la possibilité de les poursuivre jusque sur le territoire nigérien. Donc c’est déjà très bien. Et maintenant, si le peuple nigérien est attaqué nous allons nous y opposer. Ceux-là qui s’excitent, vous savez bien qu’ils n’ont même pas consulté leur assemblée. Il y a une assemblée à la CEDEAO, elle n’a pas été consultée. Donc ce sont des chefs d’Etat qui décident d’aller en guerre parce qu’on leur a dit d’aller en guerre. Eh bien, nous, nous sommes prêts aussi.

Q : La libération de la dépendance post-coloniale est un élément important de votre politique. Craignez-vous que cela puisse conduire à un certain isolement, à une pénurie par exemple de matériel, de personnel qualifié, de formation, de médicaments ?

C.I.T. : Tout le monde lutte aujourd’hui pour un monde multipolaire. Donc nous avons des partenaires dans le même sens. Nous ne pouvons pas être isolés. Au contraire, cela renforce nos liens avec d’autres pays. Le néocolonialisme, c’est de l’esclavage. Cela doit s’arrêter. de nombreux peuples sont dans cette lutte. Je ne pense donc pas que ce combat puisse nous isoler. Et d’ailleurs nous avons des capacités. Nous avons des potentialités. Nous avons beaucoup de choses que nous pouvons développer nous-mêmes. Quand vous êtes isolés, vous n’avez pas le choix. Vous êtes obligés de tout développer. Nous en sommes capables aussi. Nous n’avons donc aucune crainte.

Q : La tendance principale de la politique de la plupart des Etats africains est le désir d’entretenir des relations amicales avec tous les pays. Pouvez-vous améliorer les relations avec la France ? Que doit faire la France pour faire du Burkina Faso son ami encore ?

C.I.T : De toute façon, nous ne sommes pas ennemis avec le peuple français. C’est la politique de ceux qui dirigent la France qui pose problème en Afrique. Donc, tant qu’un Etat n’est pas dans un esprit impérialiste, dans un esprit esclavagiste, il n’y a pas de problème. Mais tant qu’il y aura cette idéologie de ces esprits-là, cette idéologie, il y aura problème. Il faut qu’on accepte de se regarder d’égal à égal. C’est un principe de base. Il faut qu’il y ait le respect. Il faut qu’on accepte de revoir toute notre coopération. Parce que depuis les indépendances, les années 60, on a placé des gens qu’on maîtrise à la tête de certains Etats. On a amené les gens à signer de nombreux accords qui nous empêchent de nous développer. Et quand on dit développer, la première chose pour nous-mêmes, c’est de pouvoir manger, faire manger le peuple à sa faim et de le mettre en sécurité. Tout ce qu’il y a en Europe ou ailleurs, on peut l’avoir ici. Rien ne nous manque. Nous avons toute la matière première. Nous avons tout sur place. Et nous avons de l’intelligence aussi pour transformer, pour faire beaucoup de choses. Si les gens sont prêts à ce qu’on relise tous ces textes, d’accord. De toute façon, on est en train de les dénoncer un à un. Nous n’accepterons pas tout texte qui est contraire aux intérêts du peuple. Donc, il y a des principes de base qu’il faille respecter pour qu’on ait de très bonnes relations. Ce n’est pas uniquement la France, mais avec n’importe quel Etat. La France n’est pas le seul Etat impérialiste. Il y en a d’autres qui se cachent, mais ils savent ce qu’ils nous font. Et on sait aussi. Avec tous ces Etats, il faut que les gens changent la formule et qu’on se respecte. C’est important.

Q : Que pensez-vous des propos du Président français Emmanuel Macron sur le coup d’Etat au Niger ?

C.I.T : Je m’attendais à ce que les journalistes, peut-être les journalistes au Burkina commentent ce qu’il a dit. Pourquoi tant d’acharnement? Il y a eu beaucoup de coups d’Etat. Et puis quand on dit coup d’Etat, ce n’est pas uniquement militaire. Pourquoi quand les civils font leur coup d’Etat, on ne parle pas? Ce sont aussi des coups d’Etat parce que s’il y a des textes écrits qu’on appelle constitution, qu’on doit respecter parce qu’on a juré, on a prêté serment. Ces civils font des coups d’Etat, on n’en parle pas. On les encourage. Ils tuent leur peuple. Il n’y a pas de droit de l’homme. C’est normal. Ils sont reçus, on déroule des tapis rouges. D’autres militaires même, sont encouragés. Mais pourquoi au Niger il y a un problème? Il faut qu’on se pose la question. Ou bien on n’a pas le droit de réfléchir ? On n’a pas le droit de se réveiller ? Il y a un problème. Moi je ne vais pas commenter ses propos qui j’attends c’est que nos différents médias panafricains commentent ces propos qui contiennent beaucoup de messages . Et on a très bien compris.

Q : Le Burkina Faso aspire à une politique neutre et hors bloc. Actuellement le Président azerbaidjanais Aliyev dirige le mouvement des pays non-alignés. Avez-vous des souhaits, des demandes, des conseils pour ce mouvement ?

C.I.T : Les Etats non alignés sont des Etats qui aspirent à un monde multipolaire. Un monde où on ne s’ingère pas dans les affaires de l’autre. Voilà. L’Azerbaïdjan a prouvé qu’il peut. Aujourd’hui l’industrie militaire se développe très bien. Beaucoup de choses se développent très bien. La production, l’économie, tout se passe très bien là-bas. C’est ce qu’on demande en fait. Un développement endogène. Tous ces Etats non-alignés luttent dans ce sens. Nous apprécions beaucoup cela. On essaie d’en tirer le meilleur profit. Et si on peut se rapprocher de ces pays, ce serait l’idéal en fait.

Q : Vous êtes devenu un icone pour le peuple africain. Et cela est constaté sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

C.I.T. : Je n’arrive pas à suivre les réseaux sociaux. c’est un combat que nous menons. Pas pour le Burkina, mais pour tous les peuples qui aspirent à cette indépendance réelle. Et on espère pouvoir donner le meilleur de nous-mêmes. Et être à la hauteur et ne jamais trahir ces peuples qui nous suivent très loin. Et donc nous espérons pouvoir donner le meilleur de nous-mêmes.

Q : La patrie ou la mort, on va se concentrer sur la victoire ?

C.I.T. : Je vous disais tout de suite que ce n’est pas juste une phrase. Quand nous le disons, c’est avec conviction. La patrie ou la mort, nous vaincrons. Nous sommes prêts au sacrifice suprême. Nous nous battrons jusqu’à la mort pour ce pays. Nous avons prêté serment pour ça et nous le ferons. Je vous disais que si nos ancêtres nous ont légué des terres, c’est notre devoir de les léguer à nos petits-fils, et de meilleures terres. Donc la patrie ou la mort. Mais nous nous battrons jusqu’à la victoire. Parce que nous sommes convaincus que nous allons vaincre. Et nous allons vaincre. Ça c’est une certitude. Ce n’est pas juste une phrase. C’est un symbole qui contient beaucoup de choses. Nous sommes convaincus pour ça. Donc je vous dirais encore la patrie ou la mort, nous vaincrons !
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