Cela se passe à Ronga, localité située à 15 km, de Ouahigouya dans la commune de Koumbri ; une querelle autour du métal précieux qu’est l’or. Même fermé en cette période d’hivernage, le site d’orpaillage de Ronga fait des remous dans la région du Nord. Le commissaire de police de Koumbri, le concessionnaire et les mineurs sont à couteaux tirés. Les trois parties s’accusent mutuellement d’être à l’origine de troubles. La police y a donc fait un tour.
« Le 22 août 2013, la police de Koumbri a mené une opération sur le site et nous a traqués. Elle a confisqué nos minerais et nos matériels de travail. Ils ont rassemblé nos cordes pour exiger à chacun une somme de 5000 F CFA. Nous étions plus de cinquante à être concernés. La deuxième opération a lieu le 16 septembre 2013. Ce jour également nous avons payé chacun 2000 F CFA pour entrer en possession de nos cordes», nous a confié Boureima Ouédraogo, responsable régional du Syndicat national des orpailleurs artisanaux et traditionnels du Burkina.
Ceux qui insistent veulent des problèmes avec la police
Le climat se dégrade sur la colline. Une crise de confiance s’installe. Les orpailleurs ont jugé nécessaire l’intervention du chef de Ronga pour apaiser les tensions. « Ils sont venus me voir effectivement pour intervenir auprès du commissaire afin d’apaiser le climat. A ma connaissance il n’y a plus de problème. Ceux qui insistent veulent des problèmes avec la police. A part les petits vols que nous connaissons il n’y a jamais eu de problèmes sur le site. Le commissaire leur avait conseillé de faire les petits travaux, juste pour pouvoir subvenir à leurs besoins car dit-il les temps sont durs en période d’hivernage », rapporte le naaba Tigré de Ronga. Après le chef, les mineurs sont repartis voir le commissaire pour savoir où est passé leur minerai saisi. « Quand nous sommes allés pour mieux comprendre, le commissaire nous a dit que le concessionnaire du site, en la personne de Hamidou Ouédraogo dit Djioni, représentant de SOMIKA à Ouahigouya, est venu le voir et a demandé à ce qu’on ramène le minerai sur le site car il dit en être le propriétaire », affirme Mahamadi Sawadogo, trésorier du bureau syndical. « Cela nous laisse croire que l’intervention de la police sur le site est sous sa responsabilité », souligne-t-il.
Nous n’avons pas voulu être rigoureux
Approché sur cette question Hamidou Ouédraogo dit n’être au courant de rien. Selon lui, « le site doit être présentement fermé et personne n’a le droit d’y travailler ». A lui d’ajouter « que la police a le droit de mener des opérations sur le site ». Puis, il précise qu’en tant que concessionnaire il achète l’or et non le minerai. Pour lui donc, « ceux qui se plaignent sont tous des anciens acheteurs en faillite ».
Mais comment en est-on arrivé à cette situation quand on sait que le site d’orpaillage est fermé durant la période du 30 juin au 30 septembre ? Le commissaire de police de Koumbri explique : «il est vrai que les sites sont fermés en saison pluvieuse mais nous sommes tous des humains et nous ne pouvons rester insensibles à leurs doléances. Nous avons effectué l’opération et les minerais ont été saisis et convoyés chez nous au poste du commissariat. Mais nous n’avons pas voulu être rigoureux. Nous leur avons restitué à chacun la moitié de son minerai. Quand le concessionnaire est venu nous demander de le lui revendre, nous lui avions dit de retourner voire les miniers.» En attendant la solution, la « guerre » des trois continue.