Les accidents de la circulation constituent un “mouroir” permanent dans la ville de Bobo-Dioulasso. Malgré la fréquence des décès dus aux accidents de la circulation, Bobo-Dioulasso reste et demeure la vedette face à ce mal qui tue économiquement et socialement. Analyse.
« La route tue ». Vérité mondiale, cette idée relève du quotidien à Bobo-Dioulasso. Dans la seule ville de Sya, de janvier à ce mois de septembre 2013, il y a plus de 70 morts par accident. En effet, fin août 2013, quand nous rencontrions l’Officier de police, Ardiouma Sanou, chef de la section des accidents dans la ville de Bobo-Dioulasso, ses statistiques nous donnaient 70 morts par accidents. De cette date, à aujourd’hui, nous sommes à près de 75 morts. Car deux jeunes ont été écrasés par une benne (ils se rendaient au cimetière) et notre confrère Boua Ouattara du journal Djiguiya est mort des suites d’un accident, tous en ce mois de septembre 2013. En 2012, à la même période, les statistiques donnaient 69 morts. Le constat est que les chiffres grimpent d’une période à une autre. En 2011 par exemple, la section des accidents a enregistré 78 morts par accident contre 92 cas en 2012. Si au troisième trimestre de 2013 nous enregistrons 75 morts environ, d’ici la fin de l’année, nous en serons à combien ? Surtout quand on sait que “le clou” des accidents se produit les fins d’année. A la même période (troisième trimestre), les accidents produits par les véhicules à 4 roues étaient de 67 cas en 2012. Par contre, ceux des engins à deux roues étaient 948 cas. Ce qui veut dire que les accidents qui impliquent les deux roues sont les plus fréquents. Dès lors, une solution palliative ne peut-elle pas être trouvée pour réduire les accidents qui constituent un problème de santé publique ? En effet, un parent accidenté est une source de dépenses pour sa famille, son service ou même pour sa communauté. Une fois sur un lit d’hôpital, l’accidenté non seulement ne produit plus, mais aussi a obligatoirement besoin de soins et d’une prise en charge. Partant de ces constats, les accidents de la circulation doivent être une préoccupation pour tous.
Code de la route ? Bobolais s’en fout !
« Nos effectifs ne nous permettent pas de mettre des policiers partout où nous en avons besoin », parole de Marcel Paré, directeur régional de la police nationale dans les Hauts-Bassins. Même si le DR avait des policiers à mettre partout pour réglementer la circulation, nous doutons fort que les usagers puissent leur obéir. « A Bobo, les gens ne sont pas tolérants », disait Ardiouma Sanou, chef du service des accidents. L’officier Sanou n’a pas tort à notre avis. Le problème des accidents à Bobo est lié au comportement des Bobolais. Le Code de la route n’est pas nécessaire pour les usagers. 50 kilomètres/heure. C’est la vitesse à ne pas dépasser en agglomération. A Bobo, cette règle n’est pas d’actualité. Aussi, il n’est pas rare de voir des gens filer à une vitesse incroyable au centre-ville. Les feux tricolores, les panneaux Stop, le sens giratoire…, importent peu pour le Bobolais. En clair, le Code de la route, Bobolais s’en fout ! Par conséquent, tous ceux qui tentent d’obéir au Code, l’apprennent très souvent à leurs dépens. Sinon, 75 morts par accidents de la circulation en moins d’une année, c’est trop ! De janvier 2013, à la date d’aujourd’hui, combien de personnes sont mortes par attaque de bandits dans la ville de Sya ? Combien sont-elles pour la région ? Rares comme les “larmes de crocodiles”, grâce à l’action des forces de sécurité. Les attaques à mains armées constituent une insécurité pour tous. Si nous prenons au sérieux ces attaques, alors, pourquoi négliger les accidents de la circulation qui tuent plus ?
Propositions
Si nous partons du fait que le comportement des usagers est la cause maîtresse des accidents de la circulation, une éducation propice permettrait sans doute de réduire le mal qui nous guette tous. De l’autorité communale aux plus hautes autorités en passant par les décideurs provinciaux et régionaux, des actions concrètes peuvent être menées.Très souvent, les morts par accident sont dues, soit à l’excès de vitesse, soit au manque de protection. Le maire et ses collaborateurs peuvent par exemple faire de la sensibilisation sur le Code et en faire une priorité de gestion. Le port des casques par les populations peut également être un élément clé de la sensibilisation. Ne jamais rien imposer, mais convaincre la population par une approche participative. Les autorités provinciales et régionales peuvent être sollicitées pour réussir la mission. Nous sommes persuadés qu’avec le temps, la population va finir par comprendre. Quant aux plus hautes autorités de ce pays, le Code de la route introduit au niveau des programmes scolaires ne fera pas du mal au peuple. La vente des engins à deux roues peut aussi s’organiser. Par exemple, exiger que tout engin à deux roues vendu au Burkina, soit livré avec un casque. Et la sensibilisation permettra l’adhésion des usagers au port du casque. Des théâtres - fora et des films de sensibilisations dans les lieux publics avec des chiffres des accidents à l’appui, auront un effet dissuasif sur la population. Sinon, à rester à ne rien faire, la route continuera de nous tuer. Compte tenu de ses conséquences autres que la mort, nous n’avons aucune raison à minimiser les accidents de la circulation.