Ouagadougou - Le média burkinabè Radio Oméga a saisi le Conseil d'Etat du Burkina Faso pour contester sa suspension annoncée par le gouvernement, après l'interview d'un opposant au régime militaire au Niger, a indiqué mardi le groupe propriétaire de la radio.
Oméga Médias "a saisi le Conseil d'Etat en vue d’user de tous ses droits de recours face à cette décision inacceptable", a annoncé la direction générale du groupe dans un communiqué.
"Au regard des textes, le gouvernement n’a pas le droit de suspendre une radio. Cette prérogative relève du Conseil supérieur de la communication (CSC)", l'organe de régulation des médias au Burkina Faso, selon le groupe Oméga.
Il estime que les autorités ont "juste saisi l’occasion de cette interview pour faire taire notre radio dont le professionnalisme et la liberté de ton semblent déranger".
Jeudi, le gouvernement du Burkina Faso issu d'un coup d'Etat avait décidé de suspendre "jusqu'à nouvel ordre" Radio Oméga, l'une des plus écoutées du pays, après la difusion d'un entretien avec le porte-parole d'un mouvement récemment créé au Niger qui souhaite rétablir le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d'Etat le 26 juillet.
Ce mouvement "milite clairement pour la violence et la guerre contre le peuple souverain du Niger", avait justifié le gouvernement burkinabè.
Les autorités de transition du Burkina Faso, arrivées au pouvoir par un coup d'Etat en septembre 2022, ont très rapidement afiché leur solidarité avec les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger.
Radio Oméga a par ailleurs dénoncé mardi la convocation à la direction de la sûreté de l'Etat et l’audition du journaliste Abdoul Fhatave Tiemtoré, qui a réalisé l'interview de l'opposant au pouvoir militaire nigérien.
Vendredi, l'Organisation professionnelle des médias (OPM), association de poids dans le pays et qui représente toutes les professions du milieu de l'information, a condamné "fermement" la suspension de Radio Oméga et exigé sa "levée immédiate".
Plusieurs médias ont été suspendus au Burkina ces derniers mois, notamment les médias français LCI, RFI et France 24. Début avril, les correspondantes de Libération et du Monde ont été expulsées.