Les habitants du quartier Kalsin, dans la commune rurale de Saaba, dans les encablures de la capitale burkinabè, ont observé un mouvement d’humeur, ce mardi 08 août 2023. Ils protestent contre la levée de la suspension des activités foncières de la Société Nationale d’Aménagement de Terrains Urbains (SONATUR) dans la commune de Saaba.
« Il est porté à la connaissance de la population que toutes opérations foncières entreprises par la SONATUR, en collaboration avec la Commune de Saaba, sont suspendues jusqu’à nouvel ordre », avait informé dans le communiqué conjoint signé le 14 septembre 2021 par les ministres d’alors, Clément Sawadogo de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation et Me Bénéwendé Sankara de l’Urbanisme, de l’habitat et de la Ville. Cette décision intervenait à la suite d’une « rencontre tenue le 27 août 2021 avec les acteurs » au sortir de laquelle un audit avait été demandé par les autorités. La décision sonnait comme une lueur d’espoir pour les habitants de la zone non-lotie de Kalsin, qui ont plusieurs fois manifesté pour dénoncer « la gestion calamiteuse du foncier » dans la commune rurale de Saaba.
C’est donc avec « désolation » que ces mêmes populations ont appris la levée de l’interdiction des activités de la SONATUR, dans un communiqué conjoint daté du 02 août 2023 signé par le Ministre de l’administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Émile Zerbo et du Ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et des Affaires Foncières, Mikailou Sidibé. C’est en substance la raison de cette énième manifestation dans cette commune.
Les populations demandent la publication des résultats de l’audit
Les manifestants ont rejeté le contenu du communiqué signé recemment par les deux ministres. « Nous sommes au regret de vous faire part de notre désapprobation de la levée de la mesure de suspension des activités de la SONATUR à Saaba », a informé Daouda Maïga, porte-parole des habitants, dans une lettre transmise en main propre au Président de la délégation spéciale de Saaba.
Ces habitants ont attiré l’attention des plus hautes autorités sur les conséquences que ce communiqué pourrait engendrer dans sa mise en application. « Nous réclamons d’abord la publication des résultats définitifs des audits effectués suite à la suspension des activités de la SONATUR et leur vulgarisarisation auprès de la population avant toute opération foncière concernant notre zone. Nous exigeons également la transparence dans les opérations d’aménagement à Kalsin, tout en nous associant à toute démarche allant dans ce sens », ont-ils demandé.
« On les a devancés ici (parlant de la SONATUR, ndlr). Ce n’est pas parce qu’on a chassé les serpents et les génies et que maintenant la zone est devenue propre, qu’ils vont venir nous ramasser pour envoyer balayer une autre forêt. Nous, nos enfants n’ont pas besoin de bien vivre ? Oubien il y a un Burkinabè mieux que nous ? Sur chaque carte d’identité et jusqu’au président de la république, c’est écrit Burkinabè. Mais pourquoi des Institutions même étatiques qui devraient accompagner le gouvernement à asseoir une cohésion sociale pour que les gens vivent en harmonie, se retrouvent à diviser les gens. C’est de la frustration. Nul n’est au dessus de quelqu’un. Plus question que quelqu’un vienne nous déguerpir pour nous envoyer dans une autre forêt et morceler pour vendre aux riches », a dénoncé M. Maïga.
En outre, pour en savoir davantage, nous avons pris langue avec le PDS de la commune de Saaba. Kassoum Kaboré, rencontré à son bureau, n’a pas donné plus de détails sur cette affaire. Il a rassuré qu’une rencontre se tiendra avec les habitants de Kalsin et c’est à l’issue de cette rencontre que la décision prise sera rendue publique.
Rappelons que cette affaire a été portée devant la justice et c’est un dossier qui suit son cours. En attendant que des décisions soient prises, les habitants de Kalsin disent ne pas bouger de leur zone actuelle.
Précisons que dans le non-loti de Kalsin, c’est plus de 4 000 foyers qui ont été recensés en 2019 et qui sont concernés par ce problème de foncier.