La guérisseuse Adja Amsétou dit avoir choisi d’être placée à la MACA, en attendant son jugement, pour préserver sa vie, la sécurité des détenus de la MACO et la cohésion entre GSP et autres FDS, a appris l’AIB.
Le placement de la guérisseuse de Komsilga, Adja Amsetou, à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACA), le 28 juillet 2023 sur décision du Procureur du Faso près le TGI de Ouaga II, a été empêché par des militaires pour des raisons sécuritaires.
Le 4 août 2023, le Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou informait qu’à sa demande, la prévenue va être finalement incarcérée à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) ; une décision qui a suscité l’incompréhension d’une partie de l’opinion.
Cependant, des sources contactées par l’AIB, ont affirmé que la mesure est parfaitement légale.
Elles se fondent sur des requêtes motivées, adressées par la prévenue et ses avocats au Procureur du Faso près le TGI de Ouaga II et au ministre d’Etat en charge de la Défense.
Ainsi Larissa Nikiema dit Adja Amsétou a notamment sollicité l’application de l'article 1er du décret n°2009-613/PRES/PM/DEF du 12 août 2009 ; portant organisation, régime et règlementation des établissements pénitentiaires militaires combiné à l'article 43 de la loi n°010-2017/AN portant régime pénitentiaire au Burkina Faso.
L'article 1er du décret 2009-613 stipule que «l'établissement pénitentiaire militaire est destiné à accueillir l'ensemble des détenus militaires et à titre exceptionnel, des détenus non militaires sur autorisation expresse du Ministre de la Défense».
«Si l'établissement pénitentiaire du siège de la juridiction n'offre pas de locaux appropriés, une capacité d'accueil ou des garanties de sécurité suffisantes, les prévenus, les inculpés et les accusés sont incarcérés à l'établissement pénitentiaire convenable le plus proche», précise l’article 43 de la loi n°010-2017/AN.
Pour justifier cette demande, Adja Amsetou et ses avocats ont fait valoir trois arguments.
Premièrement, Mme Nikiema dit croire au professionnalisme des Gardes de sécurité pénitentiaires (GSP), mais dit craindre légitimement d'être victime de représailles pour des faits dont elle n'est pas auteur.
Elle fait allusion au «clash» qui a opposé des GSP à d’autres FDS, lors de son non-transfert à la MACO.
Deuxièmement, soupçonnant que la tension soit restée vive entre la GSP et les FDS, elle dit redouter d’autres troubles qui pourraient survenir pendant sa détention à la MACO et qui pourraient lui coûter la vie.
Troisièmement, selon Adja Amsétou, sa détention à la MACO présente des risques d'insécurité pour les autres détenus y incarcérés.
Convaincu par les raisons juridiques et les arguments avancées, le ministre d’Etat chargé de la Défense, le Colonel-major Kassoum Coulibaly, a autorisé expressément et à titre exceptionnel, le transfert de Adja à la MACA, en attentant son jugement.
En rappel, la justice souhaite entendre la célèbre guérisseuse de 21 ans, drainant des milliers de personnes à la périphérie Sud de Ouagadougou (Komsilga), suite à des bastonnades infligées par des éléments de sa sécurité, à un quinquagénaire qui ne jouirait pas de toutes ses facultés mentales.