Le samedi 29 juillet 2023 a lieu à Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord, la journée du vivre ensemble. Cette journée a été organisée par l’association Paspaongo des opérateurs économiques de la région du Centre-Nord, avec l’appui de l’ensemble des fils et filles de la région issus de toutes les colorations ethniques et religieuses. L’objectif était de s’appuyer sur les sillons tracés depuis l’affaire de Yirgou en termes de résolution des conflits. Sa Majesté le Dima Sigri de Boussouma, Son Éminence le Cardinal Philippe Ouédraogo, El Hadj Rasmané Sana de la communauté musulmane et le Pasteur Théodore Sawadogo de la communauté protestante ont été les parrains de cette cérémonie.
Les populations burkinabè veulent user de tous les moyens et stratégies nécessaires pour mettre fin à la crise sécuritaire qui perdure dans le pays depuis plus de 8 ans. Au Centre-Nord, une cérémonie a été organisée, avec toutes les communautés ethniques et religieuses, en vue de donner une chance à la paix. A cette cérémonie, les organisateurs, mettant en avant la paix et le pardon, ont invité les fils du Burkina Faso qui ont pris les armes contre leurs frères à penser famille et nation.
Le Burkina Faso, faut-il le rappeler, est plongé dans une crise sécuritaire depuis près d’une décennie. Au début de la crise dans le Centre Nord, suite aux événements de Yirgou, un important travail de médiation et de cohésion sociale avait été effectué par les leaders coutumiers et religieux avec à leur tête, le Dima de Boussouma, le Cardinal Philippe Ouédraogo, l’ancien président de la communauté musulmane El Hadj Abdoul Rasmané Sana. A cette occasion, la cellule de médiation, de concert avec les différentes parties prenantes, comme moyen de réconcilier les communautés, est arrivée à la conclusion que « les Peulhs vont construire les maisons des Mossé et vice-versa, et tout cela sera sanctionné par une réconciliation véritable ».
Consciente de la gravité et de la dégradation continue de la situation sécuritaire et socio-humaine, l’association Paspaongo des opérateurs économiques de la région du Centre-Nord a décidé d’apporter sa contribution financière et matérielle aux populations affligées. C’est ainsi qu’une mobilisation générale des fils et filles de toutes les communautés sociolinguistiques du Centre-Nord (Mossé-Nakomsé, Mossé-Niognonsé, Mossé-Yarcé, Mossé-Forgeron, Peulh, Bangresé, Setbas, Fulsé, Marsé, Gourmancé et toutes autres communautés sans exclusion) ont mené des réflexions, proposé des solutions et veillé à leur mise en œuvre.
Dans cette perspective, il est apparu nécessaire de fédérer les énergies pour l’organisation d’une journée sous l’égide de Sa Majesté le Naaba Sigri, Dima du Boussouma ; de Son Éminence Philippe Cardinal Ouédraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou ; de El Adj Abdoul Rasmané Sana, Président de l’association Paspaongo des opérateurs économiques du Centre-Nord et Président d’honneur de la communauté musulmane du Burkina ; du Pasteur Théodore Sawadogo, Président régional des Églises des Assemblées de Dieu du Centre Nord. C’est un Forum Régional du « Vivre Ensemble » encore appelé journée de « Vaincre le terrorisme dans le Centre-Nord par le recours à nos valeurs traditionnelles, religieuses et communautaires ».
A cette journée, toutes les communautés qui composent le Centre-Nord ont juré et fait des invocations, selon la tradition de chacune d’elle, pour demander à Dieu et aux mânes des ancêtres, d’épargner la région et le Burkina Faso de toute effusion de sang, surtout, du terrorisme sous toutes ses formes. Mossé, Nakomsé, Gourmancé, Peulh, Fulsé, etc., en somme, toutes les communautés dans leurs pratiques religieuse et ethnique ont fait des rituels et prières pour condamner toute personne impliquée dans les actes de terrorisme. Des prières de tous les bords religieux, des rituels des Tendsoabas, des forgerons, des peulhs, les Niognonsés, etc., ont été réalisés pour demander le retour de la paix au Burkina Faso.
Les garants des traditions de chaque communauté y étaient pour montrer le degré de la gravité de la situation et le malheur qui attend toute personne qui s’impliquera d’une manière directe ou indirecte dans cette histoire de terrorisme. La présence des membres du gouvernement et de leur représentation avec à leur tête le gouverneur, a été constatée.
En dehors des rituels et prières effectués, des dons ont été également faits en faveur des personnes déplacées internes des trois provinces de la région que sont le Bam, le Namentenga et le Sanmatenga. C’est environ 70 tonnes de vivres qui ont été partagées pour les trois provinces. Outre ces vivres distribués, les organisateurs ont fait encore un sacrifice pour soutenir l’effort de paix. Une enveloppe de plus de douze millions a été donnée à cet effet dont une grande partie ira au trésor public et une autre partie sera directement utilisée pour soutenir les Personnes déplacées internes (PDI).