Au moins dix civils ont été tués dans deux attaques distinctes menées lundi par des jihadistes
présumés, contre deux localités de l'ouest du Burkina Faso, ont indiqué mardi à l'AFP des
sources sécuritaire et locales.
"Hier (lundi) aux environs de 22h (locales et GMT), des individus armés ont tiré des obus sur
Nouna", chef-lieu de la province de la Kossi, dans la région de la Boucle du Mouhoun, ont
indiqué des habitants de la ville, joints par l'AFP.
"On enregistre malheureusement des victimes au secteur 1 (de Nouna). Le bilan fait état de
six morts et quatre blessés", a précisé l'un d'eux.
La ville de Nouna sert ces derniers mois de refuge à des milliers de déplacés chassés par les
attaques jihadistes récurrentes dans la région.
"On a entendu plusieurs détonations dans la nuit. Chacun est resté enfermé chez lui. Mais ce
matin on a découvert des obus dans l'un des quartiers et des murs perforés avec des traces
d'impact", a expliqué l'un des habitants.
Une source sécuritaire, jointe par l'AFP, a confirmé l'attaque, expliquant que "des fragments
de roquettes ont été retrouvés sur zone".
Le même soir, à 400 km plus au sud, la localité de Tondoura (sud-ouest), près de la frontière
ivoirienne, a également été la cible d'une attaque par des individus armés, a indiqué à l'AFP
un responsable local sous le couvert de l'anonymat.
"C'est aux environs de 18h00 (locales et GMT) que ces terroristes ont attaqué le village.
Quelques villageois, armés de fusils, ont tenté de s'interposer mais ont été vite débordés. On
enregistre au moins quatre morts, des blessés et divers dégâts matériels", a-t-il précisé.
- "Impérialistes" -
Confirmant l'attaque, plusieurs ressortissants et habitants ont indiqué que depuis plus d'un
mois, les populations fuient les petites localités vers les principales villes voisines de
Niangoloko et Banfora, par crainte des attaques de terroristes qui se multiplient aussi dans
cette zone.
Mardi, le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir en septembre
2022 par un putsch, a reconnu "des attaques de plus en plus récurrentes contre les civils",
estimant que les jihadistes faisaient preuve de "lâcheté".
Lors d'un discours devant des représentantes d'associations de femmes de toutes les régions
du pays, il s'en est également pris aux "impérialistes" qui "ont imposé cette guerre", selon lui,
critiquant notamment le Programme d'ajustement structurel du Fonds monétaire
international (FMI) mis en place dans les années 90.
"C'était une manière d'affaiblir nos armées. Ils ont bien réussi", a-t-il dénoncé.
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes qui
s'intensifient.
Les violences ont fait depuis huit ans plus de 16.000 morts, civils et militaires, selon des ONG,
et plus de deux millions de déplacés internes.
Depuis leur arrivée au pouvoir, le capitaine Traoré et son gouvernement ont manifesté leur
volonté de diversifier leurs partenariats en matière de lutte contre le jihadisme, en particulier
avec la Russie. Ils ont demandé mi-janvier le départ des troupes françaises au nom de "la
souveraineté".
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