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Bagrépôle : Mévente des céréales,  les producteurs semenciers abandonnés crient au secours

Publié le jeudi 29 juin 2023  |  Libre Info
Les
© Autre presse par DR
Les céréales
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Les producteurs semenciers du pôle de croissance de Bagré (Bagrépôle) connaissent un sérieux problème d’écoulement de leurs semences certifiées. Des centaines de tonnes de semences sont stockées en attente d’acheteurs qui se font rares. Libreinfo.net a rencontré quelques producteurs semenciers qui parlent de leurs difficultés et interpellent l’autorité.

Il est environ 8h au village 12 (V12) du pôle de croissance de Bagré (Bagrépôle), situé dans la province de Boulgou, région du Centre-Est. Bagrépôle est une vaste zone agricole aménagée depuis 2012 par l’Etat burkinabè pour améliorer le développement économique de la localité. Plusieurs milliers d’hectares y sont aménagés. Là, on y trouve plusieurs spéculations dont principalement le riz.

À près de 10 km de ces champs verdâtres, il y a deux magasins de stockage de céréales de couleur rouge et blanche. Ce sont des bâtiments de Mahama Baguian, un producteur semencier bien connu de Bagré. Habillé en boubou bleu avec un bonnet blanc sur la tête, il nous fait visiter ses magasins qui sont gardés par des habitants sur place.

« Ces magasins contiennent des productions de 2022. On a vraiment des difficultés pour l’écoulement des semences de base », indique Mahama Baguian

À l’intérieur de ce premier magasin, des sacs de 50 kg superposés les uns sur les autres. Sur ces sacs sont imprimés le drapeau du Burkina Faso et celui de l’Allemagne. Toutes les variétés de riz qu’ils contiennent sont certifiées par le Service national de semences (SNS) du ministère de l’Agriculture. Il s’agit notamment des variétés bien connues comme le KBR 8, Orylux6, FKR62N, FKR56N et TS2.

« Nous avons ici 58,8 tonnes de semences, qui ont été certifiées en février 2023. Jusque-là, on n’arrive pas à écouler. La validité de la certification est de 6 mois », s’inquiète le propriétaire des magasins, Mahama Baguian.

À côté de ce magasin se trouvent deux autres magasins contenant au total 89,5 tonnes de semences certifiées, sans compter un autre magasin où environ 100 tonnes sont stockées.

M. Mahama Baguian n’est pas le seul dans cette situation, car, d’autres personnes rencontrent la même difficulté d’écoulement de leurs semences certifiées.

Mariam Yabré, productrice semencière à Bagrépôle fait partie des producteurs qui vivent ce calvaire. Elle nous a accueilli ce 26 avril 2023 dans son champ de riz d’un hectare.

Les difficultés d’écoulement l’ont obligée à vendre une partie de ses semences aux consommateurs pour pouvoir s’acheter des intrants agricoles et payer la location de ses 3,5 hectares de parcelles aménagées.

Jusque-là, elle dispose d’un stock de 11 tonnes de semences produites l’année dernière et 7 tonnes pour la campagne écoulée non vendues. « Cela ne nous encourage pas, parce qu’il faut vendre vite pour pouvoir supporter les dépenses de la campagne suivante », déplore Mariam.

Tout comme elle, Rasmané Bantango, la soixantaine bien sonné, semble dépassé par la situation. Devant notre micro, ce vieillard à la barbe et aux cheveux blancs s’interroge : « Comment on va faire ? ». Lui aussi dispose des tonnes de semences stockées depuis longtemps.

Les probables raisons de ces méventes
Selon Issaka Sango, président de l’Union régionale des producteurs semenciers, les semences certifiées produites sont habituellement revendues en grande partie à la société Neema Agricole du Faso (NAFASO), spécialisée dans la production et commercialisation des semences au Burkina et dans la sous région.

« Mais la pandémie à Covid 19 avait conduit à la suspension de l’exportation des semences. Donc Nafaso n’arrive plus à acheter en grande quantité avec les producteurs. L’Etat burkinabè achète également une petite partie de ces semences et les met à la disposition des producteurs vulnérables sous forme de subvention », explique Issaka.

Abdoulaye Sawadogo est le directeur général de la société NAFASO. N’étant pas au pays au moment du reportage, nous avons dû utiliser les moyens électroniques pour réaliser un entretien avec lui.

Il indique que la suspension a eu un impact considérable sur l’exportation des semences. « La suspension brusque a conduit nos partenaires dans des difficultés. On tente de renouer avec ces anciens partenaires, mais certains disent qu’ils ne peuvent pas compter sur nous parce qu’un jour nous allons les mettre encore dans des difficultés » explique-t-il

Par ailleurs, Abdoulaye rassure que son entreprise n’a pas de marché avec l’Etat burkinabè. Pour lui, la production semencière est une profession et ceux qui s’adonnent à ce métier doivent connaître les réalités du marché avant de produire.

« Il appartient aux producteurs professionnels de s’organiser pour mettre des boutiques dans les différentes régions pour pouvoir écouler leurs productions. Ce sont les difficultés d’écoulement des productions qui m’ont conduit à créer l’entreprise NAFASO » explique le patron de l’entreprise semencière du Burkina.

Nous avons tenté et pendant plusieurs mois de rencontrer le directeur général de Bagrépôle, Dr Donkora Kambou, mais en vain. En début mai, nous lui avons adressé une correspondance pour lui exprimer le besoin de le rencontrer sur le dossier de notre reportage. Cette demande d’audience déposée à son secrétariat est également restée sans suite.

Pendant ce temps, chaque année, les agriculteurs Bagrépôle se plaignent de l’arrivée tardive et surtout de l’insuffisance des semences subventionnées par l’Etat. Par manque de moyens, ces derniers font recours aux semences traditionnelles à faible rendement.

Ce qui explique en partie le faible taux d’adoption des semences améliorées par ces producteurs.
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