Ceci est une déclaration de « personnes ressources » sur la question de la chefferie qui fait actuellement grand bruit à Falagountou.
Depuis un certain temps, une intronisation dans le village de Falagountou défraie la chronique et menace de créer des troubles dans ledit village. Cette situation qui intervient dans un contexte d’insécurité généralisée, nécessite qu’une attention particulière y soit portée pour un retour au calme dans l’intérêt des habitants du village et de la commune dans son ensemble.
C’est pourquoi, nous, personnes ressources, membres de la famille royale, ancien maire de la commune de Falagountou, avons décidé d’apporter notre contribution pour un retour à la sérénité à travers une clarification sur les événements en cours.
Historique de la chefferie de Falagountou
Depuis sa création, le village de Falagountou a été dirigé par trois frères et leurs descendants. Le premier chef du village s’appelle Koubiya. À sa mort, il fut remplacé par son frère Yara. Oumarou Samba qui est le fils de Samba, le dernier des frères succéda à son oncle Yara suite à des querelles auxquelles le commandant colon de l’époque a mis fin en désignant Oumarou Samba comme successeur de Yara.
À la mort de Oumarou Samba, son fils Abdoulaye Oumarou lui succéda. À la mort de ce dernier en 1979, le trône resta vacant pendant plusieurs années.
Le petit frère de Abdoulaye Oumarou, Moussa Oumarou, revint s’installer à Falagountou une fois admis à la retraite. Le village se réunit alors et décida de l’introniser. C’est ainsi que MAIGA Moussa Oumarou devint le nouveau chef du village. Il régna jusqu’à sa mort en le 14 avril 2010. Après sa mort, deux candidats à sa succession se déclarèrent à savoir Djibeye Daoudou MAIGA et Boureima Issa MAIGA. En l’absence de consensus, chacun se fit introniser de son côté en 2011, créant ainsi des risques de troubles devant lesquels l’administration décida de suspendre la chefferie jusqu’à nouvel ordre.
La recherche de solutions endogènes
Conscients que la situation qui prévalait ne servait pas les intérêts de leur localité, des personnes ressources du village s’engagèrent à trouver une issue au blocage que constituait l’absence d’un chef accepté de tous. Après s’être concertés, ces personne ressources convinrent de désigner un membre de la famille royale comme porte-parole de la chefferie locale. Il aurait pour mission de représenter la chefferie de Falagountou partout où besoin serait, et viendrait rendre compte à l’ensemble du village sans exception. C’est ainsi que MAIGA Talata Yaya, lui-même membre de la famille royale, a été désigné comme porte-parole de la chefferie de Falagountou. C’était au cours de l’année 2016. Tout se passait si bien que la vacance du trône ne s’était jamais fait ressentir. Toutes les questions engageant la chefferie étaient débattues et les décisions étaient prises dans la plus large concertation. La collaboration avec l’administration et les différents partenaires comme IAMGOLD ESSAKANE SA, se déroulaient très bien. La question de la chefferie semblait oubliée et la bonne entente et la sérénité régnaient dans le village. Mais vraisemblablement, cela n’était pas du goût de tous.
Le retour des troubles
Tout a commencé quand Saidou MAIGA, alors maire de la commune de Falagountou, décida unilatéralement de remplacer le porte-parole de la chefferie, désigné par tous, sans recourir à la concertation habituelle. En lieu et place de MAIGA Talata Yaya choisi consensuellement, le maire désigna MAIGA Moctar Daoudou qui, désormais ne rendait compte qu’au maire. Tout se passait comme si le maire, MAIGA Saidou, ne voulait travailler qu’avec des hommes qu’il contrôlait et prêts à répondre à toutes ses injonctions. En effet, avant le cas du porte-parole de la chefferie, il y a eu le cas du président du Comité villageois de développement (CVD). Ce dernier aussi avait été désigné consensuellement pour occuper ce poste. C’était après l’élection de leur nouveau maire. Les chefs de quartier du village s’étaient réunis et avaient décidé de porter à la tête du CVD MAIGA Abdouramane Abdoulaye, ancien maire de Falagountou, arguant que le nouveau maire n’était pas bien connu d’eux. Cette désignation était censée palier à cela, vu que, de l’avis des participants à la concertation, l’ancien maire a été un artisan de l’élection de Saidou MAIGA à la mairie de Falagountou. C’est ainsi donc que MAIGA Abdouramane Abdoulaye a été désigné par consensus président du CVD de Falagountou. Mais sous le prétexte qu’il aurait détourné des fonds, il sera déchu de ses postes de président du CVD et du comité de jumelage.
Les conséquences
Cette nouvelle situation a eu pour conséquence la crispation des positions et le réveil des démons. Les efforts qui avaient permis de ramener la quiétude dans le village avaient été réduits à néant. Les camps s’étaient reconstitués et les forts du moment menaient la vie difficile à tous ceux qui s’opposaient à eux. Désormais, le maire Saidou MAIGA ne travaillait plus qu’avec des personnes qui ne rendaient compte qu’à lui. De nombreux dossiers sensibles étaient gérés dans la plus grande opacité, comme les dossiers de compensation de la famille royale par la société IAMGOLD ESSAKANE -SA… Les dossiers étaient gérés de manière clanique et de nombreuses injustices et malversations ont été commises pendant cette période. D’ailleurs, des démarches ont été entreprises par des ressortissants du village auprès de l’ACE-LC pour demander un audit de la gestion de la mairie afin de dissiper les doutes et les suspicions.
Le réveil de ces antagonismes oubliés a installé un climat de méfiance savamment entretenu par le maire et son entourage qui en ont profité pour étoffer les rangs de leurs partisans en utilisant tous les moyens de pression à leur disposition. Menaces, spoliations, racket, procès…, tout était bon pour rallier, écarter ou faire peur à tous ceux qui avaient le courage de s’opposer à cette manière de gérer les personnes et les biens de la commune.
L’avènement du MPSR sera vécue comme une délivrance dans le village de Falagountou. Les tensions qui avaient été exacerbées sont retombées. Le village a recouvré sa sérénité, même si le souvenir des tensions était encore très présent.
C’est dans ce contexte que, courant 2022, une délégation des cousins des princes de Falagountou effectua un voyage de médiation entre les membres des deux camps résidant à Ouagadougou. La médiation eut le succès attendu car les deux camps acceptèrent le pardon sollicité. Il fut toutefois convenu de ne pas évoquer le sujet de la chefferie afin d’éviter un retour des tensions. Vu le contexte sécuritaire, tous s’accordèrent à dire que le moment n’était pas opportun pour évoquer un tel sujet. On s’accorda aussi que le moment venu, la question de la chefferie devrait être résolue dans la plus grande transparence avec l’implication de tous, afin de toujours préserver l’entente si chèrement obtenue. Le sujet fut donc écarté de l’ordre du jour de la réunion qui se poursuivit dans une ambiance familiale paisible.
Malgré le contexte difficile de l’insécurité ambiante, les populations du village de Falagountou avaient retrouvé assez de quiétude pour faire bloc face aux terroristes qui menaçaient de déplacer le village. C’est à ce moment que des rumeurs nous sont parvenues à propos d’un projet d’intronisation d’un des deux prétendant à la chefferie, vivant sous le toit de Saidou MAIGA. Renseignements pris, il s’est avéré que ce projet a été élaboré à l’instigation de l’ancien maire, Saidou MAIGA et ses acolytes. Des démarches ont été entreprises dans le plus grand secret pour faire voyager leur candidat par voie aérienne par l’entremise de IAMGOLD ESSAKANE-SA mais en cachant le but de ce voyage. Pire, certains des initiateurs de la méditation ayant permis d’apaiser les tensions ont été totalement tenus à l’écart du projet. Tout s’est encore déroulé entre les membres du même camp au détriment de la cohésion tant chantée et recherchée. Dans un message vocal lancé sur les réseaux sociaux, Saidou MAIGA affirmera que l’intronisation qui a été faite est définitive et irréversible car, connue des autorités du niveau local au plus haut niveau.
Hypothèses d’explication
Au vu de la récurrence des troubles dans le village au cours de la dernière décennie, il importe de s’y pencher afin d’en avoir une claire compréhension et d’en tirer les conséquences. Les faits suivants nous ont permis de nous faire une opinion à ce sujet :
1° Le problème de la chefferie existe depuis la mort du dernier chef en 2010. Le village avait toutefois trouvé une solution afin de maintenir la cohésion au sein du village à travers la désignation d’un porte-parole de la chefferie. Ce compromis a pris fin sur décision unilatérale de MAIGA Saidou.
2° Lors de la rencontre de médiation initiée par les cousins des princes de Falagountou, il a été convenu que la question de la chefferie ne ferait pas partie de l’ordre du jour. Mais que, lorsque les parties se seront entendues pour désigner un chef, une rencontre sera convoquée pour statuer et organiser l’installation du nouveau chef.
Malheureusement, sans attendre le consensus, le camp de Saidou MAIGA a organisé une seconde intronisation du même candidat qui est à sa deuxième intronisation après la première tentative de 2011.
Solutions préconisées
Au vu des récents événements, il est impérieux que les fils de Falagountou se donnent la main pour le retour de la sérénité dans le village. Puisqu’au stade actuel, aucun des prétendants à la chefferie ne veut céder à l’autre, un passage en force de l’une ou l’autre partie est de nature à perpétuer les querelles internes à la famille royale. Afin de palier à cela, nous, personnes ressources, membres de la famille royale, ancien maire de la commune de Falagountou, suggérons de garder le statu quo jusqu’à ce qu’un consensus se dégage.
Nous invitons par la même occasion les autorités à accompagner le village de Falagountou dans la résolution de cette crise et les assurons de notre disponibilité à œuvrer au retour de la sérénité dans notre village.